Chants de Maldoror de Lautréamont
Publié le 19/02/2019
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«
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Chants de Maldoror
Le dessein des Chants de Maldoror
Deux lettres de Lautréamont indiquent l'orientation
générale de l'œuvre, l'une des plus déconcertantes de
toutes les littératures :
J'ai chanté le mal comme ont fait Mickiéwikz (sic), Byron.
Mil
ton.
Southey.
A.
de Musset.
Baudelaire.
etc.
Naturellement.
j'ai un peu exagéré le diapason pour faire du nouveau dans le
sens de cette littérature sublime qui ne chante le désespoir
que pour opprimer le lecteur.
et lui faire désirer le bien comme
remède.
Ainsi donc.
c'est toujours le bien qu'on chante en
somme.
seulement par une méthode plus philosophique et
moins naïve que l'ancienne école.
dont Victor Hugo et quel
ques autres sont les seuls représentants qui soient encore
vivants (lettre du 23 octobre 1869).
C'était quelque chose dans le genre du Manfred de Byron et
du Konrad de Mick iéwic z.
mais cependant bien plus terrible
(lettre du 12 rrars 1870).
Lautréamont, tout en situant les Chants dans le pro
longement du romantisme le plus exaspéré, affirme leur
nouveauté.
L'obsession du mystère du Mal, la révolte, le
blasphème, la solitude d'un héros dressé contre Dieu,
contre les hommes et contre lui-même, l'obscure ou
claire présence des puissantes figures de Satan, de Caïn
et de Prométhée ...
tout cela semble une des dernières
vagues de la marée romantique, qui avait recouvert l'Eu
rope de 1798 à 1848.
Mais l'inattendu, c'est que l'œuvre
se dénonce elle-même et ne cesse de railler les personna
ges, les thèmes et les procédés du romantisme.
D'autre part.
par son titre et par sa division en chants,
elle se présente comme une épopée, et une épopée de la
haine :
(1, u).
Lautréamont a conscience de sa puissance créa
trice et de l'ampleur de son projet poétique, puisqu'il
recourt au genre littéraire le plus ambitieux et se situe
dan.s le sillage d'Homère et de Milton.
Epopée de la haine, les Chants s'opposent à l'épopée
de l'amour, la Bible.
Le Dieu de l'Ancien Testament ne
cesse d'être pris à partie avec une violence inconnue
jusqu'alors.
De nombreux versets bibliques sont paro
diés, « retournés ».
Mais, étrangement, Maldoror oublie
parfois son satanisme pour s'identifier fugitivement
(comme tous les grands romantiques) au Christ.
Pro
fonde ambiguïté que celle de ce héros oscillant entre la
cruauté et la pitié, une haine affichée et une tendresse
inguérissable, la fureur contre le Créateur et un attrait
incertain pour la figure de Jésus!
Un tel constat permet d'entrevoir que, sous les des
seins conscients, se déploie, malgré l'auteur et à mesure
que l'œuvre avance, un dynamisme inconscient dont
Maurice Blanchot, dans son Lautréamont et Sade, a tenté
de percer le secret.
Œuvre romantique qui se moque du romantisme, épo
pée qui parodie les procédés épiques (épithètes homéri
ques, formules dantesques ...
), les Chants de Maldoror
semblent défier toute réduction à un sens défini : «Une
porte s'ouvrait sur la mer ...
» (René Crevel).
Demeurer
à la surface d'un pareil texte, c'est à coup sûr se perdre
dans ses ironiques reflets.
« L'analyse, si elle veut faire
quelque chose d'utile, ne doit pas regarder à ce qu'a dit
Lautréamont, mais à ce qu'il a exprimé derrière ce qu'il
dit, à l'aide de ce langage nouveau que constituent le
choix des images, l'amoncellement privilégié des mots,
la complicité de certains thèmes» (M.
Blanchot).
L'iro
nie interdit toute synthèse sur le contenu des Chants.
Il
faut, pour déjouer ses pièges, aller au contenu latent,
découvrir les métaphores obsédantes, restituer l'univers
imaginaire du créateur, mettre en lumière les récurrences
lexicales.
Avec les Chants comme avec les Illuminations
de Rimbaud, quasi contemporaines, > (Maldoror et Néron).
Strophe IV: «Il y en a qui écrivent pour rechercher les
applaudissements ...
>> («Peindre les délices de la
cruauté»).
Strophe v : "J'ai vu pendant toute ma vie ...
•• (l'universalité
du mal).
S trophe VI : «On doit laisser pousser ses ongles ...
>> (P laisir
et détresse de torturer un enfant ).
Strophe vu : "J'ai fait un pacte avec la prostitution ...
•• (Une
variation musicale sur les apocalypses et sur Dante}.
Strophe VIII : "Au clair de lune.
près de la mer ...
•• (les
chiens hurlant à la lune : l'hu mour et le lu gubre).
Strophe IX : «Je me propose.
sans être ému ...
» (Célébra
tions oratoire et humoristique du «Vieil océan »).
Strophe x: «On ne me verra pas à mon heure dernière ...
»
(Un rêve de mort).
Strophe Xl : « Une famille entoure une lampe ..
>> (Maldoror
devant un univers de conte bleu).
Strophe xu : "Celui qui ne sait pas pleurer ...
» (Rencontre
du nouvel Ham let avec un fossoyeur).
Strophe Xlii : «Le frère de la sangsue ...
>> (M aldor or et le
crapaud).
Stro phe XIV : " S'il est quelquefois logique ...
•• (Si gn atu re et
intrusion d'auteur).
Chant Il
Le chant Il.
le plus ample.
déploie et orches tre tous les
thèmes de l'œuvre.
Le narrateur le caractérise comme un
"chant impie , : les attaques contre Dieu y son t en effet
particulièrement nombreuses.
L'univers de l'enfance et de
l'adolescence n'y est pas moins présen t.
Strophe 1 : «Où est-il passé ce premier chant...
, (Mlaldoror
et le Mal).
Stro phe 11 : "Je sais is la plume ...
•• (le front frappé par la
foudre).
Strophe 111: «Qu'il n'arrive pas le jour où Lohe ngrin et
moi.
..
, (Maldoror en Job révolté).
Strophe 1v : "Il est minuit; on ne voit pas un seul omni
bus ...
>> (la para bole fantastique de l'enfant poursuivi).
Strophe v : « Faisant ma promenade quotidienne ...
>> (la
strop he de la jeune fille).
Strophe VI : «Cet enfant.
qui est assis ...
, (la tentation du
jeune garçon ).
Strophe vu : « Là.
dans un bosquet entouré de fieu rs.
dort
l'hermaphrodi te ...
>> (L 'unique oasis des Chants).
Strophe VIII : «Quand une femme.
à la voix de sop rano ...
>>
(Le festin du Créateur).
Strophe IX: «Il existe un insecte ...
, (l'éloge des poux).
Strophe x : "0 mathématiques sévères.
je ne vous ai pas
oubliées ...
,
Strophe Xl: « 0 lampe au bec d'argent ...
» (Lutte avec
l'Ange et parodie).
Strophe xu : " Écoutez les pensées de mon enfance ...
>>
(Confidences et attaques contre le Créateur ).
Strophe Xlii : "Je cherchais une âme qui me ressemblâ t...
>>
(l'acco uplemen t de Maldoror à la femelle du requin.
dans
la tempête).
Strophe XIV: "La Seine entraîne un corps humain ..
_>> (Hol
zer le suicidé).
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