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Chronique des Pasquier de Georges Duhamel

Publié le 20/02/2019

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Chronique des Pasquier, cycle romanesque de Georges Duhamel (1933-1945), en 10 volumes, depuis le Notaire du Havre jusqu'à la Passion de Joseph Pasquier. La peinture d'une ascension familiale à travers trois générations, dont chacun des personnages a valeur de symbole, permet de tracer un portrait social et psychologique de la France entre 1880 et 1930. L'auteur a explicitement distingué son entreprise de celles de Zola (il s'attache aux individualités et non à la généalogie) et de J. Romains (la vie unique et fragile l'emporte toujours sur l'aventure collective).


« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)CHRONIQUE DES PASQUIER de GEORGES DUHAMEL LE SUJET En dix volumes d'une unité et d'un intérêt propres, l'histoire d'une famille française au temps de laTroisième République.

Ainsi se trouve évoqué, de 1890 à 1940 environ, l'angoissant passage « de l'âge desconvictions à l'âge des ébranlements » (Joseph Majault).

Le journal, les lettres aussi, du médecin-biologiste LaurentPasquier — homme clairvoyant, loyal, sensible — restituent les événements quotidiens, rarement heureux etprometteurs, qui composèrent l'existence de ses parents, maîtres et amis.

Longue galerie de portraits, d'actionssignificatifs, tracés par les circonstances et les caractères.

Chronique familiale (cellule plus nécessaire quesatisfaisante), cette oeuvre, vivante, amicale, exacte, ne cède que peu au pessimisme.

A l'exemple du très équilibréhéros, de sa mère patiente et douce, elle se fait témoignage de courage — d'un courage plein de compréhension. L'OUVRAGE Roman cyclique (« Le Notaire du Havre » 1933, « Le Jardin des bêtes sauvages » 1934, « Vue de laTerre promise » 1934, « La Nuit de la Saint-Jean » 1935, « Le Désert de Bièvres » 1936, « Les Maîtres » 1937, «Cécile parmi nous » 1938, « Combat contre les ombres » 1939, « Suzanne et les jeunes hommes » 1941, « LaPassion de Joseph Pasquier » 1944), l'ouvrage, de structure musicale - contrepoint des mémoires et de la narration—, est de toute évidence la création centrale de Georges Duhamel.

Moins attachante peut-être que sa premièrechronique romanesque, « Vie et aventures de Salavin » (dont une seule des cinq parties, « Confession de minuit »est sortie en poche), elle semble plus diversifiée et plus maîtrisée.

Souvenirs et expériences, souplement exprimés,ont haussé des annales familiales au niveau de la peinture sociale.D'un style sobre, efficace, cet ensemble, certes plus traditionnel que rénovateur, inspire une intelligente et trèshumaine lecture.

En quatre-vingt deux ans de vie (Paris 1884 - Valmondois 1966), dont près de soixante de littéraire, G.

Duhamel abeaucoup trop écrit.

La contestation culturelle qui présidait aux essais, la nostalgie idéaliste qui nourrissait la fictionmanquaient de « tranchant ».

Une bonne volonté prudente, qu'explique en partie l'existence d'abord laborieuse,bourgeoise ensuite de l'auteur, a empreint l'oeuvre d'une certaine faiblesse.

Mais prolixe et académique, cetteoeuvre, outre ses deux grandes chroniques, possède des sommets estimables : « La Possession du monde » (1919),« Les Jumeaux de Vallangoujard » (1931), « Fables de mon jardin » (1936).

Classique, la création de G.

Duhamel estfinalement honnête. Georges Duhamel (1884-1966) fut d'abord médecin avant de se consacrer à la littérature.

Il prit part au début dusiècle, avec Charles Vildrac et Jules Romains notamment, au « groupe de l'Abbaye », expérience de viecommunautaire entre artistes dans l'abbaye de Créteil.

Cette expérience est évoquée dans Le Désert de Bièvres(1937).

Cette vaste fresque historique décrit les orientations divergentes prises par les membres d'une famille enpleine ascension sociale dans l'univers en mutation de la IIIe République. Laurent, abandonné des hommes, des dieux et des idéesAprès avoir vu l'existence de sa famille bouleversée par la perspective d'un héritage indéfiniment attendu (Le Notairedu Havre), Laurent découvre, dans la conduite même de son père, l'impureté du monde qui l'entoure (Le Jardin desbêtes sauvages).

Confident de Justin, son ami juif, il vit ses premières déceptions sentimentales (Vue de la Terrepromise) et adopte une attitude résolument humaniste face à l'existence (La Nuit de la Saint-Jean).

Maisl'expérience de vie communautaire à laquelle il participe échoue (Le Désert de Bièvres), les maîtres de la Sciencequ'il se choisit donnent libre cours à leurs passions (Les Maîtres), tandis que Cécile, sa sœur, seule restée pure àses yeux, ne trouve de consolation à la faiblesse des hommes que dans la religion (Cécile parmi nous).

Entraînécontre son gré dans les eaux troubles d'une campagne de presse (Le Combat contre les ombres), Laurent ne peutqu'assister, impuissant, à la faillite des existences de Suzanne, son autre sœur, qui, ayant fait une carrièred'actrice, découvre le vide de son existence après avoir cru aux mirages éphémères de la beauté et de la jeunesse(Suzanne et les jeunes hommes), et de son frère Joseph qui s'est « sacrifié sur l'autel de Mammon » (La Passion deJoseph Pasquier). Témoin de son tempsSe démarquant des descriptions froides des réalistes, refusant de privilégier les mouvements de l'âme au détrimentde la réalité à la manière des romantiques, l'auteur des Pasquier fonde sa synthèse des tendances de l'artromanesque du XIXe siècle sur un humanisme renouvelé.

Témoin de son temps, il nourrit son récit de sa propreexpérience plutôt que d'une documentation dont il critique l'abus chez Zola.

Sans mettre en œuvre, pour cette suiteromanesque, une technique strictement définie, il mêle les genres, fidèle à une langue sobre, classique, presquearchaïque, sertie, au détour d'une phrase, de mots rares.

La Chronique des Pasquier participe de la renaissance duroman cyclique dans la mouvance de Marcel Proust, de Romain Rolland ou de Roger Martin du Gard.. »

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