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Blanche ou L'OubLI de Louis Aragon (fiche de lecture et critique)

Publié le 15/10/2018

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Blanche ou L'OubLI. Roman de Louis Aragon (1897-1982), publié à Paris chez Gallimard en 1967.
Geoffroy Gaiffier, linguiste en retraite, construit un personnage de jeune fille (Marie-Noine) pour essayer de comprendre à travers elle l'échec de son amour pour Blanche, son épouse, qui l’a quitté depuis longtemps. Marie-Noire fera figure d’« hypothèse » jusqu'à ce qu’elle devienne à son tour narratrice, le roman « changeant de Dieu ». La vie de Marie-Noire en 1965 et la recherche de Gaiffier sur son passé s’entrelacent alors : lequel des deux est en mesure de comprendre l’autre, voire de l'inventer ? Dans la confrontation où elle se transforme, Marie-Noire n’aide cependant pas à comprendre l’énigme Blanche. Redevenu seul avec sa douleur, Gaiffier semble retrouver Blanche au cours d'une entrevue qui est peut-être une hallucination. Le roman se précipite et se brise dans le dernier chapitre : Marie-Noire meurt, étranglée par son amant ; Gaiffier retrouve « au-delà de lui cette grande plainte qui emplit le monde, cette voix déchirée déchirante, qui parle, plus haut que les hommes, le langage de leur malheur», et qui paraît la voix même du roman.

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« *Chartreuse de Parme, renversement de la formule de Marx concernant la phi ­ losophie), peuvent symboliser la prati­ qu e d'écriture et le mode de com pos i­ tion du roman.

lntertextualité presque perman ente , jeu de louvoi ement parmi l es référen ces biog raphiques d'Aragon, i ronie amèr e, rédt décousu et qui n'a de cesse de se désavouer pour montrer les couli sses de la création romanes ­ que, tout pourr ait passer pour un jeu gratuit, et désespéréme nt «mo derne », si le labyrinthe vertigineux n ;était d 'abord port é par le lyrisme éblouis­ sant d'une voix.

Comme dans la Mise à mort (1965), Aragon entraîne le lecteur dans la confusion, proprement pani­ que, d'un e imposs ible confession ; mais «un h o mme ma squé n'est pas autre chose qu'un homme».

Emprunté a u roman Luna -Park d'Els a Triolet, le personnage de Blan che couvre donc et dévoile à la fois celui de la romanc iè re, tandis qu e Gaiffier partage sa date de naissance avec Aragon...

Le texte s'explique alors de lui-même sur la dé formation du biographique -le " mentir " du rom an -qui transforme l'Imagin aire en instrument d'explica­ tion du m on de, en « astronom ie de l'ho mme ...

Dans l'énigm e de Bla nc he­ Elsa- qui écrit en cachette du linguis t e, comme Els a Triolet semble avoir co mposé son premier r oman sans que so n compagnon en sût rien -se rejo ue donc l'impossibilit é de la relation (" Un perpé tuel mourir ») et le « mal­ heur d'aimer » (« Qu i êtes-vo us, M on ­ sie ur Bonheur ?») qu'Aur élien (1944 ) ou les poèmes , du Crève-cœu r(1941) au *Fou d'Elsa, n'ont cessé d'explorer.

Mais ce bilan d' un e vie mo ntre que t o ut se dérobe dans un «oub li,.

qui est l a dynamique de l'être : le tem ps, l'his ­ toire où le communiste avait « tenté d 'im aginer [le monde} autre,., la lan ­ gue que Geoffroy Gaiffier inspecte, attentif à ses déchirures dans le parler de s ann ées soixante (" Cette a nn ée est aussi po ur les mots celle de la mini­ jupe "), et l'identi té même du ou d es loc uteurs, harassée d' une douleu r qui hante Blanche ou l'Oubli pour port er le roman bien au-delà de l'ap parente « déco nstruction » avec laque lle il tra­ vaille et débat, commentant, notam ­ ment, les Mots et les Choses (1966) de F ou cau lt : «Je ne c rois pa s à l'homme abs tra it».

Co mme le récit ne se consti­ tue que pour se défaire , et laisser à nu l e cri, le savo ir linguistique q ui abo nd e dans Blanch e ou l' Oubli n 'es t convoqué qu e pour être « rêvé ,.

(v o ir le Fou d 'E ls a ).

Au sommet d'une œuvre qu 'elle explique magistralem e nt, la d éroute de Blanche ou l'Oubli, portée pa r la flambée d' une écriture , est d 'abord un e diction de soi qu 'il serait ind ispensa ble de prendre en co mpte pou r en finir avec les caricatures et les rédu ctions du personnage , énigmati­ que et controv ersé, d'Aragon : «Je n'exist e que de ce mensonge , je ne suis que cette o mbre q ui n'existe qu e de ce m ensonge , je ne suis que cette ombre qui a per du son homme.

Je ne suis que cette plaie , au bout du compte.

Je l 'en tretien s.

Je ne crain s rien t ant que la cicatrice, ne plus souf frir.

L'oubli , le véritable oubli.

,.. »

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