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CHANTS DE MALDOROR (Les). (résumé & analyse)

Publié le 04/12/2016

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CHANTS DE MALDOROR (Les).
 
Sorte d’épopée en prose d'Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont (1846-1870). Elle comprend six chants et fut publiée à Paris en 1869, le premier chant ayant paru l’année précédente (1868). Il s’en fit une autre édition en 1874 (Lacroix, Bruxelles). C’est le seul gros ouvrage que l’auteur ait écrit. Encore n’est-il pas achevé. A cet égard, on ignore tout des intentions de Lautréamont, comme on ignore sa vie intime, son caractère et son physique. (Ses rares portraits sont apocryphes).
 
Ce livre magique et torturé semble bien être l’archétype de l’œuvre de génie. C’est le plus déconcertant de la littérature française. On arrive mieux à dégager son idée fondamentale que le thème particulier de chacune de ses parties. Il s’agit de la. rébellion de l’homme contre Dieu. De ce Dieu, créateur du monde, Lautréamont célèbre la haute malfaisance en se fondant sur tous les crimes dont sa création est le théâtre depuis l’origine des temps. Faisant de lui l’objet de son exécration, il s’installe dans l’absurde pour mieux blasphémer son nom : Dieu, autrement dit « l’Éternel à face de vipère ». Dans cette sorte de course à l’abîme, il ne relâche jamais rien de sa fureur blasphématoire. Ce faisant, Lautréamont n’est pas pur de toute influence. Il tire son inspiration de ses lectures. De Young, il retient en effet la grandiloquence funèbre, de Byron le satanisme, de Dante, enfin, la couleur de certaines visions et certains tjurs oratoires. Il serait absurde néanmoins de s’y attarder. Car un esprit original se fait jour à travers elles : un esprit qui se manifeste dans une certaine conception de la nature. Ici, en effet, le règne animal prévaut sur les autres. D’où la mise en jeu d’un facteur assez terrible : le complexe de la vie animale, autrement dit l’énergie d’agression. Gaston Bachelard a, le premier, mis l’accent sur cet aspect insolite de l’univers de l’auteur. Il nous révèle que le bestiaire en question comprend 185 animaux. Il observe que « les formes animales y sont souvent mal dessinées. En fait, elles ne sont pas reproduites. Elles sont simplement produites, ou plutôt induites par les actes eux-mêmes ». Alors que chez Sade, par exemple, la violence reste soucieuse de son objet et, par là, humaine, ici elle déborde toujours les frontières humaines. Voilà donc un univers où toute défense est illusoire, du fait que l’attaque peut se donner carrière sans jamais courir le moindre risque. Ajoutez que la cruauté se trouve avoir ses raisons en dehors même de ce qui relève de l’instinct de conservation. Or donc, la dent, la griffe, la corne, le bec, le dard et la ventouse : tous ces moyens sont évoqués dans les Chants de Maldoror. Si l’auteur tient l’aigle en haute estime, il lui préfère néanmoins le requin, le crabe, l’araignée, le pou et surtout le poulpe îui, dit-on, pousse l’intelligence jusqu’à se couvrir avec les débris de ses victimes. Tels sont

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