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BALZAC: EUGÉNIE GRANDET (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 06/11/2018

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balzac

Il asservit leurs passions à la sienne. Il sait observer, se taire, ruser. Il sait acheter bon marché, vendre cher, placer son or en spéculations sûres. Pour servir sa rapacité, la nature lui a donné un physique puissant, une volonté implacable. Il a terrorisé sa femme. Il s'est asservi une servantè robuste, aveuglément dévouée, la grande Nanon. Une seule « faiblesse » dans cette « âme de granit » : il est « un peu père », et quand il maudit sa fille, il souffre de vivre près d'elle comme si elle n'était pas.

 

C'est l'avare homme d'affaires ; celui qui place son or au lieu de l'enterrer, et, par conséquent, un avare original. Mais il l'est moins par les traite de son caractère que par les gestes, les allures, les actes qui l'expriment. La physionomie de Grandet est plus vivante encore que son âme. Il est \"trapu, carré, ayant des mollets de douze pouces de circonférence, des rotules noueuses et de larges épaules ; son visage était rond, tanné, marqué de petite vérole ...\". Nous le voyons aller, venir, mesurer la chandelle, rudoyer les siens, visiter ses terres, conduire ses expéditions, méditer ses traquenards, parler, bégayer, se taire, taciturne, méthodique, sarcastique, effrayant. Ce n'est pas du tout l'avarice ou l'avare, c'est un avare qui ne ressemble à aucun autre avare. Et c'est là ce qui fait sa vérité littéraire.

Le roman sentimental dans Eugénie Grandet — Dans Grandet Balzac s'est proposé d'écrire le roman que cent autres avaient tenté avant lui. C'est une idylle, l'éveil de l'amour dans un cœur de jeune fille, un rêve, et le rêve brisé.

 

ANALYSE. — A Saumur, dans une vieille rue et dans une vieille maison, vivent M. Grandet, sa femme et sa fille Eugénie. M. Grandet a acquis une fortune considérable par son habileté à vendre ses tonneaux, ses récoltes, à placer son argent. Mais il est aussi férocement avare. On vit chez lui d'une vie misérable où l'on calcule la dépense d'un morceau de pain. Dans ses affaires, Grandet est retors et impitoyable. Mais on connaît sa fortune. Eugénie est la plus riche héritière du pays. Des intrigues s'ourdissent donc pour la conquérir. Deux partis se disputent la préférence :celui du notaire Cruchot et celui du banquier des Grassins. Mais survient un troisième larron, en la personne d'un cousin, Charles Grandet, jeune élégant parisien que son père a expédié à Saumur avec une lettre. Eugénie est conquise tout de suite par la belle mine, l'élégant équipage et la désinvolture de son cousin. Malheureusement, la lettre annonce que le père de Charles, ruiné, va se suicider. Charles partira aux Indes faire fortune.

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« avare et d'une morne ville de province.

Balzac a voulu l'orner de toutes les fleurs de la poésie sentimentale.

L'amour, soudain invincible, profond, ouvre le monde à Eugénie.

Il lui révèle la beauté des choses.

Il lui apprend la douceur exaltée du sacri­ fice.

Il la hausse jusqu'à l'héroïsme : cc Ceci est de l'amour, l'amour vrai, l'amour des anges, l'amour fier qui vit de sa dou­ leur et qui en meurt.

>} Balzac était sincère ; et il en parlait par expérience .

S'il n'aimait pas, vers I8JJ, une Eugénie Grand et, il était tout occupé à aimer des « anges », ou celles du moins q, u'il tenait pour des a n ges.

Le roman est dédié à une mysté• rteuse Maria.

Qui fut-ell e ? Nous savofis du moins qu'à cette date Balzac était « à la tête d'une gentille personne, la plus naïve créature qui soit, tombée comme une fleur du ciel, 9ui vient chez moi, en cachette, n'exige ni correspondance ni soms et qui dit: cc Aime-moi un an, je t'aimerai toute rna vie.

» Par sutctoît, c'est en 1833 qu'il commence à aimer sans jamais l'avoir vue, et à entretenir d'amour, par lettres, Mme Hanska, son « ange chéri "• sa cc gracieuse étoile ».

Maria et Mme Hanska n'étaient p,eut-être pas 1es seules à occuper le cœur de Balzac.

Et tant d intrigues auraient à juste titre scandalisé l'innocente Eugénie.

Mais, du moins, Balzac était vraiment tout occupé d'amour et d'idéal.

C'est ainsi qu'il a pu mettre dans le portrait de son héroïne de la vérité, de la simplicité, de l'émotion, et non pas toute la littérature qui gâte la plupart de ses amou­ reuses.

L'étude n'est pas très originale.

Balzac n'a pas fait dans le cœur des jeunes filles les .

découvertes d'un Musset ni même d'un J .-J.

Rousseau.

Mais elle a une grâce sobre, touchante, qui prend toute sa valeur par le contraste avec l'âpre tableau de l'avarice.

Le roman de l'avarice.

-xo LJavare moderne.

� Il n'était pas indispensable au roman.

Eugénie aurait pu rencontrer Charles, l'aimer, et le perdre sans que son père fût le monstre peint par Balzac.

Mais c'est l'avarice qui emflit le roman de sa puissan ce glacée.

Grandet est l'avare éterne ; il est Euclion et Harpagon.

C'est lui qui distribue chaque jôut la chandelle, le pain et les vivres, et laisse les cheminées sans feu.

Il aime l'or pour s'en emplir les yeux, pou r le« choyer, �aresser, .cou:ver, cuver, cercler ''· Il mourra en le regardant.

Ma1s c'est ausst un tout autre avare, un avare modern e, qui ne sait pas seulement conserver, mais encore acquérir par tous les moyens que laisse la loi à un homme astucieux et féroce.

Il èonnaît les hommeS et. »

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