BUCOLIQUES (les) d'André Chénier (fiche de lecture et critique)
Publié le 15/10/2018
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BUCOLIQUES (les). Recueil poétique inachevé d'André Chénier (1762-1794), reconstitué par les éditeurs à partir des manuscrits conservés. Seuls sont terminés, ou quasiment, *TAveugle\", \"la Liberté\", \"le Malade\", \"le Mendiant\", et à un moindre degré, \"l'Esclave\" (titres attestés). Le reste comprend des fragments en attente d'insertion, ébauches, canevas, vers épars, notes préparatoires en prose.
Les rares poèmes achevés font voir vers quel type d'« idylles » s’orientait A. Chénier. Le mètre était l'alexandrin à rimes plates. Le nombre de vers allait de 150 à plus de 300. L’allure générale était celle d’un récit touchant édifiant, exaltant. Avec TAveugle” le mode pastoral rejoignait l’héroïque. L’auteur commençait par rédiger un résumé de quelques lignes puis il brodait un canevas en prose (voir \"le Malade’’, “les Navigateurs”). Voici le résumé de \"la Liberté\" : « Un jeune homme libre et un esclave se rencontrent [...]. L’homme libre fait à l’autre avec ravissement la peinture des beautés de la nature dont ils jouissent [.J. L'esclave répond qu’il ne les voit point [...], le brusque [...] et oppose des malédictions contre lui-même à toutes les extases de l’autre. Le style de l’un est doux et fleuri, celui de l’autre dur et sauvage. » À l’origine de \"l'Aveugle” il y a le quadro suivant : « Homère chantant dans un village et des hommes et des femmes et des enfants lui donnant des fruits, et d'autres hommes et d’autres femmes accourant pour l’entendre. » Le résumé annonce de plus près le mouvement du texte : « Des petits garçons rencontrent dans la forêt un aveugle [...]. Ils lui donnent l'un son pain, l’autre ses pommes, l’autre ses olives, et du pain à son chien [.J. Ils le font chanter [...]. Il leur chante [...] et puis ils le ramènent au village qui vient au-devant de l’aveugle et lui fait fête. C’est Homère. »
Quant aux morceaux en attente, épigrammes, ex-voto, fragments narratifs, leur perfection, leur « fini » les a fait prendre pour des pièces achevées, se suffisant à elles-mêmes et admirées comme telles. Citons \"l’Enfant et la Flûte\", \"la Jeune Tarentine\" (Myrto), \"Néère”, \"Dryas\", \"Amymone”, \"Chrysé\", \"Damalis\" (ces titres ne sont pas de Chénier). Plusieurs des récits appellent une suite et la question se pose de leur incorporation dans un ensemble homogène.
«
Les rares poèmes achevés font voir v e rs quel type d'« idy lles » s'orienta it A Chén ie r.
Le mè tre
était l 'alexa ndri n à rimes pla t es ..
Le nomb re de vers allait de .ISO à p lu s de 300.
L'a llure générale
était celle d'un récit touc hant édifiant, exaltant.
Avec " l'Aveug l e" le mc:ide pastora l rejo igna it
l'h éro ï que.
L'auteur commençait par réd iger un
résumé de quelques lig n es p uis il bro d ait un canevas en prose (voir " le Malade" , "les Nav iga teurs").
V oici le résumé · de "la Liberté" : «Un jeune homme lib re et un esclav e se ren
contrent ( ...
).
L'homme libre fait à l'au tre avec ravi ssement la peint u re des beautés de la nat ure dont ils joui ssent ( ...
].
L'es clave répond qu'il ne les voit point ( ...
].
le bru sque [ ...
) et oppose d es malé d ict ions contre lu i-même à t out es les exta ses de l'autre .
Le style de l'un est doux et fle uri, cel u i de l'autre dur et sauvage.» À l'orig ine de "l'Aveugle" il y a le quadro su ivan t : « Ho mère
c h antant dans un village et des hommes et des
femmes et des e nfants lui donna nt des fruits, et d'autres homm es e t d'autres femm es accourant
pou r l'en t endre.» Le résumé an nonce de plu s
près le mouveme nt du texte : « Des petits gar
çons rencontrent dans la forêt un a veug le [ ..
