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CENTAURE (le) de Maurice de Guérin

Publié le 19/02/2019

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centaure

CENTAURE (le), poème en prose de Maurice de Guérin publié par George Sand dans la Revue des Deux Mondes, le 15 mai 1840. Mi-dieu, mi-bête, Maca-rée, vieux et solitaire, confie à Mélampe le souvenir de ses enthousiasmes et de ses inquiétudes passées : enfance retirée dans les antres, jeunesse agitée par la découverte extasiée des forêts, des fleuves, de la mer et par le frôlement fortuit des divinités. Le constat du vieillissement physique apparaît, au terme des ces ivresses, comme une dépossession que masque mal l'attittude résignée, inspirée des leçons de Chiron. La créature mythologique dont le corps retenu au sol contrarie les élans vers les dieux, est une image de la nature du poète déchiré entre réalité et idéal. Peut-être même les divers épisodes de la vie du Centaure renvoient-ils au vécu de l'auteur (enfance obscure, jeunesse campagnarde, recours à des maîtres influents). Le plus frappant reste la récurrence de thèmes également présents dans la Bacchante : la liberté (pitié pour l'homme, révolte contre la toute-puissance divine), le foisonnement de la vie (végétaux, eau), le désir avide de se fondre dans cette vie. Le premier

 

contact avec « les dehors » ne se fait-il pas par la pénétration du vent, des parfums, de la lumière liés à la mère ? Sa conscience d'être ne se dissocie pas de la vie universelle, d'où les images intégrant l'immensité des éléments (eau, terre, mer) dans les limites étroites du corps. L'expression du mystère recourt volontiers au vocabulaire de l'ombre, aux abstractions, à la multiplicité ; la phrase progresse par bonds immenses ou fléchissants, cyclothymique selon la confiance ou les frayeurs du poète.

centaure

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)CENTAURE ILe) MAurucE DE GUÉRIN.

Poème en prose, 1840.

Le centaure Macarée, vieux et soli­ taire, raconte sa vie à un homm e, Mélampe.

Il évoque tour à tour son enfance paisible et sa jeunesse ardente, faisant revivre les moments d'ivresse qu'il a connus au sein de la nature: ses courses folles à travers les plaines, ses ébats dans les fleuves tumultueux, et les instants d'extase et de rêverie où l'a plongé le spectacle du monde.

De cette vie sans frein se dégage une sorte de sagesse sans mélan colie, où les sens et la raison ont ch acun leur part: la sensualité et la ferveur mystique des élans passionnés du Centaure, la recherche d'une fusion plus intime avec la nature n'excluent pas une acceptation sereine de l'ordre imm uable des choses et de la création divine.

• Conçue en 1836, cette œuvre est, avec La Bacchante (inachevée) et quelques pièces en vers, le morceau poétique le plus important du recueil de Poèmes p arus après la mort de Maurice de Gué- - � -· , ..

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par la phtisie, ce jeune poète ne devait laisser, outre cette œuvre, qu'un journal ne Cahier vert) et quelques lettres.

• Deux traits essentiels confèrent à l'œuvre de Maurice de Guérin une place originale dans l'histoire de la poésie du xOC' siècle.

L'inspiration qui l'anim e tra­ duit une perception aiguë des manifesta­ tions les plus diverses de la vie univer­ sel le; anim al hybride, tenant à la fois de l'humain et de l'animal, le Centaure est le sym bole d'une communion avec la vie et la na ture : il participe de tout son être aux mouvements qui les entraînent.

Parmi tous les poètes roman tiques, Mau­ rice de Guérin est de ceux, avec Lamar ­ tine et Hugo, qui sont véritablement par­ venus à une conception panthéiste de l'univers -elle s'aJJie.

dans son cas, à une religiosité sincère.

• Mais Le Centaure doit surtou t sa renommée à la fo11ne nouvelle dans laquelle le poème se coule: prose musi­ cale, cadencée, émise au rythme d'une pulsation qui rappelle la prose classique de Chateaubriand et de Rousseau, tout en annonçant parfois le souftle puissant du verset claudélien.

• Alliance inattendue entre une sensibi­ lité moderne, par les impressions qu'il exprime, et une imagination encore empreinte des symboles et des figure s antiques, l'œuvre de Maurice de Guérin, aussi réduite en volume soit-elle, contient en ge1n1e, par ses thèmes comme par son style.

les développe­ ments de la poésie à venir.

ÉomoN: Maurice de Guérin, Poèmes, éd.

Marc Fumaroli, Gallimard, c Poésie�.

1984.

ÉruoES: Pierre Moreau, Maurice àe Guérin ou les Métamorphoses d'un centaure, Minard., • Archives des lettres modernes •.

1965.

Maya Schü.rer­ Nussberger, Maurice de Guérin.

l'en-ance et la demeure, José Corti, 1965.. »

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