BERGSON : Essai sur les données immédiates de la conscience Matière et mémoire L'Évolution créatrice Les Deux Sources de la morale et de la religion
Publié le 13/10/2013
Extrait du document
Il semble bien que les trois dimensions du livre se rassemblent, précisément, dans le chapitre troisième, le plus difficile de l'oeuvre. Peut-être en est-il aussi le lieu d'origine et la motivation première. En tout cas, l'hypothèse à valeur empirique ou scientifique, qui porte sur la vie, et l'intuition métaphysique avec ses conséquences critiques ne peuvent plus y être séparées. Si, comme le dit Bergson lui-même, « il en [résulte] d'abord une certaine confusion entre elles «, en réalité, chacune tirera « profit de la rencontrez «, parce que chacune l'exigeait. Ainsi, dans ce livre, en même temps que se trouve prise en compte la singularité de la vie comme question philosophique, se verrait sans doute renouvelée de l'intérieur la métaphysique bergsonienne, déjà mise en place dans les ouvrages précédents. La théorie de la vie oblige certes le philosophe à se déplacer, mais son a intégration « dans la philosophie fait entrer une partie de l'univers extérieur, peut-être même la réalité tout entière, dans le champ de la métaphysique et de la philosophie de l'esprit.
De fait, disons-le tout de suite, ce qui caractérisera ce chapitre central, c'est que l'intuition qui l'anime ne porte pas seulement sur la vie, mais bien sur la vie et la matière, pas seulement sur l'intuition elle-même, mais sur ses rapports avec l'intelligence considérée comme la propriété distinctive de l'espèce humaine. Plus encore, vie et intuition, matière et intelligence y
«
94 GRADUS PHILOSOPHIQUE
térature en passant par le Collège de France et l'Aca
démie française, mais aussi de débats intenses aveç la
science
et la philosophitl de son temps, ou F!nfin qu'il
y eut un« bergsonisme »,tenu d'abord pour novateur,
puis pour installé, 1 voire offioiul.
Mais tout cela ne
nous apprend rien sur l'œuvre, et nous y renvoie.
Pour
nous, « connaître Bergson », c'ç:st \ire ses livres.
Mais comment les lire ? Il semble que, sur ce nou
veaµ plan, nous soyons renvoyés a notre surp11ise ini
tiale.
D'un côté, et Bergson lui-même y insiste ~ plu
sieurs reprises de fuçon rétrospective, tput semble
découle11 d'une « intuition » unique, celle de la
« durée », c'est-à-dire d'un temps irréductible à sa
mesure spatiale et mathématique, au cadre de l'hor
loge et aux signes qui le découpent, mais coextensif à
ce qui s'y passe, nos émotions qui changent sans cesse,
nos souvenirs qui s'accumulent, notre corps qui
vieillit.
De fait, cette distinction, on le verra, semble
animer l'œuvre entière.
Bergson se conformerait ainsi
au critère qu'il énonce lui-même dans sa conférence
sur L 'Intuition philosophique, de l 911 : « Un philo
sophe digne
de ce nom n'a jamais dit qµ'une seuk
chose 1
• »Cependant, à y mieux regarder, son œuvre se
composç: aussi de tours ef détours, pol~miques abs
traites, critiques
de « faux » ou « pseudo-probl~µies »,
recherche de la « théorie » capable de rendre compte
de (< faits >) précis, discussion délibérément placée svr
le terrain des sciences les plus avancées de son temps,
biologie, psychologie, sciences de l'homme, théorie çle
la relativité.
Bref, par son œuvre, Bergson correspond
aussi bien à l'autre définition du philosophe qµ'il
donne dans la même conférence : « [Il] reste l'homme
de la science universelle 2
• » Comment concilier ces
deux formules? L'œµvre mêµrn de Bergsqn le ff!it-elle
vraiment? 1
Chacune des définitions citées est assortie dans le
texte
de 1911 d'une réserve, qui offre peut-être un fil
!.
Œuvres, p.
1350.
Toutes les références de pages renvoient à la même édition (cf bibliographie).
2.
Ibid., p.
1359..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- HENRI BERGSON (1859-1941): L'Évolution créatrice - Essai sur les données immédiates de la conscience - Matière et Mémoire. Essai sur la relation du corps à l'esprit
- La position est donnée par un système de grandeur fixe, et le mouvement s'exprime par une loi, c'est à dire par une relation constante entre des grandeurs variables; mais la forme est une image, et quelque ténue, quelque transparente qu'on la suppose, elle constitue encor, en tant que notre imagination en a la perception visuelle, pour ainsi dire, une qualité concrète et par suite irréductible à la matière. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience , 3è partie page 154
- En général, le verdict de la conscience est celui que rendrait le moi social. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion. Commentez cette citation.
- En général, le verdict de la conscience est celui que rendrait le moi social. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion. Commentez cette citation.
- Commentaire Texte Bergson L'évolution créatrice, l'élan vital et la conscience