COELiNA ou l'Enfant du mystère de René Charles Guilbert de Pixerécourt (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 25/10/2018
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COELiNA ou l'Enfant du mystère.
Mélodrame en trois actes et en prose de René Charles Guilbert de Pixerécourt (1773-1844), créé à Paris au théâtre de l'Ambigu-Comique le 2 septembre 1800, et publié à Paris chez Jean-Noël Barba la même année.
Nobliau de province émigré à Coblence puis venu clandestinement à Paris où, en pleine Révolution, il enlumine des éventails et écrit des pièces de théâtre, Pixerécourt mène une vie aussi aventureuse que celle de ses héros avant de devenir, sous le Consulat et jusqu'à la fin de l'Empire, le « Corneille des Boulevards » qui régna alors presque sans partage sur les théâtres populaires. Au départ de cette fortune, Cœlina, qui connut un retentissement exceptionnel non seulement à Paris (selon Pixerécourt, 387 représentations) mais aussi en province (1089 représentations) et surtout à l'étranger, en particulier en Angleterre où, dans une adaptation de Thomas Holcroft, elle fut jouée avec grand succès à Covent Garden en 1802.
La pièce, effectivement, semblait annoncer ce que Paul Lacroix, « le Bibliophile Jacob », appellera la « renaissance du théâtre, après la barbarie dramatique de la période révolutionnaire » ; elle tempérait en tout cas les outrances du roman de Ducray-Duminil dont elle s'inspirait et faisait succéder aux « productions gigantesques et monstrueuses » (Lepan, Courrier des spectacles) à la mode sous le Directoire et dans lesquelles on trouvait diables et fantômes, une intrigue compliquée mais de bon sens qui proposait à un nouveau public qui « ne savait pas lire » (Pixerécourt) les magies conjuguées de l'illusion et du pathétique dans un spectacle visuel à vocation civique et morale. Sous le terme de « mélodrame », mis à la mode par le monologue lyrique de J.-J. Rousseau, Pygmalion, et repris à l'époque révolutionnaire pour ses promesses de spectaculaire, Coelina définissait les canons d'un genre qui, selon Nodier, était le « tableau véritable du monde que la société nous a fait et la seule tragédie populaire qui convienne à notre époque ».
L'honnête Dufour a recueilli chez lui sa nièce Coelina dont il administre les biens avec une si scrupuleuse honnêteté quïl hésite à donner en manage à son fils Stéphany, qui l'aime et en est aimé, cette jeune fille bien dotée. Dufour a aussi offert l’hospitalité à un pauvre hère, Francisque Humbert, rendu muet à la suite d’une sauvage agression. On se prépare encore à accueillir dans cette maison Truguelin, oncle de Coelina, qui aussitôt arrivé demande pour son fils la jeune fille en mariage. Dufour, favorable à ce projet, réserve tout de même sa réponse pour s’enquérir de l'avis de Coelina. Humbert, sur ces entrefaites, a reconnu dans Truguelin et son valet Germain ses agresseurs. Truguelin, se sentant démasqué, complote avec Germain la disparition d’Hum-bert, mais Coelina surprend leur conversation et fait échouer leur tentative d’assassinat. Devant Dufour accouru au bruit, Truguelin cherche à donner le change, mais dévoilé par Coelina, il finit par s'enfuir en proférant des menaces. Dufour consent alors à unir Stéphany à Coelina (Acte I).
«
agression.
On se prépare encore à accueillir dans cette maison Truguelin, oncle de Coelina, qui
aussitôt arrivé demande pour son fils la jeune fille en mariage.
Dufour, favorable à ce projet, réserve tout de même sa réponse pour s'enquérir de J'avis de Coelina.
Humbert, sur ces entrefaites, a
reconnu dans T ruguelin et son valet Germain ses agresseurs.
T ruguelin, se sentant démasqué,
complote avec Germain la disparition d'Hum
bert, mais Coelina surprend leur conversation et
fait échouer leur tentative d'assassinat.
Devant Dufour accouru au bruit, Truguelin cherche
à donner le change, mais dévoilé par Coelina, il finit par s'enfuir en proférant des menaces.
