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CHEMINS DE LA LIBERTÉ (les) de J. P. Sartre

Publié le 20/02/2019

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sartre

CHEMINS DE LA LIBERTÉ (les), roman inachevé de J. P. Sartre. Trois volumes parurent : l'Àge de raison et le Sursis en 1945, la Mort dans l'âme en 1949. Parmi les projets romanesques d'envergure que les événements de 1940 ont inspirés à des écrivains français, les Chemins de la liberté ne sont pas les seuls à n'avoir pas été menés à terme. C'est en effet le sort qu'ont également connu, pour différentes raisons, aussi bien le Combat avec l'ange de Malraux que le roman « inachevé » d'Aragon, les Communistes. Entrepris au lendemain de la publication de la Nausée (en 1938) et, d'une certaine manière, se proposant de critiquer l'idéalisme esthétique que Roquentin y formulait, ce second roman de Sartre devait initialement s'appeler Lucifer et comprendre deux parties : la Révolte, qu'aurait suivie le Serment. Il devait également avoir pour personnage central Roquentin, le « héros » de la Nausée, qu'on y aurait vu prendre goût à l'action et « redresser la machine ». C'est donc pendant douze ans (par intermittences, il est vrai) que ce roman aura occupé Sartre, quand vers 1950, il renonce à en terminer le quatrième volume, la Dernière Chance, dont il vient pourtant de faire paraître en bonnes feuilles, dans sa revue les Temps modernes, les pages intitulées « Drôle d'amitié ». La crise qu'il traverse à cette époque l'oriente, d'une part, vers un militantisme plus directement politique (Sartre renonce aux espoirs qu'il avait placés dans la littérature engagée), d'autre part vers une critique de la littérature qui tournera à l’autocritique et, bientôt, à l'autobiographie : c'est en 1953 qu'il écrit la première version des Mots.

 

Le premier volume, l'Âge de raison, se déroule au moment précis où Sartre s'est mis à y travailler, au début de l'été de 1938. Le personnage central, Mathieu Delarue (qui a pris la succession de Roquentin), est un professeur de philosophie qu'on voit se débattre entre des problèmes personnels (Marcelle, sa maîtresse, est enceinte et il cherche à la faire avorter) et un début de conscience politique : il rêve, en effet, de donner plus de poids à sa vie en allant la risquer dans les rangs des républicains espagnols. Autour de lui gravitent des personnages qui esquissent une typologie assez complète de l'existentialisme : Boris, le jeune élève de Mathieu, qui vole des livres avec la fierté d'un ascète qui ne transige pas : Lola, sa maîtresse, une chanteuse de cabaret sur le retour, dépressive et toxicomane ; Ivich, sa

 

sœur, dont la jeunesse narcissique affole le pauvre Mathieu ; Sarah, juive prolifique, qui a ses entrées dans le monde des avortements ; Brunet, l'ancien camarade d'études, qui est maintenant, dur et pur, un permanent du P.C. ; Daniel, autre souvenir des années étudiantes, homosexuel à qui son goût pour la plaisanterie et l'acte gratuit permettra d’apporter à cette histoire romanesque à souhait le plus inattendu des happy ends : après une infructueuse tentative d'autocastration, cet Abélard au petit pied offre à Marcelle de l'épouser pour qu'elle puisse, à la surprise générale, conduire à terme cette maternité dont elle s'est découvert la vocation.

sartre

« rentes raisons, aussi bien le Combat avec l'ange de Malraux que le roman « inachevé » d'Aragon, les Commu­ nistes.

Entr e p ris au lendemain de la publication de la Nausée (en 1 938) et, d'une cenaine manière, se proposant de critiquer lïdéalisme esthétique que Roquentin y formulait, ce second roman de Sartre devait initialement s'appeler Lucifer et comprendre deux parties : la R/Jvolte, qu'aurait suivie le Serment.

