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CHÉRI. Roman de Sidonie-Gabrielle Colette, dite Colette (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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CHÉRI. Roman de Sidonie-Gabrielle Colette, dite Colette (1873-1954), publié à Paris en feuilleton dans la Vie parisienne du 3 janvier au 5 juin 1920, et en volume chez Fayard la même année.

Conçu par Colette dès 1912, le personnage de Chéri s'inscrit tout d'abord dans un projet théâtral. Lorsque, en 1919, l'écrivain reprend Chéri, c'est pour en faire une œuvre romanesque. Le récit de Chéri n'est nullement autobiographique mais la réalité vécue est venue, après coup, donner à la fiction un accent de vérité : « Une création littéraire peut comporter une part de magie », écrit l'auteur dans la Préface de 1949. Ce n'est en effet qu'après la publication du roman que commença la liaison de Colette avec son beau-fils Bertrand de Jouvenel, âgé de dix-sept ans ; ce dernier apportera son témoignage dans la Vérité sur « Chéri » ; « C'est (...) un personnage qu'elle avait inventé. Et, plus tard, elle me dira : \"Ce que l'on écrit arrive\". » Colette composa, en 1921, une adaptation théâtrale du roman. La pièce fut créée la même année et, en 1925, la romancière reprit le rôle de Léa. La version dramatique de Chéri remporta un certain succès, mais c'est surtout le roman qui fut apprécié et valut à son auteur de nombreux hommages, notamment celui de Gide, jusque-là peu enclin à apprécier l'art de Colette. Il écrit à celle-ci, le 11 décembre 1920 : «J'ai dévoré Chéri tout d'une haleine. De quel admirable sujet vous vous êtes emparée ! et avec quelle intelligence, quelle maîtrise, quelle compréhension des secrets les moins avoués de la chair !... D'un bout à l'autre du livre, pas une faiblesse, pas une redondance, pas un lieu commun. » En 1926, Colette publia chez Flammarion une suite à son roman : la Fin de Chéri.

Chéri. 1912. Fred, dit Chéri, vingt-cinq ans, fils d’une demi-mondaine (Mme Peloux), vit depuis six ans avec une amie de sa mère, une cocotte de cinquante ans, Léa de Lonval. Ils ne savent pas qu’ils s’aiment Mme Peloux marie son fils avec la fille d’une autre professionnelle, Edmée. Une fois Chéri parti en voyage de noces, Léa s'aperçoit qu’elle souffre et va « passer son chagrin » en Provence pendant six mois. Quelque temps après son retour à Paris, Chéri cherche à revoir Léa ; ne la trouvant pas chez elle, il se fait héberger pour une nuit chez un ami, Desmond, et il y reste trois mois, cédant à sa « lâcheté ». L’annonce du retour de Léa lui donne l’énergie de retourner sous le toit conjugal. Léa croit pouvoir organiser sa solitude, mais Chéri lui revient un soir. L’amour, enfin reconnu, parié, reforme le couple. Au matin, Léa imagine d’abord leur avenir à deux, mais des propos de Chéri la font basculer dans l’évidence de sa propre vieillesse et découvrir la nécessité de leur séparation. Elle le chasse.

La Fin de Chéri. Quelques années se sont écoulées... Chéri, appelé désormais Fred, a fait la guerre et a maintenant une trentaine d’années. Il n’a pas revu Léa et partage, sans amour, la vie d’Edmée. Mme Peloux s’inquiète de l'état dépressif de son fils et lui ménage une entrevue avec Léa. La rencontre est désastreuse. Léa est devenue une vieille femme et ne souffre plus du tout d’être séparée de Chéri : elle est « finie et consolée». Il se réfugie chez une vieille camarade, la Copine. Celle-ci, qui connaît bien l’ancienne maîtresse de Chéri et l’admire, possède de nombreuses photos de Léa, prises à l'époque où elle était jeune et belle. Chéri, empli du souvenir des jours heureux passés auprès de Léa, met fin à ses jours.

« chair !...

D'un bout à l'autre du livre, pas.une faiblesse, pas une redondance, pas un lieu commun.» En 1926, Colette publia chez Flammarion une suite à son roman : la Fin de Chéri.

Chéri.

19 12.

