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Candide ou l'Optimisme: lire et analyser l'oeuvre

Publié le 29/09/2018

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Candide ou l’Optimisme (1759) est un conte philosophique de Voltaire, un des esprits frondeurs les plus brillants du siècle des philosophes et appartenant au mouvement des Lumières. Il s'illustre tout d’abord par un optimisme face à la civilisation dans son œuvre Le Mondain (1736) puis à la suite du drame de Lisbonne en novembre 1755, il devient de plus en plus critique sur sa société et choisit le conte philosophique pour échapper à la censure. Nous pouvons donc nous demander : « En quoi l’affirmation de Voltaire dans Le Taureau blanc s’applique à Candide ? ». Dans un premier temps, nous analyserons la vraisemblance nécessaire au conte philosophique puis, nous expliquerons pourquoi il ne doit pas ressembler à un rêve.

 

D’une part, la vraisemblance est nécessaire au conte philosophique car celle-ci permet d’accentuer le sentiment de réalité du lecteur et permet ainsi au lecteur de s’identifier à la scène. Cette vraisemblance a un impact sur le récit notamment en ce qui concerne le cadre spatio-temporel avec de nombreux pays visités par le personnage éponyme Candide à travers ses périples permettant de situer le lecteur géographiquement. Dans l’œuvre de Candide, Voltaire reprend des faits qui se sont réellement déroulés comme le séisme de Lisbonne, l’Inquisition et la guerre de 7 ans (qui a opposé la France et l’Angleterre à la Prusse) permettant de situer temporellement le lecteur. La vraisemblance du conte permet ainsi d’évoquer des sujets plus graves comme la guerre et l’esclavage à travers les différentes rencontres opérées (le nègre de Surinam, la vieille ...).

De plus, cette œuvre est un récit politique et philosophique car le sous-titre de l’œuvre (L’Optimisme) renvoie à la philosophie de Leibniz par l’intermédiaire de Pangloss par la formule « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », en effet, la philosophie leibnizienne qui part du principe de la perfection et de la bonté divine. Par conséquent, selon Leibniz, rien ne peut être aussi parfait que Dieu donc le monde n’est pas parfait, or, comme Dieu est bon alors le monde qu’il a créé est forcément le meilleur possible. Cette citation marque l’ironie du récit car elle est en opposition avec les différents malheurs auxquels Candide va être confronté tout au long du récit : la guerre, le tremblement de terre, l’esclavagisme, l’autodafé . Ces divers maux auxquels Candide va devoir faire face représentent la réalité du monde au XVIIIème siècle que Voltaire cherche à dénoncer à travers son œuvre. D’une part, Voltaire dénonce la guerre et ses atrocités (chapitre 3) lorsque Candide se retrouve enrôlé dans l’armée bulgare où il va être confronté à l’horreur de la guerre. De plus, Voltaire dénonce le fanatisme religieux (chapitre 6) lorsque Candide se fait arrêter par un inquisiteur suite au tremblement de terre et qu’il subit l’autodafé. Enfin, Voltaire dénonce l’esclavagisme (chapitre 19 et 26) lorsque Candide rencontre le nègre qui lui fait part de sa vie inhumaine puis lorsqu’il retrouve Cacambo qui est devenu l’esclave d’un roi déchu. La moralité de l’œuvre réside dans la citation « il faut cultiver notre jardin » (chapitre 30) lorsqu’ils se

« retrouvent tous dans une métairie et vivent une existence misérable mais ils vont chercher à combler l’ennui en s’investissant tous dans leur jardin et en travaillant tous ensemble à la construction de leur bonheur commun (le jardin devient alors l’allégorie du bonheur).

Enfin, cette œuvre est un récit satirique car la présentation des personnages du conte est marquée par de nombreux procédés ironiques (chapitre 1) notamment à l’égard de la noblesse avec « il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers » lignes 8-9 et « très grande considération » ligne 19 qui insistent sur l’orgueil des nobles.

