Bourdieu la domination masculine.
Publié le 26/10/2012
Extrait du document
«
dans toutes les sociétés humaines, il s’appuie pour cela sur une étude anthropologique de la société berbère de
Kabylie.
Il met en avant plusieurs problématiques, dans un premier temps, c’est la perpétuation des rapports de domination
des hommes sur les femmes «met en question explicitement la question obsessionnellement évoquée (…) de la
permanence ou du changement (constatés ou souhaités) de l’ordre sexuel »( Préface).
Et comment celle-ci apparaît comme naturelle, alors qu’elle n’est que le produit d’une construction sociale
arbitraire ainsi que biologique donnant une vision phallocentrique du monde.
Dans un deuxième temps, il dénonce le processus de déshistoricisation, qui est à l’origine de cette « éternisasion
relative des structures de la division sexuelle et des principes de vision correspondants »
Afin de donner une ouverture d’action collective de résistance, juridique et politique, contre la discrimination
symbolique dont les femmes sont victimes, il faudrait s’orienter vers une démarche de neutralisation de ces
mécanismes neutralisant l’histoire, et donner ainsi la possibilité aux femmes de s’imposer, jusqu’à être capables
d’ébranler les institutions contribuant à éterniser leur subordination.
Pour expliquer la Domination, Bourdieu procède en trois étapes majeures correspondant au découpage des
chapitres de son livre : tout d’abord il analyse les manifestations (plus ou moins visibles) de la domination
masculine (une image grossie), avant d’exposer les visions des deux sexes qu’elle engendre (l’anamnèse des
constances cachées), et de montrer par quels mécanismes se reproduit cette domination et son évolution
(Permanences et changement).
Il évoque pour terminer, l’impact de cette domination sur les couples homosexuels
et lesbiens (sujets de comparaison souvent présents dans l’ouvrage).
Préambule
Dans cette première étape, Bourdieu constate ce qu’il nomme le paradoxe de la doxa : « le fait que l’ordre du
monde tel qu’il est, avec ses sens uniques et ses sens interdits, au sens propre comme au sens figuré, ses
obligations et ses sanctions, soit grosso modo respecté »(…) « que l’ordre établi, avec ses rapports de domination,
ses droits(…) ses privilèges et ses injustices, se perpétue en définitif aussi facilement(…) et que les conditions
d’existence les plus intolérables puissent si souvent apparaître comme acceptables et même naturelles.
» C’est ce
qu’il nomme en parallèle la violence symbolique ( « violence douce insensible invisible pour ses victimes
mêmes »).
Seul un point de vue anthropologique serait capable de rendre à la fois la différence entre le masculin et le féminin
et sa nécessité sociologique, et ainsi de faire comprendre le processus de la transformation de l’arbitraire en nature
se produisant notamment grâce à des rituels mystiques (Que Virginia Woolf nomme « le pouvoir Hypnotique de la
domination » ) et un long travail de biologisation sociale.
Cette socioanalyse met en avant ce que l’auteur appelle des invariants et le paradoxe des institutions (notamment
l’école) à la fois lieux d’élaboration des principes de domination et champ d’action immense ouvert aux luttes
féministes.
Néanmoins il existe un risque dans cette analyse ethnologique celle de ratifier une représentation conservatrice du
mythe de l’éternel féminin en décrivant ce processus de biologisation, or c’est ce que Bourdieu veut à tout prix
éviter.
I UNE IMAGE GROSSIE
Afin de passer outre ces « schèmes »de cette construction de l’ordre masculin et rester objectif Bourdieu
entreprend sous forme d’expérience de laboratoire l’étude sociologique et ethnographique d’une population
berbère celle de Kabylie.
Le choix de cet objet d’étude est que, contrairement à la société de la Grèce antique, souvent prise comme modèle
de comparaison, la société Kabyle existe toujours.
De plus, elle a été relativement épargnée par l’occidentalisation,
tout en étant suffisamment influencée pour qu’elle puisse servir de référence même lointaine à nos sociétés.
Socialisation des corps
Dans un premier temps, cette domination masculine s’est faite par une longue construction sociale des
corps, se fondant sur un système d’oppositions (grand/petit; chaud/froid; dehors/dedans ; clair/obscur…) lui
donnant une apparence de nécessité à la fois objective et subjective.
L’existence même de ce système et son
acceptation par tous, montrent bien à quel point la domination masculine est dans « l’ordre des choses ».
Et ce
notamment grâce à un système mythico-rituel fortement développé « il consacre l’ordre établi en le portant à
l’existence officielle, connue et reconnue.»
La division sexuelle se présente ainsi dans le monde social (état objectivé) et dans les habitus des agents (état
incorporé, beaucoup plus pervers car pas toujours conscient, et par conséquent, pas toujours modifiable par une
simple action de notre conscience).
Cette vision du monde est due à «l’expérience doxique » (« concordance entre les structures objectives et
subjectives entre la conformation de l’être et les formes du connaître ») qui appréhende le monde social comme
2.
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