Fred, dit Chéri, vingt -cinq ans, fils d'une demi-mondaine (Mme Peloux), vit depuis six ans avec une amie de sa mère, une cocotte de cinquante ans, Léa de Lonval.

Ils ne savent pas qu'ils s'aiment.

Mme Peloux marie son fils avec la fille d'une autre professionnelle, Edmée.

Une fois Chéri parti en voyage de noces, Léa s'aperçoit qu'elle souffre et va « passer son chagrin » en Provence pendant six mois.

Quelque temps après son retour à Paris, Chéri cherche à revoir Léa; ne la trouvant pas chez elle, il se fait héber­ ger pour une nuit chez un ami, Desmond, et il y reste trois mois, cédant à sa « lâcheté ».

L'annonce du retour de Léa lui donne l'énergie de retourner sous le toit conjugal.

Léa croit pou­ voir organiser sa solitude, mais Chéri lui revient un soir.

L'amour, enfin reconnu, parlé, reforme le couple.

Au matin, Léa Imagine d'abord leur avenir à deux.

mais des propos de Chéri la font basculer dans l'évidence de sa propre vieillesse et décou­ vrir la nécessité de leur séparation.

Elle le chasse.

La Fin de Chéri.

Quelques années se sont écoulées ...

Chéri, appelé désormais Fred, a fait la guerre et a maintenant une trentaine d'années.

Il n'a pas revu Léa et partage, sans amour, la vie d'Edmée.

Mme Peloux s'inquiète de l'état dépressif de son fils et lui ménage une entrevue avec Léa.

La rencontre est désastreuse.

Léa est devenue une vieille femme et ne souffre plus du tout d'être séparée de Chéri : elle est «finie et consolée ».

·11 se réfugie chez une vieille cama­ rade, la Copine.

Celle-ci, qui connaît bien l'ancienne maîtresse de Chéri et l'admire, pos­ sède de nombreuses photos de Léa, prises à l'époque où elle était jeune et belle.

Chéri, empli du souvenir des jours heureux passés auprès de Léa, met fin à ses jours.

La force de Chéri vient peut-être de ce que Colette y utilise magistrale­ ment, en .les subvertissant, bien des conventions.

Alors que le thème n'est pas tragique, elle le développe sur des lignes aussi pures que celles d'une tra­ gédie classique.

L'action, menée à huis clos dans des salons ou des chambres des beaux quartiers, met en présence des personnages qui forment une société fermée, aussi exilée des normes communes et des soucis matériels que les héros tragiques.

Sauf Edmée, tous sont des îlots solitaires de conscience, entourés de parasites qui leur servent de confidents et d'émissaires, et toute communication est cruelle, cruauté qui fait moins songer à la « rosserie » mon­ daine qu'à ce que Péguy nommait la « méchanceté racinienne » : chacun contrôle son visage, toutes les répli­ ques portent, quelques mots de trop changent tout.

Épurés à l'extrême, les décors n'en sont pas moins sensuels; le motif récurrent du collier de perles au cou des femmes souligne les étapes de l'intrigue.

La pureté de Chéri tient aussi à ce qu'en situant ses personna­ ges dans un milieu où la volupté est professionnellement connue, Colette a choisi un terrain déblayé d'avance des ambiguïtés et des euphémismes qui encombrent la plupart des « romans d'amour»; ce décapage lui permet de déplacer le lieu du plus grand péril : reconnaître qu'ils s'aiment ne rend pas plus vertigineux pour Chéri et Léa « cet abîme d'où l'amour remonte pâle, taci­ turne et plein du regret de la mort», mais l'évidence d'aimer les dépossède d'eux-mêmes comme des «dormeurs parlant en songe », agités par l'« an­ goisse», la« douleur» et la« joie».

De fait; Chéri subvertit les conven­ tions psychologiques.

Tandis que les romans font souvent l'histoire d'une désillusion où l'« àmour » se désacra" lise en «désir», Chéri et Léa subissent le dessillement inverse : les habitudes de leur désir, c'était l'amour.

Et c'est paradoxalement la reconnaissance de l'amour; parce qu'elle ordonne le res­ pect de l'objet aimé, qui mène à la rup­ ture.

On a pu dire que Chéri inversait aussi le couple romanesque ordinaire­ ment formé d'une femme jeune et. »

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