Champs magnétiques (les). Recueil poétique en prose d'André Breton (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 25/10/2018
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Champs magnétiques (les).
Recueil poétique en prose d'André Breton (1896-1966) et Philippe Sou-pault (1897-1990), publié à Paris aux Editions Au Sans Pareil en 1920. L'oeuvre ne sera ensuite rééditée qu'en 1967, chez Gallimard, accompagnée de deux dialogues, divisés en actes et scènes, dus également à la collaboration des deux écrivains : « S’il vous plaît » (paru dans Littérature en septembre-octobre 1920) et «Vous m'oublierez » (paru dans Littérature le 1er septembre 1922).
La majeure partie des Champs magnétiques a été composée au printemps 1919, c’est-à-dire avant que le groupe d'écrivains rassemblés autour de la revue Littérature ne se tourne vers le mouvement dada. L'ouvrage participe d'une sorte de projet expérimental visant à explorer les mécanismes de l'écriture automatique. Les deux écrivains, pendant une ou deux semaines (six à huit jours d’après Breton et une quinzaine d'après Soupault), s’adonnèrent de façon très intense à leur entreprise, écrivant parfois « huit ou dix heures consécutives » (Breton, Entretiens).
Les sept premiers chapitres (« la Glace sans tain ». « Saisons », « Éclipses », « En 80 jours », « Barrières », « Ne bougeons plus », « Gants blancs ») sont en prose et constituent la plus grande partie du recueil. Viennent ensuite deux chapitres en vers intitulés « Le pagure dit ». Le texte se termine par une signature ironique : le dernier « poème » du recueil s'intitule en effet \"la Fin de tout\" et participe de la pratique poétique du collage chère à Breton : le nom des deux auteurs est encadré sur la page, accompagné de la mention \"Bois et Charbons\", l'ensemble figurant une sorte d’enseigne ou de carte nécrologique. Une dédicace à Jacques Vaché clôt l’ouvrage.
La division du livre en chapitres correspond à des variations de vitesse de l’écriture automatique. Les auteurs ont volontairement mêlé leurs voix pour produire un unique ouvrage commun. L’examen des manuscrits et les témoignages ultérieurs de Breton et Soupault permettent toutefois de préciser le mode de composition des textes. Certains chapitres ont été entièrement écrits par l’un des auteurs : « Saisons », « En 80 jours » et les deux pièces intitulées «Le pagure dit». D’autres passages, en revanche, sont des sortes de dialogues que Breton et Soupault écrivaient alternativement :
«
figurant une sorte d'enseigne ou de carte nécrologique.
Une dédicace à jacques Vaché clôt l'ouvrage.
La division du livre en chapitres conrespond à des variations de vitesse de l'écriture automati
que.
Les auteurs ont volontairement mêlé leurs voix pour produire un unique ouvrage commun.
L'examen des manuscrits et les témoignages ulté rieurs de Breton et Soupault permettent toute
fois de préciser le mode de composition des tex tes.
Certains chapitres ont été entièrement écrits
par l'un des auteurs : « Saisons», « En 80 jours » et les deux pièces intitulées « Le pagure dit».
D'autres passages, en revanche, sont des sortes
de dialogues que Breton et Soupault écrivaient alternativement : «L'un de nous lisait à haute
voix ce qu'il venait d'écrire rapidement et l'autre y répondait sans réfléchir à l'instant même par écrit», dira Soupault à Serge Fauchereau (Digra phe no 30, juin 1983).
Ce procédé conceme
essentiellement « Banrières ».
La façon dont ont été élaborés les autres chapitres, qui comportent des apports issus des deux écrivains, est moins facile à reconstituer.
Les auteurs avaient tout d'abord
envisagé d'intituler le livre
les Précipi
tés, peut-être en songeant à une phrase d',, Eclipses >> : '' Ce qui précède a trait
aux singularités chimiques, aux beaux
précipités certains.
>> Le titre les Champs
magnétiques conserve en tout cas une
image empruntée au domaine de la
physique, ce qui concorde bien avec
l'aspect expérimental de l'ouvrage.
Le
titre définitif, à travers l'image du
magnétisme, souligne en outre le
caractère double de l'écriture, les deux
écrivains
formant comme les deux
pôles
d'un aimant.
Julien Gracq
commente la formule
en ces termes :
«Nul doute que Breton, en intitulant
son premier ouvrage proprement sur
réaliste
les Champs magnétiques, nous
ait livré [ ...
]
une dominante imagina
tive,
un schéma moteur inné, vital, qui
intervient à chaque instant pour dyna
miser les contacts, substituer au rap
prochement l'attirance et au chaos
apparent des impulsions le jeu de for
ces ordonnatrices invisibles
>> (André
Breton, 1948).
Enfin, le titre renvoie.
à
un phénomène qui a quelque chose
d'extraordinaire
tout en étant explica
ble scientifiquement.
Il en va de même
pour l'écriture automatique : elle est
source de toutes les magies poétiques
et trouve son origine dans les pratiques
cliniques
et les découvertes de Freud.
Dans le premier des
*Manifestes du
surréalisme, Breton rattache directe
ment la naissance de l'écriture automa
tique aux travaux de Freud :
« Tout
occupé que j'étais encore de Freud à
cette époque
et familiarisé avec ses
méthodes
d'examen [ ...
] je résolus
d'obtenir de moi [ ...
]
un monologue de
débit aussi rapide
que possible, sur
lequel l'esprit critique
du sujet ne fasse
porter
aucun jugement, qui ne
s'embarrasse, par suite, d'aucune réti
cence,
et qui soit aussi exactement que
possible la
pensée parlée.
Il m'avait
paru [ ...
] que la vitesse de la pensée
n'est pas supérieure à celle de la parole,
et qu'elle ne défie pas forcément la lan
gue,
ni même la plume qui court.
C'est
dans ces dispositions que Philippe Sou
pault [ ...
] et moi nous entreprîmes de
noircir
du papier, avec un louable
mépris de
ce qui pourrait s'ensuivre lit
térairement.
>>
La poésie qui advient ainsi se trouve
dégagée de l'emprise de la raison.
De
plus, elle prouve l'existence d'un sub
strat
commun enfoui, et c'est juste
ment pour cela que Breton ne voulait
pas écrire l'ouvrage seul.
Il apprécie
ainsi les résultats obtenus :
« Dans
l'ensemble, ceux de Soupault
et les
miens présentaient une remarquable
analogie : même vice de construction,
défaillances de
même nature, mais
aussi, de part et d'autre, l'illusion
d'une
verve extraordinaire, beaucoup d'émo
tion,
un choix considérable d'images
d'une qualité telle que nous n'eussions
pas été capables
d'en préparer une
seule de longue main, un pittoresque
très spécial et, de-ci de-là, quelque pro-.
»
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