CHÉNIER: Les Bucoliques
Publié le 17/11/2010
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L'imitation, pour ne pas être stérile, doit se nourrir d'une véritable inspiration dans laquelle le poète s'affirme comme un homme de son temps : «Tantôt chez un auteur j'adopte une pensée [...] Tantôt je ne retiens que les mots seulement J'en détourne le sens, l'art sait les contraindre Vers des objets nouveaux qu'ils s'étonnent de peindre.«
«
n'est pas dite explicitement, mais seulement exprimée par périphrases :
«Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.»
ou seulement suggérée, dans les dernières lignes du poèmes, par une succession d'images négatives :
«Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée.
L'or autour de tes bras n'a point serré de noeuds.
Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux.»
Car le poète des Bucoliques s'inscrit dans une tradition qui, des poètes antiques aux versificateurs classiques, considère que la poésie est un genre littéraire noble qui doit privilégier la beauté sur le réalisme : les thèmes, lesimages et le vocabulaire dont se servent les poètes ne doivent pas être ceux de l'usage courant ; ils appartiennentà un registre supérieur et servent à décrire un univers idéal.
2.
INNOVER DANS LE RESPECT DE LA TRADITION
Si André Chénier s'impose comme le meilleur poète du XVIIIe siècle, c'est qu'il a su cependant, dans une languerigoureuse et tout en se réclamant d'une longue tradition classique qui remonte à l'Antiquité, renouveler la poésie eny introduisant un lyrisme et une sensibilité qui annoncent déjà la poésie du XIXe siècle.
Ses ambitions de poète,telles qu'elles apparaissent dans les Bucoliques, il les a définies, dans une longue pièce de 392 vers intitulée «L'Invention», véritable manifeste littéraire.
C'est par un hommage renouvelé à la beauté antique qu'il débute ce nouvel art
poétique.
La Grèce, à ses yeux, incarne l'harmonie idéale non seulement par ses paysages :
«L'Attique, et l'onde Égée, et la belle Ionie Donnèrent un ciel pur, les plaisirs, la beauté»
mais également grâce à une langue à la musicalité parfaite : «Un langage sonore aux douceurs souveraines,
Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines»
- C'est cette musicalité qu'André Chénier s'est efforcé de reproduire dans ses alexandrins où les rythmes et lessonorités se combinent pour créer à l'oreille un phrasé très musical ainsi qu'en témoignent ces vers de «Naere»(Bucoliques):
«Au coucher du soleil, si ton âme attendrie
Tombe en une muette et molle rêverie,
Alors mon Clinias, appelle, appelle-moi,
Je viendrai, Clinias, je volerai vers toi.»
Mais «ce n'est qu'aux inventeurs que la vie est promise», et si Homère et Virgile sont les génies qu'ils sont c'estparce qu'ils ont inventé l'épopée de leur époque.
Le poète moderne, s'il veut égaler ses maîtres, doit à son tourinnover dans le respect des règles traditionnelles :
«Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques»
L'imitation, pour ne pas être stérile, doit se nourrir d'une véritable inspiration dans laquelle le poète s'affirme commeun homme de son temps :
«Tantôt chez un auteur j'adopte une pensée [...]
Tantôt je ne retiens que les mots seulement
J'en détourne le sens, l'art sait les contraindre
Vers des objets nouveaux qu'ils s'étonnent de peindre.»
Cette inspiration moderne, Chénier avait 'songé à lui donner corps dans deux grandes fresques philosophiques etscientifiques, L'Hermès et L'Amérique, qui, sur le modèle des épopées antiques, retraceraient les grandes étapes de l'aventure humaine.
«Il faut que j'invente entièrement une sorte de mythologie probable et poétique avec laquelle je puisse remplacer lestableaux gracieux des Anciens» écrivait le poète.
Partageant avec ses contemporains la foi dans le progrès etl'enthousiasme des Lumières pour les sciences, Chénier avait conçu L'Hermès comme une vaste cosmogonie retraçant l'histoire de la nature, de l'homme et des sociétés.
Quant à L'Amérique, ce devait être un poème de 12.
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