CLÉOPÂTRE CAPTIVE d’Étienne Jodelle (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

« cependant fait ses preuves en matière de théâ tre dans le r egistre comique avec l'Eu gène, donn é quelques mois plus tôt.

Cepe ndant , c'es t avec la Cléo­ pâtr e captive qu 'il co nnaît le succès : en son honneur, Ronsard imagina de célé­ brer la « pompe du Bouc», apr ès que la pièce fut repr ése ntée dans le mill eu humaniste du c ollège de Boncourt, ép i­ sode que le Prince des poètes tragiques év o qu e dans la Réponse aux injures (1563).

Antoine est m ort Son ombre est revenue hanter les songes de Cléopâtre, et lui annoncer qu'elle doit mourir.

L'« égyptienne Roine» avoue à ses suivantes ses craintes sur l'avenir: Octavie n n e veut -il pas faire d'elle la p ièce maîtresse de son triomp he (Acte 1) 7 Ce « venge ur de.s grands dieux o ffensés » en a décidé ainsi, mais il redoute que Cléopâtre.

abrégeant le cours de sa vie, cherche à ternir le spectade de sa glo ire (Acte Il).

Lors de l'entrevue où elle va affronter Octavien, la reine m ontre un seul souc i : ap itoyer son vain­ queu r.

lui demander grâce pour ses enfants : à cette fin, elle lui offre le trésor de ses pères.

Mais Séleuque révèle à Octavien que Cléopâtre a conservé bien d'autres richesses.

La reine mal­ mène le serviteur infidèle qui a sans doute mis fin à ses plans secrets de revanche (Acte Ill).

Tout espoir d'échapper au honteux triomphe s'est désormais évanoui.

Il ne reste qu'à mourir après avo ir honoré la dépouille d'Anto i ne (Acte IV).

Proculée annonce à Octavien, avec la mort de Cléopât re, son ultime défaite (Acte V).

On a accord é à la Cléopâtre captive le mérite d'être la première tragédie du r é pertoire français conçu e s ur le modèle antique.

Jodelle en effe t, divi se s a matière en cinq actes séparés par l'intervention du chœur, respecte les unités de te mps , de lieu et d'action, et refuse de repr ésenter sur la scè ne des évé nement s sang lant s.

Cette tragédie «ex périm e ntale,.

est aussi l'occasion pour Jodelle de s'exercer à toutes sortes de mètre s (vers de troi s, quatre, cinq, six, sept, dix et douze syllabes).

II inau ­ gure enfin l 'emp loi de l'alexandrin dans une pièce de théâtre.

Dans la Vie d 'An toi ne de Plutarque (chap.

75-86) , le dram aturge a trouvé la mati è re de sa tragédie.

Mais au lo ng de cette " élégie en quatre act es, s uivie d 'u n rédt ,.

(E.

Fague t ), qui met plu s en œuvre l es ressources du pathétique que du dramatique, Jode lle a donné au per ­ sonna ge de l'Égyptienne une grandeur et une comple xité exemplaires.

Plutar­ qu e avait vu en C léopâtre un être froid, calcu lateur et prêt à tout pour servir ses ambitions.

Si la Cléopâtre de Jodelle a la dimension d'u ne reine, soucieuse de so n trône (et la péripétie de l'acte III en fait foi), elle émeut aussi par ses plain­ t es où s'exprim e nt la for ce de la pas­ si on amo ureuse -auxiliaire ou figure du destin -et la douleur de la sép ara­ tio n.

T raditi onnelleme nt, l'action tra­ gique met en scène les tribulat ions des gr and s de ce monde aux prises ave c la capric ieuse Fo rtune.

Sur ce mod èle, Cléo pâtre cap tive ébauc he un e réfl exion politique .

C'est en effet à Henri II, vainqu eur du siège de Metz, que s'ad ress e Jod e lle dans le Prologue, l'invit ant à co ntempler • d'Octav i en aussi 1 L'orgue il, l'audace et Je journet so uci 1 De son trophée ».

Mais on sait co mment Cléopâtre gâtera un triom­ p h e espéré et l' on voit de quelle façon la Fortune se joue des situations les mie ux assur ées : Jode lle prés ente au vainq ueur le miroir où se reflète, avec la fragilité d es ch oses, l 'incertitu de de la con dition du Prince.. »