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CHIMÈRES (les), de Gérard de Nerval

Publié le 20/02/2019

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nerval

CHIMÈRES (les), recueil poétique de Gérard de Nerval regroupant des textes écrits entre 1843 et 1854, date de leur publication à la fin des Filles du feu, auxquelles les rattachent la préface « À Alexandre Dumas » (« Et puisque vous avez eu l'imprudence de citer un des sonnets... Vous les trouverez à la fin du volume... ») et une parenté thématique évidente qui fait de ces douze sonnets un commentaire elliptique des nouvelles. La structure du recueil n'est pas sans importance : partant du Desdichado où s'affirme péremptoirement le sujet en quête d'une hypothétique identité ( « Suis-je Amour ou Phébus ? Lusignan ou Biron?»), l'ensemble aboutit aux Vers dorés, qui diluent l'individu dans le sein d'une Nature élevée au rang de sujet (« À la nature même un verbe est attaché... »). Parcours initiatique, en quelque sorte, qui préfigure celui d'Aurélia ; parcours démiurgique essentiellement qui, néantisant mythes et figures divines (« La déesse avait fui... », « Dieu n'est pas, Dieu n'est plus... », « Tombez fantômes blancs de votre ciel qui brûle... », etc.), fait de l'écriture — que glose la figure d'Orphée — l'acte de création d'un univers que le poète entend substituer au quotidien. De ce point de vue, les Chimères opèrent une révolution dans l'ordre du discours ; ni ludiques ni engagés, ces sonnets fondent un nouveau rapport entre narrateur et narration. Celle-ci est en effet l'aboutissement d'une expérience (le vécu) et le point de départ d'une existence (ce qu'Xurélia nommera « le Rêve » ) ; engageant physiquement Nerval, ces sonnets ne peuvent qu'aboutir à la transformation radicale de la relation entre le sujet et le monde. D'où le suicide nervalien, qui n'est qu'une réponse parmi d'autres à ce jusqu'au-boutisme littéraire auquel Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé ou Artaud — pour ne citer qu'eux — donneront leur propre (ré)solution.

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