CARMEN DE BIZET
Publié le 30/03/2013
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Publiée en 1845, Carmen eut un succès considérable. Son histoire entra même plus encore dans la légende avec l'opéra de Georges Bizet en 1875, composé sur un livret adapté par Henri Meilhac et Ludovic Halévy.

«
« -Va-t'en vite, me dit-elle en
basque.
Je restai
stupéfait, la rage
dans le cœur.,.
EXTRAITS- -------
Don José raconte sa première rencontre
avec
Carmen
Dans mon pays, une femme en ce costume
aurait obligé le monde à compliment
gaillard sur sa tournure ; elle répondait à
chacun,
faisant les yeux en coulisse, le
poing sur la hanche, effrontée comme une
vraie bohémienne qu'elle était.D'abord elle
ne me
plut pas, et je repris mon ouvrage;
mais elle, suivant l'usage des femmes et des
chats qui ne viennent pas quand on les
appelle
et qui viennent quand on ne les
appelle pas, s'arrêta devant moi et
m'adressa la parole :
- Compère,
me dit-elle à la façon anda
louse, veux-tu me donner ta chaîne pour
tenir les clefs de mon coffrejort ?
,, -C'est pour attacher mon épin-
glette, lui répondis-je.
-
Ton épinglette ! s'écria
t-elle en riant .
Ah !
'j~ ~ti-:: .
monsieur fait de la
' ~l \~: dentelle, puisqu'il a
besoin d'épingles !
Tout le
monde qui
était là se mit à rire,
et moi je me sentais
rougir, et je ne pou-
vais trouver rien à lui répondre.
-Allons, mon cœur, reprit-elle.fais-moi sept
aunes de dentelle noire
pour une mantille,
épinglier de mon âme !
Et prenant la fleur de cassie qu'elle avait à
la bouche, elle me la lança, d'un mouvement
du pouce, juste entre les deux yeux.
Monsieur, cela
me fit l'effet d'une balle qui
m'arrivait ...
Je ne savais où
me fourrer, je
demeurais immobile comme une planche.
Pour peindre la mort de Carmen dans
la dernière page
du roman, Mérimée
refuse les effets pathétiques faciles
Je me jetai à ses pieds, je lui pris les mains,
je les arrosai de mes larmes.
Je lui rappe
lai tous les moments de bonheur que nous avions
passés ensemble.
Je lui offris de
res
ter brigand pour lui plaire.
Tout, monsieur,
tout ;
je lui offris tout, pourvu qu'elle vou
lût m'aimer encore !
Elle me
dit:
-T'aimer encore, c'est impossible.
Vivre
avec
toi,
je ne veux pas.
La fureur me possédait.
Je tirai mon cou
teau.
J'aurais voulu qu'elle eût peur et me
demandât grâce, mais cette femme était un
démon.
-Pour la dernière fois, m'écriai-je, veux-tu
rester avec moi !
-
Non! non! non ! dit-elle, en frappant du
pied.
Et elle tira de son doigt une bague que
je lui avais donnée, et la jeta dans les brous
sailles.
Je la frappai deux
fois.C'était le couteau du
Borgne que j'avais pris, ayant cassé le mien.
Elle tomba au
second coup sans crier.
Je
crois voir encore son grand
œil noir me re
garder fixement ; puis il
devint trouble et se
ferma.
Je restai anéanti
une bonne heure devant
ce cadavre.
Puis,
je me
rappelai que Carmen
m'avait dit souvent
qu'elle aimerait à être
enterrée dans un bois.
Je lui creusai une fosse
avec
mon couteau, et je
l'y déposai.
Je cherchai
longtemps sa bague et
je la trouvai à la fin.
Je la mis dans la fosse
auprès
d'elle avec une petite croix.
Peut
être ai-je eu tort.
Ensuite,je montai sur mon
cheval,
je galopai jusqu'à Cordoue, et au
premier corps de garde je me fis connaître.
J'ai dit que j'avais tué Carmen, mais je n'ai
pas voulu dire où était son corps.
L'ermite
était un saint homme.
Il a
prié pour elle.
Il
a dit une messe pour son âme ...
Pauvre
en
fant ! Ce sont les Calés qui sont coupables
pour /'avoir élevée ainsi.
« Garcia était déjà ployé en deux comme un chat
prêt à s'élancer contre
une souris.
Il tenait son chapeau
de
la main gauche pour
parer, son couteau en avant.
C'est leur garde
andalouse.
,.
~
NOTES DE L'EDITEUR les abandonner aussitôt.
Elle ne cherche
qu'à accumuler les plaisirs et les folies en
volant partout.
Elle peut s'abandonner à
l'amour avec une grande générosité pour
ensuite faire tuer sans scrupule son amant.
Don José est finalement le seul dont elle ne
se débarrasse pas : elle semble avoir vu -
par superstition -qu
'au bout de leur amour
il lui donnerait la mort, et elle l'y conduit
avec une provocation et un entêtement
farouche.
Carmen vue par Nietzsche
Sur le personnage de Carmen
Carmen semble être un personnage créé
pour le tourment de l'homme : sa beauté est
si scandaleuse que les bigotes se signent sur
son passage à la sortie de l'usine de tabac
où elle travaille.
Elle confond
en elle les
gestes de la vierge et de la prostituée, à la
fois douce et cruelle, fidèle et débauchée ;
elle se soumet à ses moindres caprices pour
1 pastel de S.
Rochard, musée Renan-Scheffer / © Roger-Viollet 2, 3, 4, 5 ill.
de Alex Dunois, 1901 / © Giraudon
Nietzsche fut le premier à attribuer à
Carmen une signification positive : une
revendication de l'esprit méditerranéen
envers l'esprit germanique.
Il célèbre en
Carmen la passion dépouillée de tout
sentimentalisme comme
« du mensonge de
grand style
», une sensibilité sèche et
ardente
qu'il dit« africaine», une sauvage
et fascinante image de
l'amour dans ce qu'il
a d'implacable, de fatal, de cynique,
de candide et de cruel.
MÉRIMÉE 02.
»
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