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Bouvard et Pécuchet de Flaubert (résumé & analyse)

Publié le 06/12/2018

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flaubert
Bouvard et Pécuchet
 
Le dernier roman de Flaubert, sans doute une des entreprises les plus originales de la littérature française, a pour source, cependant, une nouvelle fort anodine, les Deux Greffiers, de Barthélemy Maurice : l’histoire de deux copistes qui, au moment de leur retraite, s’établissent à la campagne, se mettent à pêcher, à jardiner, s’ennuient mortellement, et ne retrouvent leur belle humeur qu'en recommençant à écrire sous la dictée l’un de l’autre.
 
Cette histoire, Flaubert la métamorphose, d’abord en gonflant la série des expériences que vont faire les deux bonshommes, ensuite en décidant de donner dans un second volume (qu'il n’a malheureusement pas eu le temps d’écrire) le texte de leur « copie ». Son roman est conçu comme « une encyclopédie critique en farce »; il passe en revue les sciences et systèmes de pensée de l’époque, commençant par l’agriculture et s’élevant jusqu’à la métaphysique et la religion, pour récapituler finalement le tout en une dernière expérience qui est celle de l’éducation. Entreprise démentielle, mais qui n’est pas sans précédent : rassembler en un livre toutes les connaissances de l'humanité. Entreprise la plus nihiliste qui soit, puisqu’il s’agit de démontrer que les sciences ne sont pas de la science, qu’il n’y a partout qu’incertitude, contradiction, sottise et prétention.
 
Du « second volume » que méditait Flaubert, il est difficile de se faire une idée précise : certains scénarios

flaubert

« indiquent qu'il aurait été· plus ou moins narratif, mais Flaubert Je présente ordinairement dans ses lettres comme un « volume de citations ».

Il aurait été consacré essentiellement, en tout cas, à la copie effectuée par les deux amis, et qui devait être un florilège de textes stupi­ des ou ridicules, pour lequel l'écrivain amassait depuis longtemps d'importants dossiers.

Le Dictionnaire des idées reçues devait y figurer également.

On comprend pourquoi Flaubert disait à Du Camp : « Ce sera le livre des vengeances ».

Quant à la « farce>> , elle est dans la caricature.

Comme Je roman de 1872, Bouvard et Pécuchet est un roman de l'éducation et comporte un double héros.

Mais Frédéric et Deslauriers sont devenus deux « vieillards abécédaires », et presque deux marionnettes.

Le récit repose sur un schéma sans cesse répété : documentation - expérimentation -échec.

La chronologie est des plus fantaisistes : à suivre l'écoulement du récit, Bouvard et Pécuchet auraient quatre-vingts ans quand ils entrepren­ nent l'éducation de Victor et de Victorine.

A mesure que Je livre avance, l'élaboration romanesque est de plus en plus rudimentaire, et maint passage ne consiste qu'en la restitution à peine narrativisée de longs extraits ou résu­ més de manuels.

Le style est elliptique, fanùlier, heurté, aux antipodes du style de Madame Bovary.

Enfin, dans Bou va rd et Pécuchet, Flaubert pousse plus loin que jamais son vieux projet (développé dans une lettre à propos du Dictionnaire) de plonger Je lecteur dans l'incertitude.

J.-P.

Moussaron a bien montré com­ ment la voix narrative se perd dans ce livre; en maint passage, on ne sait plus qui parle, du narrateur-auteur, d'un personnage (en indirect libre), du traité qu'il lit et commente.

A un autre niveau, il est impossible de savoir si Bouvard et Pécuchet sont des imbéciles dont Flaubert se moque, ou s'ils sont ses porte-parole; incertitude qui met en cause le sens même de tout Je livre, et les conclu­ sions qu'il faudrait en tirer.

BIBLIOGRAPHIE Nouvelles recherches sur « Bouvard et Pécuchet », Société des Études romantiques, Paris, S.E.D.E.S.-C.D.U., 1980; voir également C.

Duchet, C.

Mouchard e t J.

Neefs, dans Flaubert à l'œuvre [cf.

Bibliographie générale].. »

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