BALZAC:Les Chouans.

« « Mlle de Verneuil saisit l'épée de Merle et la brandit sur le marquis.

,; r--------- EXTRAITS Un détachement de paysans et de bourgeois Dans les premiers jours de l'an VIII, au commencement de vendémiaire, ou, pour se conformer au calendrier actuel, vers la fin du mois de septembre 1799, une centaine de paysans et un assez grand nombre de bourgeois, par­ tis le matin de Fougères pour se rendre à Mayenne, gravissaient la montagne de la Pèlerine, située à mi-chemin environ de Fougères à Ernée , petite ville où les voyageurs ont coutume de se reposer.

Ce détachement ...

offrait une collection de costumes si bizarres et une réunion d'individus appartenant à des localités ou à des pro­ fessions si diverses, qu'il ne sera pas inutile de décrire leurs différences caracté­ ristiques pour donner à cette histoire les couleurs vives auxquelles on met tant de prix aujourd'hui; quoique, selon certains critiques, elles nuisent à la peinture des sentiments.

Mlle de Verneuil ne connaît pas encore l'identité de l'homme qui partage sa voiture Le voyageur, jeune homme de moyenne taille, portait un habit bleu et de grandes guêtres noires qui lui montaient au-dessus du genou, sur une culotte de drap également bleu.

Cet uniforme simple et sans épaulettes appartenait aux élèves de l'École poly­ technique.

D'un seul regard, mademoiselle de Verneuil sut distinguer sous ce costume sombre des formes élégantes et ce je ne sais quoi qui annoncent une noblesse native.

Les Chouans est aussi un roman d'aventures Arrivé sur le plateau des rocher s, Hulot détacha de sa troupe tous les soldats qui étaient en uniforme, et Corentin les vit établissant, par les ordres de l'habile commandant, une ligne de sentinelles am­ bulantes séparées chacune par un espace convenable, dont la première devait corres­ pondre avec Gudin et la dernière avec Hulot , de manière qu'aucun buisson ne de­ vait échapper aux baïonnettes de ces trois lignes mouvantes qui allaient traquer le Gars à travers les montagnes et les champs .

- Il est rusé , ce vieux loup de guérite, s'écria Corentin en perdant de vue les der­ nières pointes de fusil qui brillèrent dans les ajoncs, le Gars est cuit.

Si Marie avait livré ce damné marquis, nous eussions, elle et moi, été unis par le plus fort des liens , une infamie ...

Mais elle sera bien à ., moz ....

Le mariage secret est célébré par un prêtre réfractaire L'union du marquis et de mademoiselle de Verneuil allait être consacrée, comme tant d'autres unions, par un acte contraire à la légis­ lation nouvelle ; mais plus tard, ces mariages , bénis pour la plupart au pied des chênes, furent tous scrupuleusement reconnus.

Le prêtre qui conservait ainsi les anci ens usages jusqu 'au dernier moment était un de ces hommes fidèles à leurs principes(.

..

).

« Le marquis fut déposé sur le lit de camp auprès de sa femme.>> NOTES DE L'ÉDITEUR Gaëtan Pican, Histoire de la littérature, Gallimard, La Pléiade, 1958.

dan s la peinture des passions et des caractères ! » André Billy, Bal zac, Club des Éditeurs-Flammarion , 1959.

Balzac agit en reporter : il va sur le terrain et en rapporte les éléments nécessaires à son entreprise romanesque.

« Pour écrire Les Chouans il utilisera, avant Flaubert et Zola, le carnet de notes prises sur le vif.

Admirant les petits maîtres hollandais, il veut atteindre à la même précision.

Lieux, maisons, costumes, personnages sont évoqués avec un vocabulaire concret, riche et précis, et la description balzacienne semble souvent interminable inventaire.

» Si, de l'avis de beaucoup, ce premier grand roman n'annonce pas tout le génie futur de Balzac , il préfigure néanmoins l'ensemble de La Comédie humaine: « Balzac n'en était pas encore à peindre la vie sociale sous l'aspect d'une lutte sans merci pour le plaisir et l'argent.

Il n'avait vu dans l'anecdote du Dernier Chouan que le conflit de deux époques et de deux systèmes, relevé d' un drame d'amour à la Shakespeare, mais déjà quelle puissance 1 coll.

Viollet 2.

3.

4.

5 gravures de É.

Toudouze.

librairie Paul Ollendorff, 1900 « C'est un roman d'amour coloré par le romanesque et la présence du danger : un roman de la route et de la Bretagne champêtre avec de l'es pace, des relais de poste , des rendez-vous qui ressemblent à des enlèvements , une odeur de haies vives et de lait frais, et de temps en temps des traînées de poudre .

» Maurice Bardèche, Balzac, Julliard, 1980.

BALZAC 14. »