Calendal (Calendau) de Mistral (résumé & analyse)

Calendal (Calendau)

Mistral n’est pas un poète de l’imaginaire. Il le prouve, dans ce second poème épique — en douze chants lui aussi, mais de caractère « héroïque » —, en puisant aux sources du genre troubadour français. Une œuvre du vicomte François de Villeneuve-Bargemont, Lyonnel ou la Provence au xiiie siècle (Paris, 1832), se trouve à la base d’une intrigue qui utilise aussi les voyages érudits et romancés de Marchangy (la Gaule poétique, 1813; Tristan le Voyageur, 1825). La pauvreté narrative de Calendal contribue à mettre en évidence sa valeur profonde. Si l’espace provençal domine ici encore la création littéraire, il trouve le relais du temps, le relais de l’histoire pour exprimer, tout en symboles, les revendications de l’« idée provençale » à travers « les rythmes gigantesques de la fécondité universelle » (R. Lafont, Mistral ou l'Illusion).

Synopsis. — Un jeune et vaillant pêcheur de Cassis, Calendal, a accompli mille exploits pour conquérir la femme qu'il aime, et il est prêt à en accomplir d'autres, pour peu qu’elle lui promette son amour. Mais la dame s'y refuse, et, devant le désespoir du jeune homme, elle se justifie en lui racontant sa triste histoire. Elle est la descendante de la famille des Baux, illustre au temps des troubadours (i). Parmi les nombreux jeunes gens qui la courtisaient, elle a choisi le comte Séveran. Mais, le jour même de ses noces, l'homme s'est montré ignoble et a révélé sa vraie personnalité : il est le chef d'une bande de brigands. La jeune épousée s’est enfuie dans les montagnes, où Calendal l'a rencontrée (n). Le héros part à la rencontre de Séveran, non sans se demander comment il pourra lutter seul contre une armée de bandits. Il se trouve pourtant en face de son ennemi, et, pour le provoquer, il lui raconte ses aventures passées (ni) et surtout sa rencontre, sur le mont Gibal, avec une femme aussi belle qu'une fée — que la fée