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CERVANTES : Don Quichotte de la Manche

Publié le 21/02/2013

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Cervantès (1547-1616) eut une vie assez agitée : il participa à la bataille de Lépante (1571), où il perdit une main, fut fait prisonnier par les barbaresques et passa cinq ans en esclavage à Alger, tâta de la prison à plusieurs reprises, en Espagne, pour des affaires d'argent. Il publia en deux fois (1605 et 1615) son Don Quichotte, dont les qualités littéraires et la portée en font une des oeuvres majeures de la littérature mondiale. Il fut traduit en français dès 1614-1618 par Oudin et Rosset, traduction attrayante parce qu'elle a la couleur du XVIIe siècle.

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« « L'aube du jour commençait à poindre quand don Quichotte sortit de lhôtellerie, si content, si ravi, si transporté de joie de se voir enfin armé chevalier qu'il en faisait tressaillir jusqu'aux sangles de son cheval.

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EXTRAITS~~~~~~~~ De l'ingéniosité de don Quichotte qui n'avait point de heaume Toutefois son industrie suppléa à cela, parce qu'il fit avec du carton une espèce de demi-salade, la­ quelle, agencée et enchâssée avec le morion, faisait une apparence de sa­ lade entière.

La vé­ rité est que, pour éprouver si elle était forte et pourrait ré­ sister à l'effort d'un coup de coutelas, il tira son épée et lui en donna deux coups ; mais du pre­ mier et tout en un instant il défit ce qu'il avait fait en une semaine.

Il ne laissa pas pourtant de trouver mauvaise la facilité avec la­ quelle il /'avait mise en pièces, et, pour s'assurer contre ce danger, il la refit de nouveau, la garnissant de barres de fer par dedans.

De l'épouvantable bataille livrée contre des moulins à vent Voilà, ami Sancho Pança, où se découvrent trente ou quelque peu plus de démesurés géants, avec lesquels je pense avoir combat et leur ôter la vie à tous, et de leurs dé­ pouilles nous commencerons à nous enri­ chir: car c'est ici une bonne guerre, etc' est faire un grand service à Dieu d'ôter une si mauvaise semence de dessus la face de la terre.

-Quels géants ? dit Sancho.

- Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras, qu'aucuns les ont quelquefois de deux lieues.

-Regardez, monsieur, ré-pondit Sancho, que ceux qui paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent, et ce qui semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent.font mouvoir la pierre du moulin.

- Il paraît bien, répondit don Quichotte, que tu n'es pas fort versé en ce qui est des aventures : ce sont des géants, et, si tu as peur, ôte-toi de là.

De l'affection du bon Sancho pour son maître qui meurt -Ah ! monsieur, dit alors Sancho en pleu­ rant, ne mourez point, mais suivez mon conseil .

Or je vous conseille de vivre beaucoup d'années.

La plus grande folie que puisse faire un homme en ce monde, c'est de se laisser mourir sans plus ni moins, et sans qu'aucun le tue, ni qu'autres mains lui donnent la mort que celles de la mé­ lancolie.

Je vous en prie encore un coup, ne vous laissez point aller à la lâcheté.

Plutôt levez-vous de ce lit, et allons à la campagne vêtus en bergers, ainsi que nous /'avions déjà résolu.

Peut­ être trouverons-nous derrière quelque buisson la sefio­ ra dofia Dulcinée désenchantée, de sorte qu'il n'y aura rien plus à imaginer.

Si c'est la fâcherie de vous voir vaincu qui vous donne la mort, jetez-en la faute sur moi, en soute­ nant partout que vous fûtes abattu parce que j'avais mal sanglé Rossinante.

« A voir lever en l'air les tranchantes épées des deux braves et courroucés combattants, à voir leur contenance et leur résolution, on efit dit qu'ils menaçaient le ciel, la terre et l'abime.,.

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, ·' NOTES DE L'ÉDITEUR ensuite ce que Cervantès a su ajouter au roman satirique qui semblait seulement conçu pour l'intérêt de l'heure présente, à savoir une tragédie et une comédie éternelles.

» Émile Gebhart, préface à la traduction de Oudin.

et Rosset.

Vaincu par la réalité, par l'Espagne, « Il y a donc, dans le Don Quichotte, comme une philosophie du cœur humain qui fait de ce roman le patrimoine de tous les peuples civilisés.

Mais c'est aussi une œuvre nationale, qui marque, dans la littérature espagnole, une date importante, un pamphlet de haute critique, écrit à l'heure où l'Espagne, tardivement sortie du Moyen Age, se livrait enfin à la Renaissance.

Il convient d'élucider ce point d'histoire littéraire; nous estimerons mieux « Pour se moquer doucement de lui-même, il inventa un homme crédule, troublé par la lecture de merveilles, à qui passe par la tête de chercher des prouesses et des enchantements dans des lieux prosaïques qui s'appellent El Toboso ou Montiel.

1 coll.

Viollet 2, 3, 4, 5 lilhographies de Salvador Oali, M.

Foret, Paris, 1957 /clichés B.N.

don Quichotte mourut dans son village natal aux environs de 1614.

Miguel de Cervantès lui survécut peu de temps.

Pour l'un et pour l'autre, pour le rêveur et pour le rêve, cette trame entière consista dans l'opposition de deux mondes : le monde irréel des romans de chevalerie, le monde quotidien et banal du xvne siècle.

» Jorge Luis Borges, « Parabole de Cervantes et du Quichotte », L' Auteur, Gallimard, 1982.

CERV ANIBs 02. »

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