Cligès de Chrétien de Troyes (résumé & analyse)
Publié le 19/11/2018
Extrait du document
Cligès
Enide est une femme de rêve, par sa soumission et par sa tendresse; Fenice, l'héroïne de Cligès, est beaucoup plus volontaire et virile. C’est elle qui tire les ficelles de ce roman qu’on date de 1175 environ et qui participe à la fois du roman breton et du roman « byzantin », bâtard du roman antique, très en faveur à l’époque (Ippomedon et Protheselaus d’Hue de Rotelande).
Synopsis. — Le prince Cligès est l'héritier de l'empire d'Orient. Il est venu apprendre la chevalerie à la cour d'Arthur. Il a accepté que son oncle, Alexis ou Alis, accède au trône, sous la réserve qu'il ne se marie pas et lui réserve sa succession. Or Alis épouse Fenice, qui ne l’aime pas : Fenice et Cligès sont épris l'un de l'autre, et la jeune femme, grâce à sa servante Thessala, administre à son mari un philtre qui lui fait croire qu'il possède son épouse. Fenice accepte à son tour de boire un autre philtre qui lui donne l'apparence de la mort : elle est enterrée dans un tombeau aménagé, où elle retrouve son amant. Puis les deux jeunes cens se retrouvent dans une tour merveilleuse, et enfin dans un magnifique verger, où un intrus les surprend. Obligés de fuir, ils ne tardent pas à apprendre qu'Alis est mort de fureur. Ils sont solennellement couronnés à Constantinople. Les empereurs de Byzance, par la suite, inventeront la pratique du gynécée pour s'éviter la mésaventure d'Alis. Telle est, trop schématiquement résumée, l'intrigue de ce singulier roman.
«
d'Arthur.
Il a accep té que son oncle.
Alexis ou Alis.
accède
au trône.
sous la réserve qu'il ne se marie pas et lui réserve
s a succession.
Or Alis épouse Fenice.
qui ne l'aime pas :
Fenice et Cligès sont épris l'un de l'autre.
et la jeune
femme.
grâce à sa servante Thessala.
administre à son
mari un philtre qu i lui fait croire qu'if possède son épouse.
Fenice accepte à son tour de boire un aut re ph iltre qui lui
donne l'apparence de la mort : elle est enterrée dans un
tombeau aménagé.
où elle retrouve son amant.
Puis les
d eux jeunes gens se retrouvent dans une tou r merveilleuse.
et enfin dans un mag nifiq ue verger.
où un intrus les sur
prend .
Obligés de fuir.
ils ne tardent pas à apprendre
qu'Aiis est m•)rt de fureur.
Ils sont solennellement couron
nés à Constantinople.
Les empereurs de Byzance.
par la
suite, inventeront la pratique du gynécée pour s'éviter la
mésaventure d'Aiis.
Telle est, trop schématiquement résu
mée, l'intrig ue de ce sing ulier ro m an.
Le prologue énumère les œuvres antérieures de Chré
tien et insiste sur la translatio studii, sur la transmission
de la supériorité culturelle des Grecs aux Romains et des
Romains aux Francs : profession de foi nationaliste qui
plaide pour la dignité des lettres romanes.
Le poète mon
tre d'autre part, à travers les faits, la supériorité de l'Oc
cident sur l'Orient, où règnent la fourberie, la déloyauté
et le mépris de la femme.
Et pourtant, tout un héritage
humaniste s'y fait jour (par ex., le nom de Thessala est
celui de mainte sorcière chez les poètes latins et rappelle
que la Thessalie était le pays de la magie noire).
Cligès
est en outre, cc•mme Érec, empli de réminiscences mythi
ques : Fenice morte et ressuscitée est l'avatar féminin du
Phénix, de l'oiseau qui meurt et renaît dans le feu, et les
tortures que subit le corps inerte de l'héroïne livrée à des
médecins pour qu'ils vérifient que son décès n'est pas
feint évoquent en effet les tourments du bûcher.
On a dit
par ailleurs que l'œuvre s'inspirait d'une actualité
récente (projets de mariage entre la fille de Manuel
Comnène et le fils de Frédéric Barberousse ...
).
Toutes
ces approches du texte sont licites et pertinentes, mais
on retiendra surtout de Cligès qu'une fois de plus, c'est
le roman d'une nouvelle érotique.
Fenice refuse le par
tage auquel consent Iseut : d'où 1' artifice du philtre, qui
n'est plus un philtre d'amour, comme dans le Tristan,
mais un philtre d'illusion, comme dans le roman iranien
de Wîs et Ra1•1in, où la princesse Wîs agit avec le roi
Maubad comme Fenice avec Alis.
La coïncidence est
d'autant plus troublante que l'auteur de Wîs et Ramin, le
poète Gurgaran, s'inspire de très vieux récits que Chré
tien a peut-êtr•! connus.
Wîs et Ramin nous ramène aux Tristan, dont cette
œuvre est l'homologue iranien.
Comme les Tristan, Cli
gès s'ouvre sur les amours entre le père et la mère du
héros; et, comme dans les Tristan, le problème majeur
que pose l'intrigue est peut-être celui du conflit entre
l'amour et la société.
Cligès accumule les enfermements
(dans le tombeau, dans la tour, dans le verger).
Les
amants y souffrent moins de claustrophobie que d'une
sorte de frustration.
Comme Mabonagrain et son amie
dans le jardin merveilleux, ils souffrent de ne pouvoir
satisfaire leur vocation sociale.
L'île déserte où se
cultive l'égoïsme à deux n'est pas, au xne siècle, un
espace de bonheur absolu.
La chevalerie est appelée à un
autre idéal :c'est ce que démontre à sa manière le Cheva
lier au lion.
BLBLIOGRAPHŒ M.A.
Freeman, « Chrétien's Cligès.
A close Rea din g of the
Prologue », in Romanic Review, 67, 1976, pp.
89-101..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- CLIGÈS de Chrétien de Troyes (résumé & analyse)
- Guillaume d'Angleterre de Chrétien de Troyes (résumé & analyse)
- CONTE DU GRAAL (Le) Chrétien de Troyes (résumé & analyse)
- Conte du Graal (le) ou Perceval. Roman de Chrétien de Troyes (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- ÉREC ET ÉNIDE Chrétien de Troyes (résumé & analyse)