Chartreuse de Parme (la), de Stendhal
Publié le 20/02/2019
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Chartreuse de Parme (la), roman de Stendhal (1839), qui marque, après l'abandon de Lucien Leuwen (1837), la décision de ne plus écrire de romans à sujets français. Stendhal se retourne vers le début du siècle et vers l'Italie, libérée par Bonaparte et la Révolution, pour retrouver un temps et un espace où la poésie et les sentiments vrais soient encore possibles. L'Italie est ainsi, comme l'utopie, l'ailleurs enfin clairement proclamé d'une œuvre jusque-là si fortement centrée sur les problèmes de la France nouvelle. Stendhal a fondu ensemble deux projets : une vie d'Alexandre Farnèse et l'histoire de la cantinière de Waterloo, l'élément unificateur étant Fabrice del Dongo, jeune aristocrate épris de liberté dont est raconté l'apprentissage. Gomme Julien Sorel dans le Rouge et le Noir, Fabrice commence une carrière d'ecclésiastique, mais il s'en détourne pour l'aventure toute laïque de la « chasse au bonheur ». Il ne se reconnaît ni dans les libéraux italiens, ni dans les partisans de la république à l'américaine. D'où l'avortement de la politique dans une vie commencée lors de l'épisode célèbre de la participation à la bataille de Waterloo dont le sens lui échappe totalement, comme celui de l'Histoire. Fabrice entretient avec sa tante, la Sanseverina, des rapports passionnés et ambigus, tandis que celle-ci affronte le tyranneau local et essaie de faire de son amant, le comte Mosca (qui doit à Talleyrand, à Metter-nich, au mythe stendhalien du grand homme d'État, en même temps homme de plaisir et d'authenticité), le grand politique de l'Italie. Surtout, Fabrice, lors de son incarcération dans la forteresse de Parme, noue une intrigue avec
Clélia Conti, fille du gouverneur. Il en résulte un amour profond, décidé, condamné au secret dans cet univers du faux. Le camp des héros (Fabrice, Clélia, la Sanseverina, Mosca) choisit finalement la pauvreté, la nuit, alors que triomphe la réaction à Parme, que le peuple adore les statues de son maître et que le républicain Ferrante Palla n'a pu que s'enfuir vers son illusion américaine. Ce roman, écrit en quelques semaines (4 nov. - 26 déc. 1838), échevelé d'épisodes, sans architecture rigoureuse et ne cherchant nullement à plaire, fut salué comme un chef-d'œuvre par un article retentissant de Balzac dans sa Revue parisienne en 1840. Il a, depuis, conquis tout un public inattendu et fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques, malheureusement souvent (Christian-Jaque) dans le genre cape et épée qui ignore tout de l'intériorité du romanesque stendhalien.
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