De plus, les hyperboles « le plus beau des châteaux » ligne 29, « la meilleure des baronnes possibles » lignes 29-30 et « le plus grand baron de la province » ligne 38 ainsi que le superlatif « un des plus puissants seigneurs de la Westphalie » lignes 11-12 marquent l’ironie de la situation car en opposition, sa description du château montre que le baron n’est ni riche ni puissant « son château avait une porte et des fenêtres » ligne 12, « sa grande salle était même ornée d’une tapisserie » ligne 13, « composaient une meute » ligne 14 et la double fonction de ses serviteurs « ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier » lignes 15-16.

L’intention de Voltaire est de critiquer la noblesse et de la dévaloriser.

Voltaire ridiculise le personnage de Pangloss et la philosophie qu’il incarne par une parodie de la philosophie de Leibniz (chapitre 1) « Pangloss enseignait la métaphysico- théologo -cosmolonigologie » ligne 26 et l’hyperbole « le plus grand philosophe de la province et par conséquent de toute la terre » lignes 47 -48 ainsi que l’expression « oracle » qui signifie qu’il a réponse à tout (ligne 23).

Candide va ensuite retrouver Pangloss dans un état déplorable (chapitre 4) après que celui- ci se soit fait également expulser du château du baron mais malgré cela l’ironie réside dans le fait que celui- ci conserve sa philosophie « le meilleur des mondes » lignes 49 -50 malgré ce qui leur arrivent.

Enfin, Candide retrouve Pangloss (chapitre 28), ce dernier lui raconte alors comment il a pu échapper à l’autodafé et comment il a ensuite été entraîné dans les galères.

La philosophie de Leibniz est donc à nouveau ridiculisée car la situation de Pangloss ne s’arrange pas et au contraire celle-ci s’empire au fur et à mesure de son récit.

Enfin, Voltaire insiste sur l’ironie de la guerre (chapitre 3) et de l’inquisition (chapitre 6).

Dans le chapitre 3, la première marque d’ironie est d’avoir glissé le mot « canons » ligne 3 dans une énumération consacrée à la musique ainsi que le mot « harmonie » ligne 3 qui se trouve en décalage avec la réalité de la guerre.

De plus, les références approximatives des dégâts fait par la guerre ligne 4 « à peu près six mille » souligne l’ironie avec un narrateur qui ne semble pas apporter beaucoup d’importance à la mort sur le champ de bataille, ceci est également marqué par l’oxymore « boucherie héroïque » lignes 10-11 (c’est également le cas dans le deuxième paragraphe où ceux qui organisent cette boucherie n’ont pas pris conscience que les victimes à plaindre sont les populations civiles).

Dans le chapitre 6, l’ironie est également présente avec l’oxymore « bel auto-da-fé » ligne 4 et la litote « brûlées à petit feu » ainsi que le champ lexical mélioratif (sages, plus efficace …) qui révèle l’ironie du narrateur à l’égard de l’institution.

De plus, l’ironie s’exerce avec l’attitude intolérante de l’église (contre les juifs, les mariages non approuvés …) et l’aspect arbitraire des motifs.

Enfin, la chute « le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable » lignes 24-25 révèle à nouveau l’ironie car malgré tous ces sacrifices faits, la terre continu de trembler et par conséquent, l’inquisition n’a servi à rien. Pour conclure, cette œuvre est donc un récit parodique car on retrouve les éléments du conte traditionnel mélangés avec ceux du roman picaresque et du récit utopique.

De plus, c’est également un récit politique et philosophique car Voltaire frappé par l’horreur du monde dans lequel il vit, va caricaturer la philosophie optimiste de Leibniz en faisant une critique sociale de ses contemporains en mettant en scène Candide dans des situations réalistes pour son époque.

Enfin, ce récit est satirique car cette œuvre utilise de nombreux procédés ironiques pour accentuer la critique faite des nobles, de la philosophie leibnizienne, de la guerre, de l’inquisition … Candide ou l’Optimisme fut une œuvre pour Voltaire car cette histoire fictive. »

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