Dufour consent alors à unir Stéphany à Coelina
(Acte 1).
Au milieu de la fête du mariage préparée et animée par le niais Faribole, surgit Germain qui
remet à Dufour une lettre lui apprenant que
Coelina est« l'enfant du crime et de l'adultère» et que son père n'est autre qu'Humbert.
Coelina se jette alors dans les bras de celui-ci, mais tous
deux, à cause du scandale et de la morale, malgré
l'indignation de la servante lïennette, sont hon
teusement chassés par Dufour.
Stéphany veut
alors suivre Coelina ; seule la menace de la malé
diction paternelle l'en empêche.
À ce moment, un vieux docteur, Auberson, dénonce les menées de Truguelin, éveillant ainsi les premiers
remords de Dufour (Acte JI).
T ruguelin, traqué, arrive, sans être reconnu par les « archers» qui ont déjà arrêté Germain, chez Je fermier Michaud dont l'habitation côtoie un torrent vertigineux.
Le suivent de près Coelina et Humbert.
Habilement, ce dernier fait tomber dans un piège Je traître qui ne se rend pas sans combattre, mais finit par se faire mettre la main au collet par les « archers» au moment où sur
gissent inquiets, Dufour et Stéphany.
L'explica
tion finale donnera la clé du mystère : Jsoline,
sœur de Truguelin, était liée par un mariage
secret à Humbert ; profitant d'une absence de ce
dernier, Truguelin avait obligé Jsoline, déjà
enceinte, à se marier avec le frère de Dufour, qui
considérant Coelina comme sa fille, en avait fait son héritière.
Puis le misérable avait entrepris de se débarrasser du muet et de s'approprier la jeune fille et l'argent.
La pièce se termine dans
une fête du bonheur retrouvé qui culminera dans un ballet et un dernier vaudeville chanté par Je
fermier Michaud.
«Zig Zag Don Don 1 Rien n'échauff la cadence 1 Comme un'bonne
action
» (Acte Ill).
Après plusieurs tâtonnements : Vic
tor ou l'Enfant de la forêt (1798), Rosa
ou l'Hennitage du torrent (1800), Pixe
récourt, avec Coelina, semble mettre
pour la première fois
en relation dans
le même ensemble une série d'élé
ments hétéroclites déjà utilisés chez
les dramaturges
du xvme siècle, par
les théâtres de la Foire, sur les scènes
révolutionnaires.
L'équilibre ainsi
trouvé fonde
« les règles de ce genre
qu'on essaierait en vain aujourd'hui
d'exclure de nos habitudes
théâtrales»
(P.
Lacroix).
Le mélodrame « classique » se bâtit
ainsi en trois actes autour de l'axe thé
matique central de la persécution.
Dans le cours du récit (l'intrigue garde
souvent la texture
du roman dont elle
est tirée), intervient le thème adjuvant
de la reconnaissance qui permet à
l'héroïne de retrouver au
bout de ses
épreuves son statut social,
ses richesses
et son identité.
La typologie des per
sonnages s'organise selon
un mani
chéisme rigoureux :
un traître (éiidé ou non d'un ou de plusieurs deuxièmes
couteaux) sur lequel à la dernière scène
du dernier acte tombera la vindicte de
la
Providence ou la poigne de la maré
chaussée,
un ou plusieurs pères nobles
ou« anges tutélaires>>, un naïf dont les
lazzi serviront de contrepoint aux
moments les plus pathétiques de la
persécution, rendus plus vibrants
encore par la présence à côté de
l'héroïne d'infirmes
et d'enfants.
Dans
des décors réalistes et spectaculaires à
forte charge symbolique
prennent
place, avec des jeux de scène minutieu
sement réglés,
une pantomime très
subtile, des ballets et
un accompagne
ment musical riche et varié (chaque
théâtre avait son orchestre).
Le mora
lisme qui chapeaute le tout, même s'il
s'exprime parfois en refrains de vaude
ville,
ne peut être autre que rigoriste et
conservateur à une époque, comme le
précise Nodier, où
«le peuple ne pou-.
»
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