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BRITANNICUS de Corneille (analyse détaillée)

Publié le 19/10/2018

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corneille

ACTE V. — Craintes de Junie. Joie d'Agrippine qui se croit à nouveau toute-puissante. Mais on apprend l'empoisonnement de Britannicus. Imprécations d’Agrippine contre Néron à qui elle prédit la série de ses crimes et leur châtiment. Albine annonce que Junie, protégée par le peuple, s'est réfugiée chez les Vestales el que Néron, séparé d'elle, est en proie à une sombre mélancolie.

 

Racine, par conséquent, n’a donné à l’amour que la « seconde place » dans sa tragédie. Comme Corneille, il a embelli sa pièce de longs discours et de longs récits où s'évoquaient, les spectateurs, tous les souvenirs d'histoire romaine dont le collège les avait nourris. Son Agrippine est une ambitieuse forcenée, de celles pour qui les grands desseins justifient les grands crimes. Elle est fort semblable à la Cléopâtre de cette Rodogune que Corneille et beaucoup d’autres tenaient, avec Cinna, pour son chef-d’œuvre. Enfin, si Corneille s’est inspiré, pour écrire Cinna, du De clementia de Sénèque, Racine en a suivi de près certains passages dans le discours de Burrhus à Néron (IV, III). Il a fait, en un mot, tout ce qu’il fallait pour démontrer qu'il savait atteindre les \"beautés pleines\" aussi bien que les beautés « de sentiment ».

 

Britannicus, tragédie racinienne. — Mais si, dans Bri-tannicus, Racine a voulu rivaliser avec Corneille, il n’a certainement pas voulu l’imiter. Il nous a dit lui-même, dans sa première préface, avec une ironie cruelle, mais clairvoyante, ce qu’étaient les tragédies de Corneille vers 1669 et ce que ne devait pas être Britannicus : « Que faudrait-il faire pour contenter des juges si difficiles ? La chose serait aisée, pour peu qu'on voulût trahir le bon sens. Il ne faudrait que s’écarter du naturel, pour se jeter dans l'extraordinaire. Au lieu d’une action simple, chargée de peu de matière, telle que doit être une action qui se passe en un seul jour, et qui, s’avançant par degrés vers sa fin, n’est soutenue que par les intérêts, les sentiments, et les passions des personnages, il faudrait remplir cette même action de quan-

....  Mais il n’y est presque jamais question que de vérité érudite ; il s’agit de savoir si Racine a eu le droit de faire vivre Britannicus et Narcisse deux ans de plus qu’ils n’ont vécu, ou si Racine n’a pas confondu Junia Silana et Junia Calvina. Or c’est une autre vérité que Racine a traduite dans sa pièce. L’histoire pour Corneille est surtout faite de problèmes politiques ou diplomatiques. Elle est un prétexte à exposer l'art de gouverner, de commander ou de conspirer. Elle est faite de discussions et de raisonnements. Elle est oratoire. Racine, au contraire, n'a pas, dans Britannicus, prétendu nous apprendre la science du gouvernement. Il a simplement voulu faire un tableau de la cour impériale au moment où Néron va devenir l’horreur du monde. Les plaintes d'Agrippine, l’histoire des premières années du règne que nous fait Burrhus (I, II), la justification d’Agrippine (IV, II) n’ont pas seulement un intérêt dramatique et psychologique ; elles peignent ; elles sont l’évocation pittoresque d’intrigues féroces et de remous sanglants.

 

Racine n’a eu, pour cette peinture, qu’à suivre Tacite (I). « J’étais alors si rempli, dit-il, de la lecture de cet excellent historien qu’il n’y a presque pas un trait éclatant dans ma tragédie dont il ne m'ait donné l’idée. *, C’est Tacite, en effet, qui lui fournit les événements de sa pièce (au XllIe livre des Annales), Il n’a inventé que les amours de Britannicus et de Junie et la passion soudaine de Néron pour Junie. C’est Tacite qui lui a donné les traits essentiels du caractère de Néron et d’Agrippine, suggéré ceux de Britannicus, Narcisse, Burrhus. Constamment sous les plaintes et les justifications d'Agrippine, presque vers par vers, on peut inscrire des phrases de Tacite. Mais Racine a imité l’historien en auteur dramatique. Il a groupé ce que le récit historique dispersait ; des traits épars dans une narration chronologique se sont assemblés

corneille

« AC1'E IV.

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appelle d Nhon ce qr�'il lui doit.

Ntron se justifie en accusant l'ambition d'Agrippine et son dessein de fui opposer Britmmic1ts.

Réplique violente ct désespérée d'Agrippine.

Néron cède eu appare nce; il se réconciliera avec Britan­ m' ctts.

ill ais ce u'esl qu'une fcùtlc, comme t't J'avoue à Burrlms.

Il pense à jaire périr BritannietJ ne veut pas laisser croire qu'il n.

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AcTE V.

-· Craintes de Jrmie.

Joie d'Agrippine qui se croit à n01t· veau toute-puissante.

Mais OtJ apprend l'empoisomoement de Britanni· CliS.

Imprécations d'Agrippine contre Néron d qui elle prédit la shie de ses crimes ellertr châtiment.

Albine a11n011te que Junie, protégée par le peuple, s'est réfugié e chet: les Vestales el que Néron, ûparé d'elle, est 01 proie à une sombre mélancolie.

Racine, par conséquent, n'a donné à l'amour que la« seconde place » dans sa tragédie.

Comme Corneille, il a 11 embelli J> sa pièce de lo ngs discours et de longs récits où s'évoquaient, pour les spectateurs, tous les souvenirs d'histoire romaine dont le collège les avait nourris.

Son A grip pin e est une ambitieuse forcenée, de celles pour qui les g ra nds desseins justifient les grands crimes.

Elle est fort semblable à la Cléopâtre de cette Ro dogune que Corneille ct beaucoup d'autres tenaient, avec Cin na, pour son chef-d'œuvre.

Enfin, si Corneille s'est inspiré, pour écrire Cinna, du De clementia de Sénèque, Racine en a suivi de près certains I?assages dans le discours de Burrhus à Né ron (IV, m).

Il a fa1t, en un mot, tout ce qu'il fallait pour démontrer qu'il savait atteindre les tc beautés plein es 11 aus si bien que les beautés « de sentiment ,,_ " Brita nnicus,, tr agé die racinienne.

-Mais si, dans Bri­ Umnicus, Racine a voulu rivaliser avec Corneille, il n'a certaine­ ment pas voulu l'imiter.

Il nous a dit lui-même, dans sa pre­ mière préface, avec une ironie cruelle, mais clairvoyante, ce qu'étaient les tragédies de Corneille vers 1669 et ce que ne devait pas être Britannicus : 11 Que faudrait-il faire pour conten­ ter des juges si difficiles ? La chose serait aisée, pour peu qu'on voulût trahir le bon sens.

Il ne faudrait que s'écarter du naturel, pour se jeter dans l'extraordinaire.

Au lieu d'une action simple, c ha rgé e de peu de matière, telle que doit être une action qui se passe en un seul jour, et qui, s'avançant par degrés ver s sa fin, n'est soutenue que par les intérêts, les sentiments et les passions des personnages, il faudrait remplir cette même action de quan-. »

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