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Chrétien de Troyes : Le Chevalier de la Charrette ou Le Roman de Lancelot

Publié le 23/05/2011

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lancelot

Chrétien cultive le mystère, pour piquer la curiosité, par choix esthétique, par une nécessité due au sujet lui-même. On étudiera particulièrement :  — Les scènes qui restent inexpliquées : dans le tableau initial, qui est ce chevalier, pourquoi vient-il lancer ce défi insultant, comment expliquer l'absence de réaction de la cour, fleur de la chevalerie (Table Ronde) et notamment l'impuissance douloureuse du roi Arthur, enfin l'échec du seul chevalier courageux, Keu ?  — L'épreuve du Lit Périlleux (sa nature, la lance enflammée, son rôle dans l'économie du roman).  — Le mystère de l'identité du héros, « celui à la charrette « ; occultation de son nom véritable ; ce qu'il « voit « au cimetière ; ce qu'il fut avant (évocation allusive à la fée du Lac qui l'éleva, don d'un anneau magique, remarque sur sa parfaite éducation d'escrimeur) ; qui l'a prévenu ? depuis quand aimait-il Guenièvre ?   

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« p.

515; avant le Passage des Pierres, p.

626; avant le Pont de l'Épée dans son duel contre un chevalier qu'ildécapitera (pp.

70, 71 et 72).

On remarquera que le motif s'efface après le passage dans le Royaume de Gorre ;mais Lancelot l'évoque en aparté cherchant à comprendre la froideur de Guenièvre qui a effectivement pour raisoncette même charrette : le motif semble alors devenir un de ces secrets d'amour que partagent les deux membres ducouple.

Méléagant, avec tout le mépris dont il est capable, dédaigne cette insulte (facile ?).C'est donc un motif clef, pour dévoiler un coeur et construire une éthique.

Les éléments du mystère Chrétien cultive le mystère, pour piquer la curiosité, par choix esthétique, par une nécessité due au sujet lui-même.On étudiera particulièrement :— Les scènes qui restent inexpliquées : dans le tableau initial, qui est ce chevalier, pourquoi vient-il lancer ce défiinsultant, comment expliquer l'absence de réaction de la cour, fleur de la chevalerie (Table Ronde) et notammentl'impuissance douloureuse du roi Arthur, enfin l'échec du seul chevalier courageux, Keu ?— L'épreuve du Lit Périlleux (sa nature, la lance enflammée, son rôle dans l'économie du roman).— Le mystère de l'identité du héros, « celui à la charrette » ; occultation de son nom véritable ; ce qu'il « voit » aucimetière ; ce qu'il fut avant (évocation allusive à la fée du Lac qui l'éleva, don d'un anneau magique, remarque sursa parfaite éducation d'escrimeur) ; qui l'a prévenu ? depuis quand aimait-il Guenièvre ?— Les émissaires de l'Autre Monde : le nain ; la fée tentatrice (épreuve du Lit Partagé, sens du viol simulé, châteauvide mais tout paré, puis rempli de « valets »), la soeur de Méléagant.— Le Royaume de Gorre, autre monde (voir plus loin « étude du mythe »).— Les rumeurs révélatrices : rumeur hostile précédant et accompagnant le « charreté » ; rumeurs pleines d'espoirsur la venue du Libérateur.— Chrétien manifeste un goût marqué pour l'énigme afin de mettre en valeur un mythe retravaillé et le clair-obscurdes sentiments humains (Lancelot, Guenièvre mais aussi Méléagant). Le décor et l'aventure Deux éléments intimement liés :— La forêt, lieu des combats (Keu dans le prologue ; après les étapes nocturnes), également lieu des « traces »révélatrices (débris d'armes mais aussi clairière où trouver le peigne), lieu de la chasse et de la poursuite.— La lande, espace découvert / espace où l'on se découvre : les champions s'y rendent pour s'y confronter ; « Préaux Jeux», lande « civilisée » à la limite du verger courtois où l'on carole, lande archétypale du dernier tableau sousle sycomore datant d'Abel.— Rôle de l'eau, frontière « signe de mort », coupure entre Ici et Ailleurs ; le Gué ou la fontaine révélatrice : imagevenue des Lais féeriques, la fée à la fontaine (voir la fontaine Barenton dans Yvain, le chevalier au lion mais aussimythe lyrique de Narcisse).— Les châteaux et plus particulièrement les tours : dynamique du haut et du bas : première tour, Lancelot à lafenêtre (il manque tomber et mourir) voit passer Guenièvre ; deuxième tour, Guenièvre à la fenêtre assiste aucombat de Lancelot ; troisième tour murée où Lancelot est condamné à pire que la mort, l'oubli.— Les lits : le Lit Périlleux ; le Lit de la fée tentatrice : la tombe dont Lancelot lève la lame, dernier lit où il dormirapour toujours ; le Lit-Autel où s'unissent les amants.— Les combats : leurs ressemblances et leurs différences : étude des duels contre le chevalier du Gué que sauveune demoiselle (p.

372 sq.) ; contre des sergents (pp.

41-423) ; contre le fils du vieux Seigneur, combat avorté(pp.

51-52) ; au passage des Pierres (p.

62), combat qui, là aussi, n'a pas lieu mais pour d'autres raisons,fantastiques ; contre le chevalier « taureau » qu'une demoiselle fait tuer (p.

70 sq.); deux combats contreMéléagant (p.

894 sq.) pour libérer Guenièvre et (pp.

112-113) pour la disculper, enfin l'ultime combat entre les deuxrivaux; sans oublier le tournoi de Noauz.

Chrétien marque les différences notamment grâce à la présence / absencede la Reine et aux divers sentiments du héros (honte, rage, vengeance, plaisir de la bataille avec / sansmanifestation de sa force herculéenne...). Les épreuves du Fin Amant — La charrette (voir plus haut).— Le Lit Périlleux : ce motif a des significations multiples : révélation pour le lecteur (car le héros n'apprend rien qu'ilne sache déjà) de la prédestination de Lancelot; un lit royal (couverture d'hermine) ; Lancelot s'y rend maître du feu(la lance enflammée), enfin annonce d'un autre lit, celui de la Reine (réservé au Roi.

Lancelot y verse chaque foisson sang...).— Le Passage du Gué : eau claire / eau ténébreuse qui court sous le Pont de l'Épée.

Relie le rite du passage à celuide l'eau : chute de Lancelot qui se révèle, plus fort (Gauvain restera sous l'eau pour avoir choisi le Pont Evage).— Le thème du cheval « clairvoyant » qui guide son maître absent.

Noter tous les chevaux dont Lancelot use durantle roman, Gauvain lui donne un destrier frais, puis ce sont les chevaliers ses hôtes ; à la fin du roman la soeur deMéléagant le gratifie d'un « cheval merveilleux ».

Le cheval du Gué rappelle de loin l'animal psychopompe des mythes. »

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