BOILEAU SATIRES III ET IX (analyse et résumé)
Publié le 20/10/2018
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L'œuvre de Boileau qui a eu le plus d’influence est assurément l’Art poétique. Mais ce n’est pas la plus pittoresque, ni peut-être la plus originale. Le Boileau des Satires est aussi judicieux que celui de l'Art poétique ; les services qu’il y a rendus à l’école classique sont aussi courageux ; et il est plus divertissant et même plus vivant. (Nous sommes, par surcroît, précieusement renseignés sur ces Satires par des amis de Boileau, Brossette et Le Verrier, dont Boileau a revu les notes.)
Boileau est surtout un satirique. — Boileau, en effet, n’est pas né législateur du Parnasse, ni théoricien du goût. Dès quinze ans il n'avait pas, comme il le dit, « la haine d'un sot livre », car il lisait les romans galants, dont il se moquera, « avec beaucoup d'admiration », écrivait une tragédie tirée d’un roman de chevalerie et rimait des poésies d’amour \"transi\" et « qui n'étaient que du bel esprit ». Mais il avait la haine de tout ce qui était ridicule, ou plutôt le besoin d’en rire, et d’en faire rire. Orphelin, il avait été élevé durement, sans tendresse. Ni la théologie, ni le droit qu’il avait étudiés, ne l'avaient intéressé. Il préféra s’amuser au spectacle de la vie, comme tout le monde autour de lui. Ses trois frères étaient assurément des originaux. Gilles Boileau avait donné dans la littérature précieuse et \"mourait par métaphore\" dans ses madrigaux et ses sonnets ; mais il était savant et homme d’esprit. Par surcroît, il était d'humeur batailleuse. Il avait échangé avec Ménage force discussions et même force injures. Il ne manquait pas de quelque verve ; il avait conté une dispute entre les livres d'une bibliothèque à laquelle Nicolas avait pu se divertir. Boileau-Puymorin était grand hâbleur autant que grand buveur. L’abbé Jacques Boileau était vraisemblablement un bon abbé, et fort docte. Mais il avait la science fantaisiste. II écrivait pour démontrer que les ecclésiastiques ne doivent porter les habits ni trop longs ni trop courts, et que le Christ était un petit homme comme lui. Quant à la belle-sœur de Nicolas, elle sc couchait quand son mari résistait à ses caprices, et mettait son plaisir à inventer des surnoms pittoresques et des appellations surprenantes. Enfin le monde de judicature et de chicane auquel Boileau jeune fut mêlé était d’humeur joyeuse et mordante. C'est là que l’esprit satirique commença, comme il le dit, à \"dominer\" Boileau.
«
docte.
Mais il avait la science fantaisiste.
Il écrivait pour
démontrer que les ecclésiastiques ne doivent porter les habits
ni trop longs ni trop courts, et que le Christ était un petit
homme comme lui.
Quant à la belle-sœur de Nicolas, elle sc
couchait quand son mari résistait à ses caprices, et mettait
son plaisir à inventer des surnoms pittoresques et des appella
tions surprenantes.
Enfin le monde de judicature et de chicane
auquel Boileau jeune fut mêlé était d'humeur joyeuse et
mordante.
C'est là que l'esprit satirique commença, comme il
le dit, à 11 dominer n Boileau.
L'obset'Vation t'éaliste cllez Soi/eau.
-Cet esprit pouv-ait
s'exercer sur d'autres spectacles que ceux des livres.
Et Boil e-au
n'y a pas manqué.
La Satire III (comme la Satire 1 ou la
Satire X) est un pittoresque tableau de mœurs réalistes.
ANALYSE.
-Boilear.t YCitcontre u11 ami qui lui conte la br�vc aventun
dont il vient d'être victime.
Il s'est laissé pre1:dre à l'it1vitation d'un sot.
Repas Yidicule, mets prétmti ewç et détestables dont Boileau fait u11�
copie use énumération ; prem ier service, vin, service des relis, les • santés •,
de1·n i
er service.
ûmversation ; on parle politiq1u, pnis littérature ;
;ugeme11ts ineptes d'w1 campagnard sur les ardeurs C011temporai11s.
Le
campaguard est contredit.
lttjurcs , bataille furieuse parmi la table
rCIIVCf'Sée.
L'ami en profite pour s'esquiver.
Boileau, pour peindre cette mangeaille et cette bataille à coups
de pied tandis que le vin ruisselle, avait ses modèles.
Horace
ava1t décrit (Satire II, vm) le repas offert par Nasidenius à
Fundanius, le triste appareil des mets et la chute finale du dais
qui couvre la table.
Regnier (Satire X) avait imité Horace.
Il
avait amené au repas un pédant, et susc ité, comme Boileau,
une querelle littéraire et une bataille.
Aussi bien les scènes
ridicules étaient celles que prodiguait la littérature burlesque.
Il y a chez Théophile, Saint-Amant, Scarron ou d'autres, vingt
repas de goinfres et décors marmiteux, vingt batailles véhé
mentes, voire combats de pédants
ou de poètes.
Boileau n'in·
vente donc ni le suj et, ni
le genre.
Mais il y apporte une observation pittoresque, le sens du
mot, de la phrase, de l'image brève qui suffit pour dessiner le
geste, camper le grotesque.
Toute la réalité est figurée, sans
mensonge littéraire, sans préjugé de noblesse et de bienséance
de style.
Mais tout est cependRnt mesuré
par un goût
sûr qui
arrête le réalisme avant qu'il ne soit le
bu
rlesque ,
la grossièreté
5.
»
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