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CÉLINE: Voyage au bout de la nuit (Analyse et Résumé)

Publié le 17/11/2010

Extrait du document

Cette oeuvre féroce et bouleversante développe une vision tragique de l'humanité. C'est bien la terreur et la pitié qui animent ce monde burlesque et impitoyable, dans lequel le héros (Bardamu ? Céline ? tout homme ?) fait son apprentissage et perd ses illusions.

«La tristesse saisit les êtres comme elle peut, mais à les saisir elle semble parvenir presque toujours.«

« Seconde étape.

Après la guerre, Ferdinand s'embarque à bord de L'Amiral Bragueton vers l'Afrique et un vague rêve de prospérité.

C'est un nouveau mensonge que l'on découvre dans un nouveau décor, celui de la colonisation, pardes scènes brèves et denses : l'exploitation des noirs par les coloniaux, eux-mêmes exploités par les grandescompagnies commerciales.

Au cœur de la jungle, il croise à nouveau la route de Robinson. Troisième étape.

Nouveau tableau : c'est d'abord New York, la ville géante et la solitude absolue pour Ferdinand.

Il découvre le capitalisme triomphant et les inégalités sociales.

À Detroit, il s'engage chez Ford et fait l'expérience du travail à la chaîne et de la mécanisation.

L'amour de Molly, la prostituée au grand coeur, ne peut le retenir et ilrepart. Dans la seconde partie du roman, Ferdinand semble plus stable.

Après l'errance, c'est un nouveau départ dans lavie.

Il devient médecin à La Garenne Rancy, banlieue défavorisée de Paris ; devant le manque d'hygiène et lamisère, la science est impuissante.

Robinson reparaît, impliqué dans une sordide affaire d' héritage. Ferdinand ne peut échapper à la fatalité de l'échec : médecin raté, il s'échappe «à la cloche de bois» et devientfigurant dans une salle de spectacle.

Il part à Toulouse retrouver Robinson, qui projette d'entrer dans la viebourgeoise grâce à l'assassinat d'une vieille femme, qui lui rapportera un magot, grâce aussi à son mariage avec lajolie Madelon. Robinson réussit le meurtre, mais ne peut se résoudre aux liens du mariage et s'enfuit.

Pendant ce temps, Ferdinanda trouvé un travail à l'asile du docteur Baryton où il accueille Robinson.

La fin du roman s'annonce et Céline laprécipite par un fait divers invraisemblable.

Poursuivi par la jalouse Madelon, Robinson est abattu par elle dans untaxi, sous les yeux de Ferdinand.

Robinson est le double de Bardamu, son ami, sa conscience, celui qui va aller,avant lui, «jusqu'au bout de la nuit». 2.

UN ROMANCIER MISANTHROPE Cette oeuvre féroce et bouleversante développe une vision tragique de l'humanité.

C'est bien la terreur et la pitiéqui animent ce monde burlesque et impitoyable, dans lequel le héros (Bardamu ? Céline ? tout homme ?) fait sonapprentissage et perd ses illusions. «La tristesse saisit les êtres comme elle peut, mais à les saisir elle semble parvenir presque toujours.» Céline ne croit pas à l'homme, ni au bien, ni au progrès.

À travers Ferdinand, il explore toutes les solutions possiblespour atténuer le désespoir.

La famille n'offre aucune protection ; c'est le lieu du sadisme, des convoitises, au mieuxde l'indifférence.

L'amour, c'est «l'infini mis à la portée des caniches».

Le travail aliène l'homme, comme on peut lelire dans l'épisode américain ou la description de la vie de banlieue.

Le patriotisme n'existe pas, il est calcul pour lespuissants et manipulation pour le peuple.

La religion, quant à elle, est représentée par un abbé corrompu.

La sciencerassemble des énergumènes s'agitant dans le poussiéreux «Institut Bioduret», alias Institut Pasteur.

La solidaritéentre toutes ces victimes n'existe pas : le dévouement du médecin est suspect et les patients de Ferdinand leméprisent et l'exploitent.

La littérature, enfin, loin d'être une solution, est ridiculisée dans le pastiche d'une lettre deMontaigne à sa femme pour la consoler de la perte d'un enfant. Il y a pourtant quelques rares lumières dans Voyage au bout de la nuit.

On n'oublie pas Molly, qui offre à Ferdinand son amour et sait lui laisser sa liberté ; ni Bébert, l'enfant que Ferdinand ne pourra arracher à la mort.

Le sergentAlcide, rencontré en Afrique, se sacrifie pour l'éducation de sa nièce.

C'est peu dans cette humanité livrée à laméchanceté, à la solitude et au malheur. 3.

L'INVENTION D'UN LANGAGE D'où vient alors le sentiment de jubilation que l'on éprouve à lire Voyage au bout de la nuit? De la dimension comique de ce livre foncièrement pessimiste et de l'allégresse de la langue employée pour dire la souffrance de l'homme.L'humour des noms propres, le comique verbal, des scènes de comédie, des passages satiriques équilibrent lestensions. Par ses barbarismes et impropriétés, par l'emploi de l'argot et la dislocation de la phrase, Voyage au bout de la nuit est une rupture avec la langue écrite, la langue littéraire.

Céline a inventé un style en introduisant dans son romanla langue parlée et en travaillant ses ressources expressives.

Dans le reste de son œuvre, il mènera beaucoup plusloin cette recherche stylistique. Voyage au bout de la nuit est une innovation littéraire, qui rompt avec la tradition romanesque de son époque.

Récit de voyage, il ne présente pas de repères chronologiques et invente les lieux décrits.

Conte philosophique et romande formation, il promène d'aventure en aventure un personnage incapable d'en dégager un sens.

Dans la lignée desoeuvres créées au choc de la guerre de 14, c'est un roman de guerre qui tourne en dérision l'héroïsme et lasolidarité des soldats.

C'est donc une oeuvre de contrastes qui, du burlesque au pathétique, dépeint la conditionhumaine et bouleverse la littérature de son temps.. »

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