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Baiser AU LÉPREUX (le) de François Mauriac

Publié le 16/02/2019

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Baiser AU LÉPREUX (le), roman de François Mauriac (1922). Jean Pélouyere, fils d'un riche propriétaire landais, a hérité de ses parents une constitution faible et une apparence ridicule. Par obéissance à son père et au curé du village, mais aussi par désir de passer de la catégorie des opprimés à celle des maîtres — que lui a révélée la lecture de quelques pages de Nietzsche —, il accepte d'épouser la belle et opulente Noémi d'Artiailh. Il échappe à cette union désastreuse par une mort qui est presque un suicide. Cependant, Noémi, découvrant la profondeur du désespoir de son mari, sacrifie au culte du mort toute velléité de reprendre une vie nouvelle. Une destinée allégorique à travers une peinture de la bourgeoisie rurale et des paysages des Landes.



« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)BAISER AU LÉPREUX (Le) F RAN çoiS MAURIAc.

Roman, 1922.

Laid mais riche, Jean Péloueyre a épousé la belle Noémi, influencée par sa famill e et les curés: • On ne refuse pas le fils Péloueyre.

• Leur mariage est un échec; Noémi s'est soumi se et tente vaill amm ent, mais en vaint de surm on­ ter le dégoût que Jean lui inspire.

Celui-ci, conscient qu'elle se force à lui accorder le • baiser au lépreux •, décide .

de s'effacer.

Noémi reprend goût à la vie et •refleurit•, mais connaît la tenta­ tion, incarnée par un jeune médecin.

Al arm ée, elle rappelle Jean, mais ne peut pas plus qu'aup aravant supporter leur intimité.

Conscient que c'est la seule solution, Jean veille et assiste un moribond tuberculeux dont il contrac­ te le mal auquel il succombera.

Noémi, veuve exempl aire, se cons acre à son beau -père malade et renonce à l'amour.

• Le titre indique la perspective de l'œ uvre : le sacrifice, offert dans •ces bai­ sers que les saints autrefois imposaient aux lépreux •.

Acte de vie, d'amour et de volupté, le baiser devient alors l'acte par le quel se communique la mort.

Cette dialectique trouve son intérêt d'être plus ambiguë dans l'œuvre qu'elle le paraît d'abord, et de donner ainsi naissance à une multiplicité d'interprétations.

Le sacrifice, est-ce celui de Noémi, soumise à une union répugnante, vouant sa jeu­ nesse et ses espoirs à un beau-père malade? Si Noémi est indiscutablement l'héroïne du roman , la grâce, cependant, n'est à l'œuvre en elle que d'une façon souterraine, instinctive comme le prouvent les métaphores animale (c femelle merveilleuse •) ou végétale (cfleur déjà coupée •), qui la caract érisent le plus souvent.

C'est sans doute Jean Péloueyre qui incarn e réellement le per­ so nnag e du martyr.

n refuse le baiser de Noémi, s'en arrache • avec horreur•, mais il otüe le sien au malheureux tuber­ culeux, comme il offre sa mort libératrice à Noémi.

Les quelques pages de Nietz­ sche sur la volonté de puissance qui ont, peut-être, détermin é Jean au mariage comptent, cependant dans sa vie bien moins que le Polyeucte* de Corneille dont un vers scande son agonie: • Mon Péloueyre touche à son heure dernière •.

Victime expiatoire, Jean Péloueyre est donc un martyr, c'est-à-dire un exemple.

Et c'est le sacrifice de Péloueyre qui inspire Noémi, qui lui impose incon­ sciemment le modèle à suivre.

Alors seu­ lement peut avoir lieu le vrai • baiser au lépreux• de Noémi.

Déplacé sur laper­ sonne ingt ate et souffre teuse de Jérôme, son beau-père, il est symboliquement adre ssé à Jean.

• On trouve dans ce mélange de mysti­ cisme et de sensualité une des caracté­ ristiques principales des romans de Mauriac ( 1885-1970).

Le récit, très linéaire, s'enrichit de métaphores nom­ breuses, des résonances bibliques et lit­ téraires (Nietzsche, Baudelaire, Cor­ neille).

Il s'e nrac ine dans ce paysage des I.andes cher à Maurtac et dont l'évoca­ tion adoucit de sa nostalgie poétique l'agonie de Péloueyre.

Comme souvent chez Mauriac, la tragédie d'une exis­ tence trouve sa grandeur dans la para­ bole évangélique et, dans l'attachement à la tet re natale et à ses joies quotidiennes, son humanité profonde.

ÉomoNs z Mauriac, Le Baiser au lépreux, dans Œuvres roma nesques et théâtrales.

éd.

Jacques Petit, Gallimard, ·La Pléiade•, 1978.

L.G.F., •Le ijvre de poche •, s.d.

truoE, Jean Lacouture, Mauriac.

Le Seuil, 1980.. »

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