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CHATEAUBRIAND : ATALA (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 06/11/2018

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chateaubriand
Mais c’est lui qui sait nous les faire voir et non pas Bartram, Carver, Imlay, ni aucun autre. Il a complété avec un génie incomparable l’œuvre de J.-J, Rousseau et de Bernardin de Saint-Pierre. Rousseau nous avait révélé l’âme de la nature ; Bernardin de Saint-Pierre en avait découvert les couleurs et les lignes. Chateaubriand, c’est le mot qu’il faut toujours répéter à son propos, en a été le magicien. De cet art, à la fois calculé et instinctif, on peut saisir quelques procédés ; leur étude déborderait le cadre de cette histoire. Mais il n’y a pas d’analyse qui en révèle le secret profond. Chateaubriand sait, comme Bernardin de Saint-Pierre, ordonner un tableau. La description du Meschacebé nous montre successivement le fleuve, la rive occidentale qui est silence et repos, celle de l’orient qui est mouvement et murmure. Il sait mettre en relief l’image dominante. Il sait faire saillir des lignes puissantes, ou les perdre dans l’ombre et le mystère. Il sait le secret des syllabes et du mouvement des phrases et l’harmonie qui suggère : \"La nuit était délicieuse. Le génie des airs secouait sa chevelure bleue embaumée de la senteur des pins ; et l’on respirait la faible odeur d’ambre qu’exhalaient les crocodiles cacnés sous les tamarins des fleuves. La lune brillait au milieu d’un azur sans tache, et sa lumière gris de perle descendait sur la cime indéterminée des forêts. Aucun bruit ne se faisait entendre, hors je ne sais quelle harmonie lointaine qui régnait dans la profondeur des bois : on eût dit que l’âme de la solitude soupirait dans toute l’étendue du désert.\"
CHATEAUBRIAND
ATALA
 
(Le roman est ébauché peut-être pendant le voyage de Chateaubriand en Amérique, comme un épisode d’un vaste poème sur les sauvages qui deviendra les Natchez. Il est achevé, du moins sous une première forme, à Londres ; puis remanié pour prendre place dans le Génie du christianisme et publié, avant le Génie, eu 1801.)
 
Atala était un sujet banal. — Un lecteur d’aujourd’hui goûte volontiers dans Atala les grâces sauvages de la femme indienne et les splendeurs des forêts vierges. Mais ni ces grâces ni ces splendeurs n’étaient nouvelles au commencement du xixe siècle. Les amours des « filles de la nature » et les passions naïves ou farouches sous les palmiers ou dans les « déserts » étaient un thème qui avait été dix fois traité avant Chateaubriand. On en avait tiré d’abord des histoires a philosophiques », des « contes moraux » et des drames sensibles on y avait opposé les cœurs sincères des sauvages aux mensonges des civilisés ; on s’était attendri sur les détresses des âmes naïves trahies par l’Européen cupide et barbare. Puis on y avait mis du pitto-resque. Bernardin de Saint Pierre avait révélé dans ses Etudes de la nature et dans Paul et Virginie les tropiques, les forêts vierges, l’éblouissement des couleurs, le jaillissement d’une nature féconde et violente. De tout cela des écrivains fort médiocres avaient fait des nouvelles qui l’étaient aussi, mais où toute la matière d'Atala se trouve déjà. Leur histoire est pittoresque. Elle montre avec précision comment une œuvre aussi originale qu'Atala est l’aboutissement de chemins dont la trace serpente en mille directions jusqu’à de lointains passés. L’exemple le plus curieux (et dont j’ai achevé l’histoire) est celui d’une nouvelle anonyme parue en 1798 dans la Bibliothèque britannique de Genève, Azakia et Célario. Un jeune Français Célario sauve des mains d’un Indien une jeune sauvage, Azakia, et la rend à son vieux mari, Ouabi. Bientôt, Célario vient vivre de la vie des sauvages. Il se prend d’amour pour Azakia qui n’est pas insensible à sa tendresse. Mais elle veut rester fidèle à son mari. Cependant, Ouabi est fait prisonnier, il va périr ; Célario le délivre. Pour le remercier, Ouabi rompt son mariage avec Azakia et la donne à Célario. L’histoire, dans ses détails, dans ses décors, dans l’allure de son style, est souvent si proche d'Atala qu’on a cru pouvoir l’attribuer à Chateaubriand.

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