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BONNES (Les) Jean Genet - résumé de l'œuvre

Publié le 24/09/2018

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BONNES (Les)
Jean Genet. Pièce en un acte, 1947.
 
Dans sa chambre à coucher envahie par les fleurs et les dentelles, Madame s’habille en conversant avec l’une de ses deux bonnes, Claire. Monsieur, son amant, vient d’être jeté en prison, et la noble souffrance qu’elle ressent l’exalte. À la sonnerie d’un réveil qui les prévient de l’arrivée imminente de la vraie Madame, les deux bonnes mettent fin à leur « cérémonie ». Claire qui incarnait Madame, tout comme sa sœur Solange qui tenait son rôle, redeviennent elles-mêmes. Mais le jeu est ailé trop loin : rivalisant en haine et en volonté de puissance, elles se déchirent et se dominent tour à tour. Puisque Solange n’a pas réussi à étrangler Madame comme elle en rêve, c’est Claire qui se chargera de son meurtre. Madame arrive, mais elle refuse de boire son tilleul empoisonné lorsqu’elle apprend la mise en liberté provisoire de Monsieur et leur échappe. Les deux bonnes sont peu à peu reprises par leur jeu et Claire, redevenue Madame, boit le tilleul.

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« Les Bonnes Jean Genet Jean Genet est né de père inconnu, et abandonné par sa mère.

Il n'a donc pas de racines et personne à qui se référer.

Ainsi, dans Les Bonnes, les deux femmes se créent une référence absolue sous le nom de « Madame » .

Sans Madame , les Bonnes n'existeraient pas .

L'auteur est confié à des paysans, de la même façon que les Bonnes sont au service de Madame.

Jean Genet ne possède rien.

Il va donc voler, non parce qu'il en a besoin, mais pour s'affirmer libre.

De la même façon, les Bonnes volent à Madame de petits objets mais surtout son apparence, son attitude, son langage et jusqu'à sa mort .

Ce jeu où la jouissance concrète est dépassée vers la jouissance métaphysique, c'est le jeu du théâtre même.

Le vol est sanctifié.

il est la condition de l'être.

Mais il est socialement réprimé et donc Genet connaîtra le bagne d'enfants.

La répression commence par la découverte du coupable : autrui est un regard indiscret et impitoyable.

C'est le regard même du spectateur de théâtre, le regard qui condamne et baptise : "tu es un voleur".

Cette condamnation à la fois injuste et irréfutable poussera Genet à devenir ce que l'on a dit qu'il était.

Au lieu de protester ou de renoncer, il revendique et aggrave le mal.

Il se situe donc délibérément sous le regard d'autrui.

Comme les Bonnes, il se veut un personnage de théâtre.

Cette inversion provocante des valeurs qui va de pair avec l'inversion sexuelle de Genet trouve ses limites qui sont la folie et la mort.

Le salut viendra de l'écriture.

Genet ne va pas écrire pour se racheter mais pour, au contraire, se confirmer et contaminer l'esprit du lecteur . Les Bonnes est basé sur un fait divers réel : le crime des s œurs Papin.

En 1933, Christine et Léa Papin, âgées de 28 et 21 ans, sont depuis 7 ans au service d'une famille bourgeoise du Mans où elles donnent tout satisfaction.

En février, elles assassinent leurs patronnes, avec sauvagerie, leur arrachant les yeux, leur tailladant les cuisses et les fesses, puis aspergeant chaque victime du sang de l'autre.

Après quoi elles lavent les armes du crime ( un marteau, un couteau à découper et un pichet d'étain ).

Elles se lavent elles-mêmes et se couchent dans le même lit.

Ce crime a fasciné les auteurs surréalistes.

Instruments et martyres, les deux s œurs s'aimaient d'un amour incestueux.

En 1947, dans Les Bonnes, Genet ne prend en compte ni l'aspect social ni la folie explosive du meurtre.

Les Bonnes sont le contraire d'un mélodrame sanglant.

C'est un rite cérébral qui débouche sur le mythe et rejoint la tragédie. Madame ne meurt pas.

Ce sont les Bonnes qui s’autodétruisent.

Donc Genet détourne le fait divers et le retourne comme un gant.

Chaque agression contre Madame est fantasmée ou avortée, et si elle devait mourir ce serait par le poison, la strangulation ou l'asphyxie, comme chez Racine.

Genet a inventé le personnage de "Monsieur" et leur dénonciation à la police.

Ainsi, Madame ayant rendez-vous avec lui, elle échappe au poison que les Bonnes lui ont préparé.

Genet a par contre conservé l'homosexualité incestueuse des Bonnes.

Dans la préface, Genet écrit : "Tous les soirs elles se masturbent et déchargent en vrac l'une dans l'autre leur haine l'une contre l'autre." C'est un rituel sadique que méritent masochistes aussi.

Les s œurs haïssent Madame mais elles s'entre-déchirent tout autant et Claire a peur de Solange.

L'unité d'action des Bonnes se résume d'un mot : "tuer Madame".

Dans la première partie de la pièce, les deux s œurs jouent à mimer ce meurtre qu'elles n'ont pu accomplir dans la réalité.

Dans la seconde partie, nouvel échec.

Madame refuse de boire le tilleul empoisonné.

Dans la dernière partie, c'est Claire qui, dans le rôle de Madame, boit le poison.

de façon symbolique, Madame est morte, mais concrètement elle est vivante.

Il y a donc du classicisme dans cette composition.

C'est à dire : Solange est incapable d'étrangler Madame, Claire est incapable de l'empoisonner et Claire force Solange à lui administrer le breuvage mortel.

Le classicisme est renforcé par la construction en trois parties.

Ces trois parties peuvent se subdiviser en cinq parties : La première : du début de la pièce à la sonnerie du réveil qui ramène les Bonnes à la réalité après le jeu rituel La deuxième : de la sonnerie du réveil à celle du téléphone qui signifie aux Bonnes que leur machination a échoué La troisième : de la sonnerie du téléphone à l'arrivée de Madame : préparation du meurtre la quatrième : de l'arrivée de Madame à son départ, avec le désespoir de Madame car Monsieur est en prison, se renonciation avec le "je vous donne tout", puis un renversement radical : Monsieur est libéré, Madame s'échappe, triomphante. La cinquième : du départ de Madame à la fin de la pièce : Claire met en scène la catastrophe qui sera l'apothéose des Bonnes. »

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