Baruch SPINOZA - 1632-1677 Ethique (analyse et étude)
Publié le 01/04/2015
Extrait du document
Mais cette négation très ferme du libre arbitre n'empêche pas la construction progressive des voies et des conditions de possibilité d'une véritable liberté.
La liberté se définit comme l'action par causalité adéquate, appuyée sur une connaissance adéquate.
Les trois premières parties de l'Ethique rendent possibles l'homme libre et la connaissance de son style d'existence.
Ce qui s'oppose à la liberté, ce n'est pas le libre arbitre, c'est la passion.
Elles empêchent le déterminisme de la nature en nous et hors de nous de s'épanouir.
L'itinéraire que propose Spinoza dans l'Ethique n'est pas seulement le passage progressif de la connaissance d'un premier à un second, puis à un troisième genre.
C'est une pensée de la conscience, de la réflexivité, de la raison s'appliquant à soi-même et débouchant sur la conscience philosophique.
L'Ethique est une sorte de description de l'activité de la conscience.
Pour Spinoza, la raison est connaissante et salvatrice.
La croyance en la valeur du rationalisme est donc le point d'arrivée de l'Ethique.
Ce produit final a été obtenu par l'élaboration des «idées communes« qui s'opposent aux idées générales.
Le souci de Spinoza est toujours de découvrir une pensée rigoureusement adéquate à l'être, une pensée ne faisant qu'un avec l'être.
Cela explique que le système cartésien qui reconnaissait aux idées un caractère représentatif ne pouvait pas satisfaire Spinoza.
Descartes professait, en effet, qu'il n'y a dans les idées ni vérité ni erreur, vérité et erreur étant propres au seul jugement.
C'est la volonté qui rapporte l'idée à la chose et affirme qu'elle lui correspond.
Spinoza, au contraire, voit dans la vérité un caractère intrinsèque de l'idée.
Cela dispense donc de recourir au doute et à toutes les démarches qui veulent nous garantir la vérité des idées.
Au moment où Spinoza passe de l'étude de la connaissance inadéquate à celle de la connaissance adéquate, dans la seconde partie de l'Ethique, il introduit le terme de «notion commune« : «Il y a certaines idées ou notions qui sont communes à tous les hommes« (proposition 38).
«
88 • Baruch Spinoza
Il est certain que l'œuvre de Spinoza, encore écrite en latin,
est une rupture profonde avec toutes les philosophies qui l'ont
précédée.
On ne peut pas le rattacher à Descartes, sinon par le
désir de fonder
« géométriquement » sa démonstration.
L' Ethique s'intitule effectivement Ethique démontrée selon
l'ordre géométrique
et elle est écrite avec une rigueur systéma
tique.
Elle est structurée avec des définitions, des axiomes, des
postulats, des propositions et démonstrations, des scolies, des
corollaires, des préfaces.
Les démonstrations et les concepts
sont rigoureusement définis, ordonnés, enchaînés.
Cette structuration formelle permet l'exposé d'un système
philosophique exemplaire.
Certes, Spinoza n'est pas le seul
à
avoir cette ambition de rigueur en philosophie.
Kant la
partagera avec lui.
Mais, en dehors du fait qu'il vient après,
Kant n'est pas parvenu
à une cohérence totale.
Il finit, en effet,
par invoquer la croyance, ruinant sa propre doctrine de la chose
en soi et du phénomène.
Beaucoup d'autres philosophes dont
nous présenterons les
« systèmes » tenteront l'expérience.
Au
cun n'est parvenu à la rigueur de Spinoza.
Des contradictions,
des obscurités, des zones
de non-réflexion, des interdits
surgissent souvent
à la lecture des œuvres de philosophie les
plus structurées.
Heidegger, qui a visé cet objectif de construire
un système sans y être vraiment parvenu, avouera que le
système de Spinoza est l'un des plus grands systèmes que
l'histoire ait produits.
Lire l'Ethique pour ce qu'elle dit
Cette perfection formelle a souvent été mise en avant pour
laisser dans l'ombre la signification vivante du système spino
ziste.
« On finissait par ne lire dans le système que l'appel à la sérénité
par l'intégration
de la partie au Tout, et (sceptique devant ce
stoïcisme)
à reporter sur la structure de l'œuvre l'inexplicable
fascination admirative qu'on éprouve
à la lecture lente de
['Ethique »,.
»
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