.).
Ils lui donnent l'un son pain , l'autre ses pom me s, l'autre ses o lives.
et du p ain à son ch ien [ ..
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Ils le font cha n ter [ ..
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Il le u r chante [ ...
] et puis ils le
ramènent au v illage q ui vie nt au-devant de l'ave u g le e t lui fait fête.
C'e st Ho mère ..
» Quant aux morceaux en attente , ép igramm es,
e x-voto, frag ments narratifs , leur perfect .ion, leu r « fini » les a fait prendre pour des pièc es ache
vées, se suffisant à elles- mêmes et ad m irées
com me telle s.
Citons "l'Enf ant et la Flûte", "la jeune Tarentine" (Myrt o}.
"Néère", "Dryas",
" Am ymon e", "Chrysé", "Dam alis" (ces titre s ne
sont pas de Chén ier}.
Plus ieurs des récits appe l
l ent une suite et l a quest io n se pose de leur incorporation dans un ense m ble homogène.
Comment lire les Bucoliqu es , e t
d'abord comment les or
donn er ? J ean
Fabre préconisa
it pour ell es un ordre
«esthétique>>, ajoutan t : "[ ...
) l'éditi on
qu'en a donnée Heredia permet
d 'entrevo ir ce qu
'on peut entendre par
là.
» Certes, la te ntati ve d'Heredia
(publiée en
190 7) est intelligen te,
inspirée
et vaut cert aine me nt mieux
que la pulvérisation , aussi savante que
ruineu s
e, opérée par P.
Dimoff (1908)
e t aggravée par G.
Walter (1940 ).
Mais
le regard du grand parnassien,
pour
sensible qu 'il soi t, iso le la poésie de
C héni er de
tout contexte historique,
biographique et même esthétique,
l 'enclôt dans
un lieu d'intemporalité,
sorte de musée éloigné des drconstan
ces, des motivations ,
voire de certaines
intentions inscrites et repérables dans
les brouillons de l'œuvre à naître.
Un coup d'œil sur la genèse doit pré
cé der
une analyse du contenu.
Le
jeun e Chénier, qui s'exerçait dans plu
sieurs genres ou
styles de poésie à la
fois, prit tr ès tôt l'habitude de porter
en tête des feuillets des sigles distinc
tifs.
La syllabe f3ouK apparaît déjà sur
une
« imit ation de la ge Églogue de
Virgil e
» rédigée à seize ans.
En revan
che, elle ne figur e pas sur l'« imitation
de la
27e Idylle de Théocrite » à peine
plus tardive, habituellement appelée
"l'Oaristys".
Si l'on ne retient pour une
édition " critique » des Bucoliques que
les papiers revêtus
du signe f3oux:.
(dont
j'ai dénombré, sauf erreur, quatre
v
ingt-huit occurrences) ou elô.
(que
Chénier emploie deux fois), il faudra
éliminer du recueil
un certain nombre
de textes
qu' on y rangeait auparavant.
Ce dernier y gagnera- t-il en homog é
néité? Chénier s'entraî nait au «chant
bucolique » dès 1778 et l'inspiration
bucolique le visitait encore
« à Catillo n
près
Forge s , le 4 août 1792 » : entre ces
deux dates, enquêtes
et rêveries ont
emp li l'espace sans parvenir à le .
combler .
Idylles de Théocrite, Églogues de Vir
gile, comme on disait alors : deux
mo dèles canoniques.
L'adoption du
mot Bucoliques, qu'il écrit volontiers en
grec, montre un intention de se démar
quer des usages
en cours.
Pourtant, la
dis jonc
tion de l'antique et du moderne
n'a pas de sens avec Chénier.
Au fil des
ans le répertoire des modèles
à imiter
va s'élargir aux dimensions de l'uni
ve
rs : tous les lyriqu es grecs et latins ,.
»
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