Chroniques italiennes de Stendhal
Publié le 06/04/2013
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Nombreux sont les ouvrages de Stendhal consacrés à l'Italie: Rome, Naples et Florence, Vie de Rossini, Promenades dans Rome, Chroniques italiennes, Histoire de la peinture en Italie. Il séjournera sept ans à Milan, sera nommé consul à Trieste puis à Civitavecchia.

«
En 1838, Stendhal,
ayant découvert un
nouveau manuscrit,
décide d'écrire une
nouvelle chronique
italienne
à partir de la
vie d'Alexandre
Farnèse, futur Paul Ill.
Peu à peu, la chronique
deviendra roman : ce
sera
La Chartreuse de
Parme.
« -Voilà le bouquet,
la lettre est cachée entre
les fleurs.
»
~----- - - EXTRAITS
Stendhal ex p l ique au lecteur d' où lui
v i
ent son in spirati o n
Je me trouvais à Mantoue il y a quelques
années,
je cherchais des ébauches et de
petits tableaux en rapport avec
ma petite
fortune, mais
je voulais les peintres anté
rieurs à l'an 1600 ; vers cette époque
acheva de mourir l'originalité italienne déjà
mise en grand péril
par la prise de Florence
en
1530.
Au lieu de tableaux, un vieux patricien fort
riche et fort avare
me fit offrir à vendre , et
très cher, de vieux manuscrits jaunis
par le
temps ;
je demandai à
les
parcourir ; il y
consentit , ajoutant
qu'il se fiait à ma
probité, pour ne pas
me souvenir des
anecdotes piquantes
que j'aurais lues, si
je n'achetais pas les
manuscrits .
Sous cette
· condition , qui me plut,
~ j'ai parcouru, au grand détriment
"' de mes yeux, trois ou quatre cents
volumes.( .
..
) Le vieux propriétaire
demandait un prix énorme de ces
maudits manuscrits .
Après bien des
pourparlers , j'achetai
fort cher le droit de
faire
copier certaines historiettes qui me
plaisaient et qui montrent les mœurs de
l'Italie vers l'an
1500 .
Dan s L'Abbesse de Castro, Jules attaque
en vai n le cou ve nt où se trou ve Hélène
Le lendemain du combat, les religieuses de
la Visitation trouvèrent avec horreur
neuf
cadavres dans leur jardin et dans le passage
qui conduisait de la porte extérieure à la
porte en barreaux de
fer ; huit de leurs bravi
(tueurs à gages) étaient blessés.
Jamais on
n 'avait eu une telle
peur au couvent : par
fois on avait bien entendu des coups d' ar
quebuse tirés sur la place, mais jamais cette
quantité de coups de feu tirés dans le jardin, au
centre
des bâtiments et sous les fenêtres
des religieuses.L'affaire avait bien duré une
heure
et demie , et, pendant ce temps , le
désordre avait été à son comble dans l'
inté
rieur du couvent.
Si Jules Branciforte avait
eu la moindre intelligence avec quelqu'une
des religieuses ou des pensionnaires,
il eût
réussi : il suffisait
qu'on lui ouvrît l'une des
nombreuses portes qui donnent sur le
jar
din; mais , transporté d'indignation et de
colère contre ce
qu'il appelait le parjure de
la jeune Hélène,Jules voulait tout emporter
de viv e force.
La vio lence à l'état brut des textes
sédui s
it l'auteur
« Monsieur le duc , dit Marcel, Votre
Excellence se rappellera qu'elle
m'a promis
la vie sauve si
je dis toute la vérité.
Il n'est
pas nécessaire de me donner la corde de
nouveau ;
je vais tout vous dire.
»
Alors il s'approcha du duc , et, d'une voix
tremblante et à peine articulée , il lui dit
qu'il
était vrai qu'il avait obtenu les faveurs de
la duchesse.
A ces paroles , le duc se jeta sur
Marcel et le mordit à la joue ; puis
il tira son
.
poignard et je vis qu'il allait en donner des
coups
au coupable.
Il dit alors qu'il était
bien que Marcel écrivît de sa main ce
qu'il
venait d'avouer, et que cette pièce servirait
à
justifier Son Excellence.
« Ses deux soldats
tombèrent, lu i eut
un e balle dans le
bras droit.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR Au xxe siècle, c'est en Amérique que
Stendhal aurait cherché l'énergie.
Les
Chroniques, c'est la série noire.» Michel
Mohrt, introduction,
Chroniques italiennes.
les autres mérites, mais il est un âge où
la vérité ne suffit pas, on ne la trouve
Stendhal écrit ici un livre d'action riche en
rebondissements :
«Dans l'ordre de la littérature populaire, les
Chroniques italiennes sont les ancêtres de
ces complaintes, et, de nos jours, des
articles publiés par les journaux qui mettent
du" sang à la une", aussi bien que des
"thrillers" (récits terrifiants de crimes) dont
l'Amérique fait une grande consommation.
L'auteur
présente ces histoires comme des
récits historiques et passe sous silence son
travail de réécriture :
«On ne trouvera pas
ici des paysages composés, mais des vues
prises d'après nature, avec l'instrument
anglais.
La vérité doit tenir lieu de tous
1 Goldn er / Sipa- lcono 2, 3, 4, 5 gravures de C.
P.
Josso, éd .
La Traditi on, Paris, 1946 / B.N.
pas assez piquante.( ...
) J'aime le style de
ces histoires,
c'est celui du peuple, il est
rempli de pléonasmes et ne laisse jamais
passer le nom
d'une chose horrible sans
nous apprendre qu'elle est horrible .
Mais
ainsi, sans le vouloir, le conteur peint son
siècle et les manières de penser à la mode.
»
Stendhal,
préface, Chroniques italiennes.
STENDHA L04.
»
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