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CAPITALE DE LA DOULEUR Paul Éluard

Publié le 28/09/2018

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Paul Éluard. Poèmes, 1926.

 

Sous ce titre, Éluard (1895-1952) a

 

rassemblé de «nouveaux poèmes» et

 

des œuvres publiées antérieurement: Répétitions (1922) et Mourir de ne pas mourir (1924). Ce rapprochement fait apparaître l’évolution qui le mène de Dada au surréalisme. Répétitions est composé de fragments de poèmes, qui ont été abandonnés lors de la rédaction définitive. Éluard « réclame » comme sa propriété ce qui a été ainsi abandonné : c’est le sens juridique du mot répétition. Mais le «dadaïsme» d’Éluard est aussi un travail sur la langue: il «répète» des locutions usuelles et, purifiant la langue, restaure son pouvoir de communication. Enfin la répétition de mêmes mots dans chaque poème confère à celui-ci une structure qui en fait un objet autonome.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)1 • LE CONTEXTE Pour « changer la vie », Eugène Grindel, qui a pris pour nom de plume « Paul Éluard », a beaucouptenté : l'amour de Gala, qui l'abandonnera pour le peintre Dali, les outrances du mouvement « Dada », l'adhésion auparti communiste, qui entraînera d'autres ruptures.

Mais l'expérience essentielle à son activité poétique procède dela révolution surréaliste : exploration de l'inconscient, de l'inconnu et de tous les ailleurs, libération de l'écriture etquête du « stupéfiant image » (Breton).

À trente et un ans, Éluard publie son premier grand recueil, Capitale de ladouleur, « miroir merveilleux » qui donne au surréalisme sa première expression poétique complète. 2 • LE TEXTE Ce recueil réunit une centaine de poèmes, dont la moitié étaient parus en plaquettes.

Entre lapremière partie, Répétitions (1922), et les Nouveaux poèmes, en passant par Mourir de ne pas pas mourir (1924),s'élabore un univers poétique qui explore avec une maîtrise croissante les domaines mitoyens du rêve et de laréalité.

Mais c'est aussi un itinéraire moral : le poète, d'abord désorienté par la guerre et muré dans sa solitude,refuse pourtant de « capituler devant la douleur » et tente d'apprivoiser les forces obscures qui l'attirent vers ledésespoir.

Ainsi, dans les derniers poèmes, la femme aimée paraît pouvoir le délivrer de sa position intérieure. 3 • LES THÈMES MAJEURS • Le sentiment de solitude Que cette « capitale de la douleur » symbolise Paris, la ville oùréside le poète blessé, ou bien Gala, sa « métropole » affective, ce recueil est une plainte adressée à une femme quisemble déjà appartenir au passé.

Tout l'espace qui environne l'amoureux délaissé semble se resserrer autour de lui. • La femme initiatrice Éluard célèbre en la femme non seulement l'être « plein de vie » et aimé, mais aussi la mère decelui qu'elle aime.

Plus qu'une amante, la femme est l'unique raison de vivre du poète : « Ô toi [...] qui me mets aumonde ».

Ainsi, vivre, pour Éluard, c'est aimer et être aimé.

Point de salut en dehors de celle qui lui ouvre les yeuxet le coeur sur « l'espace amoureux » ; car sans elle l'homme reste un aveugle-né.

• La quête des grands espacesL'aversion du poète pour les lieux clos le pousse à rechercher un espace ouvert, « à perte de vue ».

Ainsi tout estbon pour créer des échappées et ménager des perspectives : « Les bêtes qui descendent des faubourgs en feu, /Les oiseaux qui secouent leurs plumes meurtrières, / Les terribles ciels jaunes, les nuages tout nus...

» 4 • L'ÉCRITURE • Un langage épuré Si le recueil porte trace des fulgurances dadaïstes et de l'écriture automatiqueoù s'épanouit l'inconscient surréaliste, son originalité tient à la simplicité de son ton.

« J'ai la beauté facile et c'estheureux », dit « la Parole ».

Éluard opte pour un style transparent ; il nous fait part de son émerveillement ou de sastupeur anxieuse avec les premiers mots venus : « Je suis au bras des ombres, / Je suis au bas des ombres, / Seul »(Absences II).

• Une atmosphère mystique Il n'existe pas de frontière entre l'univers intérieur du poète et le mondeextérieur.

Par l'évidence mystérieuse des images, en mélangeant termes concrets et notions abstraites, Éluarddonne à ces poèmes une dimension métaphysique : « Le désespoir n'a pas d'ailes, / L'amour non plus, / Pas devisage...

». »

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