BOSSU (le) de Paul Féval (fiche de lecture et critique)
Publié le 15/10/2018
Extrait du document
«
avait continué à publier sans désempa
rer.
Ses romans étaient en général bien
reçus
du public ; mais lorsqu'il publia
leBossu en 1857, ce fut tout de suite un
triomphe, le plus grand succès roma
nesque depuis le début
du second
Empire.
Cette vogue, que devait ren
forcer, quelques années plus tard,
l'adaptation théâtrale par Féval, Ani
cet-Bourgeois et Victorien Sardou,
ne
s'est pas démentie.
Longtemps après la
création de la pièce (le 8 septem
bre 1862 au théâtre
de la Porte-Saint
Martin) une marque de papier à ciga
rettes,
«le Bossu», pùrta sur le cou
vercle de
ses boîtes le portrait de Féval,
et celui de Mélingue, l'acteur qui avait
créé
le· rôle de Lagardère.
Et de nos
jours encore
le Bossu reste un classique.
Nous sommes en 1699, à la fin du règne de
Louis XIV.
Secrètement, Aurore de Caylus a
épousé l'homme qu'elle aime, Philippe de
Nevers,.
et en a eu une fille, également prénom
mée Aurore.
Philippe de Gonzague, l'ami de Phi lippe de Never5 (ils forment, avec Philippe d'Orléans, le futur Régent.
un trio d'amis), mais aussi son rival (il convoite la fortune d'Aurore de Caylus), fait assassiner Philippe de Nevers, lors
qu'il vient enlever Aurore, séquestrée par son
père.
Nevers est secouru au demier moment par le· jeune Lagardère, chevalier de fortune venu pour se battre en duel avec lui, mais qui, en découvrant le guet-apens, passe de son côté.
Lagardère ne réussit pas à sauver Nevers, mais marque son assassin à la main, et enlève la fille de Nevers pour la soustraire au misérable.
Cette
première partie se clôt sur le fameux : « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi.
» La scène se rouvre en 1717, sous la Régence, en pleine spéculation de Law.
Après bien des aventures en Espagne, qui nous seront contées
rétrospectivement, Lagardère est revenu à Paris, pour rendre Aurore à sa mère et démasquer le meurtrier.
Mais la veuve de Nevers, ignorante du
crime de Gonzague, a épousé celui-ci, en réser
vant toutefois pour sa fille, qu'elle espère tou
jours retrouver, la fortune de Nevers.
Gonzague lui a fait croire que Lagardère avait assassiné Nevers et enlevé Aurore dans l'espoir d'une ran
çon.
Pour déjouer ces trames, Lagardère se déguise èn bossu, et réussit à s'introduire dans le
milieu de noceurs et d'agioteurs sur lesquels règne Gonzague ; il parvient même à capter la confiance de celui-ci, ce qui lui permet d'anticiper ses manœwres.
Gonzague, en effet, a découvert la présence à Paris d'Aurore et de Lagardère ; il cherche à supprimer Aurore et vole les preuves
de son identité.
De son côté Lagardère est arrêté en tentant de parvenir jusqu'au Régent Il obtient
toutefois un jour de sursis, qui lui permet de tirer Aurore des griffes de Gonzague et de la remettre à sa mère.
Après quoi il est condamné à mort pour le meurtre de Nevers.
Mais l'amour d'Aurore et le soutien de sa mère, tardivement éclairée, lui permettent, en une demière scène dramatique, de se justifier et de démasquer Gon zague, qu'il tue en duel grâce à l'invincible « botte
de Nevers ».
Ëpousant Aurore, Lagardère
deviendra duc de Nevers.
Il n'y a rien d'étonnant que le Bossu,
à la différence de la plupart des romans
de Féval, soit devenu
un succès théâ
tral, et, plus tard, cinématographique.
En effet c'est certainement, de tous ses
romans, celui
dont l'action est la plus
simple et la plus unifiée, celui aussi qui
abonde le plus
en coups d'éclat, rehon~
dissements imprévus, retournements
de dernier moment, scènes dramati
ques
et pathétiques.
Enfin le mani
chéisme y est plus accentué que dans
d'autres romans de Féval;
bons et
méchants, coupables et innocents sont
clairement distingués, même si cer
tains protagonistes de premier
plan
(Aurore de Caylus, le Régent) restent
un moment ambigus.
Le choix de la période de la Régence
' permet à l'auteur de dénoncer avec
virulence
une société corrompue par
l'argent, dénonciation qui prend ici la
forme plus précise
d'une condamna
tion de l'agiotage.
Cette condamna
tion, bien sûr, vaut autant, sinon plus,
pour le second Empire que
pour la
Régence,
et elle est constante dans
l'œuvre de
Féval depuis le Fils du Diable
(1846); c'est d'ailleurs un thème
d'époque, que l'on retrouve aussi bien
chez certains théoriciens politiques
et.
»
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