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CINNA de Corneille (résumé & analyse)

Publié le 06/11/2018

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corneille

C I N N A

(JOUÉ DANS LES DERNIERS MOIS DE 1640).

Cinna, pièce d'actualité. - Cinna c'est, comme le sous­titre de la première édition l'indiquait, \"clémence d'Auguste\". Par calcul politique disent les historiens d'aujourd'hui, par grandeur d'âme dit Corneille, Auguste pardonne à Cinna qui voulait l'assassiner, et même le comble de bienfaits. Or, avant 1640, il y avait eu et il y avait bien des complots non contre un empereur, mais contre celui qui avait la toute-puissance d'un empereur, contre Richelieu. Le frère du roi, Gaston d'Orléans, le prince de ômeCondé et sa femme, le prince de Bourbon, le duc de Vend, le prieur de Vendôme, le duc de Montmorency . et vingt autres avaient conspiré. Comme Octave, non comme Auguste, Richelieu avait sévi et condamné .. Les ducs de Guise ct d'Elbeuf étaient exilés, le fils du duc d'Epernon condamné à mort par contumace ; les maréchaux de Montmorency et de Marillac avaient été décapités ; le maréchal d'Ornano était à la Bastille. Et, à la fin de 1639, une révolte violente avait ensanglanté la Normandie. Cette révolte n'était pas la première. Déjà la misère des temps avait soulevé les meurt-de-faim à Dijon, Paris, Lyon, Bordeaux, Agen, Périgueux, etc ... Les répressions avaient été impitoyables. Le duc d'Epernon avait tué 1.200 révoltés en Angoumois. La révolte des va-nu-pieds en Normandie n'avait pas été moins tragique. Elle avait été soutenue par la mauvaise humeur des bourgeois et du Parlement qui avait à peu près laissé faire. Mais Richelieu, lui, avait agi par l'intermédiaire de Gassion et du chancelier Séguier. Quatre révoltés avaient été roués, vingt pendus, vingt-deux bannis. Les bourgeois et les parlementaires avaient été durement frappés. Rouen dû payer une amende d'un million quatre-vingt-cinq mille livres ; le conseil municipal avait été dissous ; le Parlement, la Cour des aides avaient été interdits.

Est-ce en songeant à ces actes de rigueur que Corneille a écrit \"la Clémence d'Auguste\" ? Les dates ne s'y opposent puisque la suspension du Parlement est du 2 janvier et que ne fut pas joué avant la fin de 1640. On l'a contesté cependant. Corneille, dit-on, était prudent et même timoré. Il faisait sa cour d'ailleurs à Richelieu. Il allait imprimer en tête d'Horace une dédicace fort humble au cardinal. En outre, nul des contemporains n'était disposé à s'émouvoir sur des pendaisons de va-nu-pieds. Mme de Sévigné plaisantera aimablement sur celles de Bretagne. Et ce n'est pas pour eux que Corneille pouvait braver l'inimitié du rancuneux cardinal.

Mais ce n'est pas seulement des va-nu-pieds qui avaient souffert. C'était. le Parlement et les bourgeois, et Corneille était de la bourgeoiSie et du Parlement. Il était prudent, sans doute, et la plate dédicace de Cinna qu'il allait vendre deux cents louis au financier Montoron prouve qu'il mettait parfois ses intérêts ou ses besoins au-dessus Je sa dignité. Mais vanter les bienfaits de la clémence, exalter un ''généreux\" ce n'était pas \"faire la leçon\" à Richelieu, ni même lu; donner un conseil. C'était discuter un de ces problèmes généraux de la politique, un de ces thèmes oratoires auxquels tous les élèves des collèges, tous les avocats étaient habitués. C'était seulement le proposer à la réflexion de Richelieu. C'était peut-être même (comme M. Roosbroeck l'a montré) une flatterie délicate. Dans cette \"Conspiration des Dames\" de 1626, Chalais finira par être décapité. Mais lui et ses complices avaient d'abord été pardonnés et c'est Richelieu lui-même qui se vantera dans ses Mémoires de sa clémence. Même si Corneille n'avait pas voulu le rapprochement, il ne pouvait pas empêcher qu'il fût possible et presque nécessaire pour les contemporains. En écoutant \"la Clémence d'Auguste\", ils ne pouvaient pas ne pas songer à la clémence ou à la rigueur de Richelieu. Corneille était tout autre chose qu'un génie qui plane. Il était fort ingénieux à raisonner le succès de ses tragédies comme le reste. Il y a, assurément, dans ses pièces, plus d'allusions contemporaines, plus d'actualités qu'on ne l'a cru longtemps. On trouverait dans Œdipe des vers qui ne s'expliquent que par l'exécution de Charles Ier, et M. Chartier semble bien avoir prouvé qu'il y a dans Clitandre le souvenir précis de l'affaire du maréchal de Marillac. Il est donc presque certain que Cinna est une pièce d'actualité.

corneille

« contemporains n'était disposé à s'émouvoir sur des pendaisons de va-nu-pieds.

Mme de Sévigné plaisantera aimablement sur celles de Bretagne.

Et ce n'est pas pour eux que Corneille pouvait braver l'inimitié du rancuneux cardinal.

Mais ce n'est pas seulement des va-nu-pieds qui avaient souffert.

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le Parlement et les bo!-'r geois, et Corneille était de la bourgeoiSie et du Parlement.

Il etatt prudent, sans doute, et la plate dédicace de Cinna qu'il allait vendre deux cents louis au financier Montoron prouve qu'il mettait parfois ses intérêts ou ses besoins au-dessus Je sa dignité.

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C'était discuter un de ces problèmes généraux de la politique, un de ces thèmes oratoires auxquels tous les élèves des collèges, tous les avocats étaient habitués.

C'était seulement le proposer à la réflexion de Richelieu.

C'était peut-être même (comme M.

Roosbroeck l'a montré) une flatterie délicate.

Dans cette " Conspiration des Dames » de 1626 (voir plus loin, p.

52) , Chalais finira par être décapité.

Mais lui et ses complices avaient d'abord été pardonnés et c'est Richelieu lui-même qui se van­ tera dans ses Mémoires de sa clémence .

Même si Corneille n'avait pas voulu le rapprochement, il ne pouvait pas empêcher qu'il fflt possible et presque nécessaire pour les contemporains.

En écoutant > Balzac. »

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