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Causeries du lundi de Saint-Beuve (analyse et critique)

Publié le 13/10/2018

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Les trois cent trente articles en quinze volumes des Causeries du lundi (1851-1862). les cent trente-neuf articles en treize volumes des Nouveaux Lundis (1863-1870) représentent la majeure partie de la production littéraire de 1849 à 1869 (si l’on excepte, principalement, Chateaubriand... L'Étude sur Virgile, ainsi que les trois articles de 1865 sur Proudhon qui seront recueillis en volume en 1872 chez Michel Lévy sous le titre P.J. Proudhon, sa vie et sa correspondance, 1838-1848).

 

Les thèmes en sont d’une extrême diversité et dictés par l’actualité éditoriale ou les goûts du critique : depuis ï'Antiquité jusqu’à la plus brûlante contemporanéité, avec une prédilection pour les xviiie et xixe siècles. Se cantonnant aux domaines gréco-latin et français, sans exclure quelques excursions à l’étranger (Dante, Cervan-tès, Gibbon, William Cowper...), Sainte-Beuve fait place, à côté des écrivains, aux stratèges, aux politiques, aux femmes du monde, avec cette préférence — qu’on lui a tant reprochée — pour les talents secondaires, plus accessibles et représentatifs de leur époque.

 

La « causerie » (ou le « lundi », d’après le jour ordinaire de sa publication) marque, par rapport au « portrait », un triomphe de l’essai sur la biographie et du jugement sur la compréhension par sympathie : mutation radicale du point de vue, de la manière et du style. Le critique, désormais, sans négliger l’homme, l’aborde davantage par ses œuvres, sur lesquelles il jette un regard aigu, désabusé, moins indulgent sous l’extrême urbanité de ton; le portrait est plus ramassé, les traits s’accusent avec plus de vivacité.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Il ne faut pas oublier que le « lundiste » que fut Sainte-Beuve - ce néologisme fut créé à son intention - se doubled'un écrivain, auteur notamment de Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme (1829) et de Volupté ( 1834) (romandont Balzac s'inspira pour écrire Le Lys dans la vallée).

Les Causeries du lundi ne doivent pas seulement être luescomme le produit d'un critique, mais également comme celui d'un écrivain qui affirme ses prédilections littérairesavec une grande indépendance d'esprit. Causeries du lundi de Charles Augustin Sainte-Beuve constituent une somme impressionnante d'articles (15 tomes)qui paraissaient le lundi - d'où le titre éponyme du recueil -, qu'il rédigea entre 1851 et 1862 pour un quotidien. Un critique qui a marqué son siècle Sainte-Beuve analyse en ces termes ce qui l'a poussé à accepter l'offre du Constitutionnel pour entretenir le lecteurde « pure littérature et pure critique » : « Il y avait longtemps que je demandais qu'une occasion se présentât à moid'être critique, tout à fait critique comme je l'entends, avec ce que l'âge et l'expérience m'avaient donné de plusmûr et aussi peut-être de plus hardi.

Je me mis donc à faire pour la première fois de la critique nette et franche, à lafaire en plein jour, en rase campagne ».

Il livre avec un égal intérêt éclectique ses considérations sur despersonnages historiques, telle Jeanne d'Arc, sur l'Antiquité ou sur des écrivains du XVIIIe et du XIXe siècle (auteursqu'il privilégia tout particulièrement), avec toutefois des excursus dans la littérature étrangère, représentéenotamment par Cervantes, Goethe et Dante. Un critique contesté L'activité critique de Sainte-Beuve a été ......i longtemps considérée comme une somme de jugements arrêtés etdéfinitifs sur une œuvre littéraire.

Mais il faut réévaluer cette prise de position.

Le terme « causerie » renvoie à uneforme déliée et capricieuse d'exposé, comme le serait une conversation (même si ses articles font preuve d'unestructure très élaborée où domine un parti pris pour l'esthétique classique), et qui témoigne également d'uncaractère oral (l'auteur rapporte nombre de propos d'auteurs).

C'est avant tout au journal de ses lectures que nousconvie Sainte-Beuve, en privilégiant le point de vue d'une conscience individuelle sur des auteurs : on l'a accusé àcet égard de favoriser certains auteurs mineurs et de méconnaître des auteurs aussi prestigieux que Stendhal ouBalzac.

Ce qui caractérise les Causeries du lundi, ce sont toutes les notices biographiques, les réflexions à caractère moral ou psychologique qui accompagnent les commentaires sur une œuvre - selon Sainte-Beuve, l'homme etl'œuvre ne se conçoivent pas l'un sans l'autre -, attitude que Marcel Proust condamna avec véhémence.. »

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