Il devait également avoir pour personnage central Roquentin, le « héros » de la Nausée, qu'on y aurait vu prendre gout à l'action et « redresser la machine ".

C'est donc pendant douze ans (par inter­ mittences, il est vrai) que ce roman aura occupé Sartre, quand vers 1950.

il renonce à en terminer le quatrième volume, la Dernière Chance, dont il vient po urtan t de faire paraître en bonnes feuilles, dans sa revue les Temps moder­ nes, les pages intitulées « Drôle d'ami­ tié».

La crise qu'il traverse à cette époque l'oriente.

d'une part.

vers un militantisme plus directement politique (Sartre renonce aux espoirs qu'il avait placés dans la littérature engagée), d'autre part vers une critique de la lit térature qui tournera à l'autocritique et, bientôt, à l'autobiographie : c'est en 1953 qu'il écrit la première version des Mots.

Le premier volume, l'Age de raison, se déroule au moment précis où Sartre s'est mis à y travailler, au début de l'été de 1938.

Le personn age central, Mathieu Delarue (qui a pris la succession de Roquentin), est un professeur de phil oso­ phie qu'on voit se débattre entre des problèmes personnels (Marcelle, sa mai­ tresse, est enceinte et il che rche à la faire avorter) et un début de conscience politi­ que : il rêve, en effet, de donner plus de poids à sa vie en allant la risquer dans les rangs des républicains espagnols.

Autour de lui gravitent des personnages qui esquissent une typol ogie assez complète de l'existentialisme : Boris, le jeune élève de Mathieu, qui vole des livres avec la fierté d'un ascète qui ne transige pas : Lola, sa maîtresse.

une chanteuse de cabaret sur le retour, dépressive et toxicomane; Ivich, sa sœur, dont la jeunesse narcissique affole le pauvre Mathieu; Sarah, juive prolifi­ que, qui a ses entrées dans le monde des avortements ; Brunet, l'ancien camarade d'études, qui est maintenant, dur et pur, un permanent du P.C.

; Daniel, autre souvenir des années étudiantes, homo­ sexuel à qui son goût pour la plai santerie et l'acte gratuit permettra d'apporte r à cette histoire romanesque à souhait le plus inattendu des happy ends : après une infructueuse tentative d'autocastra­ tion, cet Abélard au petit pied offre à Marcelle de l'épouser pour qu'elle puisse, à la surprise générale, conduire à terme cette maternité dont elle s'est découvert la vocation.

Les évéltements que rapporte le Sursis, second volume de la série , se déroulent trois mois plus tard, en septembre 1938, au cours de la semaine dramatique d uran t laquelle la crise tchécoslovaque aboutit aux accords de Munich.

On y voit, en conséquence, l'histoire faire éclater les vies individuelles mises en place dans le premier volume, imposer à l'existence humaine une dimension d'urgence historique et politique dans laquelle elle va perdre de son confort mais acquérir, de ce fait, un peu de poids qu'elle désirait.

Mathieu.

on se le rap­ pelle.

rêvait d'aller se battre en Espagne et restait finalement à Paris : pas une fois t'Age de raison n'enfreint le cadre de cette unité de lieu.

Le Sursis, en revanche, utilisant les procédés que Sartre avait découverts et admirés chez le s romanciers anglo-saxons et, en parti­ culier.

celui de la " narration simulta­ née », est un roman à scènes multiples : comme l'événement politique lui-même, son action se déroule à la fois à Paris, en Tchécoslovaquie, à Londres ou au Maroc.

Les personnages.

eng agé s bon gré mal gré dans les processus qui les dépassent (les hommes sont mobi lisés), voient s'effondrer, sous la pression d'une urgence collective qui ne tient pas compte de leur bon vouloir, l'illusion individualiste au sein de laquelle ils avaient végété au cours de la paix trompeuse de l'après-guerre.

Après la fausse aierte de Munich, viendra l'été 40; la guerre quand elle. »

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