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BÉRÉNICE de Jean Racine (fiche de lecture et critique)

Publié le 15/10/2018

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BÉRÉNICE. Tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine (1639-1699), créée à Paris au théâtre de l'hôtel de Bourgogne le 21 novembre 1670, et publiée à Paris chez Claude Barbin en 1671.
 
Sixième pièce de Racine, Bérénice tient une place à part dans son œuvre par ses choix esthétiques audacieux
(une tragédie sans mort) auxquels Corneille s'opposa en faisant jouer, une semaine après la création, son Tite et Bérénice. Cette rivalité aurait été provoquée par Henriette d'Angleterre qui aurait proposé le sujet aux deux auteurs ; mais on considère également parfois qu'il évoque (onze ans après !) le renoncement de Louis XIV à Marie Mancini. Quant aux sources littéraires, on peut mentionner les Femmes illustres de Scudéry, l'Aricidie ou le Mariage de Tite de Le Vert et nombre d'auteurs qui ont traité le sujet sur le mode romanesque (Du Ryer, Th. Corneille, Magnon) et dont il est difficile de dire si Racine s'en inspire tant il épure le sujet. Faut-il voir dans cette simplicité les raisons du succès de Bérénice, encore vif aujourd'hui comme en témoigna notamment la mise en scène de Roger Planchon (Villeurbanne, 1966) qui contestait l'interprétation de la pièce comme pure élégie ? Car cet amour paradoxalement malheureux (deux êtres s'aiment mais se quittent) est aussi une tragédie politique à part entière.
 
À Rome, le deuil qui a suivi la mort de Vespa-sien s’achève. Pour Antiochus, roi de Comma-gène et ami du nouvel empereur Titus, il est temps de prendre une décision : puisque le bruit court que Titus va épouser la reine de Palestine, Bérénice, il partira après avoir déclaré à celle-ci un amour qu’il taisait depuis cinq ans. Elle prend de haut cette déclaration et le laisse partir. Devant sa confidente, Phénice. qui lui reproche de ne l’avoir pas « retenu » pour le cas où le Sénat s’opposerait à son mariage avec Titus, elle laisse éclater sa passion pour le nouveau maître de Rome (Acte I).
 
De lui-même Titus vient de décider qu’Antio-chus raccompagnera Bérénice en Orient; mais, ne sachant comment annoncer la nouvelle à la reine, il la reçoit avec froideur. Bérénice, troublée par ce comportement se rassure en pensant que ses hésitations traduisent peut-être une jalousie à l'égard d’Antiochus (Acte II).
Bérénice, offensée de ce que Titus l’ait négligée pour l’État, veut partir. Antiochus renaît à l’espoir. Cependant, Titus, toujours amoureux de la reine, menace de se suicider si Bérénice refuse de consentir à leur séparation. Antiochus assiste à leur dernière entrevue, avoue à Titus qu’il était son rival et réaffirme son désir de partir. Cet assaut de générosité aide la reine à accepter la séparation : elle retournera seule en Palestine et tous trois offriront à l’univers l’exemple de leur vertu (Acte V).
 
La Préface de 1671 énonce sans aucun doute à la fois les clés de la pièce et les grandes idées qui dominent le théâtre racinien. Si la célèbre formule « ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie » (Préface) s'applique à la lettre à Bérénice, elle indique surtout un déplacement dans l'expression du tragique, qui s'incarne ici en une cérémonie dont la dignité narrative, quelle que soit la violence des passions engagées, répond à la dignité intérieure des personnages, celle-ci devant les pousser à un dépassement d'eux-mêmes - parfois dans l'horreur - qui les rendra héroïques. Certes, la Préface laisse aussi filtrer des intentions polémiques. L'apologie du vraisemblable, qui trouve son fondement dans la simplicité, l'idée que «toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien », sont autant de flèches lancées contre Corneille : son Tite et Bérénice offrait une intrigue beaucoup plus compliquée et le schéma en quadrille empêchait par les nombreux rebondissements le développement de cette « tristesse majestueuse » montrée par


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« voquer ainsi sa haine, mais s'acquitte de sa mis­ sion.

Bérénice y voit une injure, le congédie et sort désemparée.

Antiochus veut quitter Rome au plus vite pour éviter la « cruelle», dont il tient d'abord à s'assurer de la vie (Acte Ill).

Car Béré­ nice, à qui Titus a enfin le courage de parler en personne, menace de se tuer.

Antiochus inter­ vient pour que Titus l'en dissuade.

Mais Rome réclame l'empereur (Acte IV).

Bérénice, offensée de ce que Titus l'ait négli­ gée pour l'État veut partir.

Antiochus rena'i't à l'espoir.

Cependant, Titus, toujours amoureux de la reine, menace de se suicider si Bérénice refuse de consentir à leur séparation.

Antiochus assiste à leur dernière entrevue, avoue à Titus qu'il était son rival et réaffirme son désir de partir.

Cet assaut de générosité aide la reine à accepter la séparation : elle retournera seule en Palestine et tous trois offriront à l'univers l'exemple de leur vertu (Acte V).

La Préface de 1671 énonce sans aucun doute à la fois les clés de la pièce et les grandes idées qui dominent le théâtre racinien.

Si la célèbre formule « ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragé­ die » (Préface) s'applique à la lettre à Bérénice, elle indique surtout un dépla­ cement dans l'expression du tragique, qui s'incarne ici en une cérémonie dont la dignité narrative, quelle que soit la violence des passions engagées, répond à la dignité intérieure des per­ sonnages, celle-ci devant les pousser à un dépassement d'eux-mêmes- parfois dans l'horreur -qui les rendra héroï­ ques.

Certes, la Préface laisse aussi filtrer des intentions polémiques.

L'apologie du vraisemblable, qui trouve son fondement dans la simpli­ cité, l'idée que « toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien », sont autant de flèches lancées contre Corneille : son Tite et Bérénice offrait une intrigue beaucoup plus compli­ quée et le schéma en quadrille empê­ chait par les nombreux rebondisse­ ments le développement de cette «tristesse majestueuse» montrée par Racine.

La pièce de Corneille fut pour­ tant un demi-succès et montra que le goût du public allait encore vers les tra­ gédies implexes.

Mais ce fut Bérénice qui remporta la victoire sans que les. »

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