Automne à Pékin (L') de Boris Vian

Automne à Pékin (L') roman de Boris Vian (1947). Passé d'abord aussi inaperçu que l'Écume des jours, dont il est contemporain, l'Automne à Pékin n'a pas trouvé depuis le même succès. Qualifié par Queneau d'« œuvre difficile et méconnue », ce roman faussait trop les règles du jeu romanesque pour conquérir un vaste public : pas de lien entre le titre et le texte (il n'y est question ni d'automne ni de Pékin), ni entre les épigraphes et les chapitres ; une « histoire » — celle de la construction d'un chemin de fer en plein désert d'Exopotamie — contée de façon éclatée et capricieuse ; des « personnages » auxquels souvent seul le nom (étrange et drôle le plus souvent) donne une existence ; enfin et surtout un jeu sur et avec le langage, vrai héros d'un texte qui rend aux mots tous leurs sens possibles, figurés et littéraux, et les prend eux-mêmes comme sujets du roman (les comptines de l'abbé Petitjean). Reste que ce jeu — au-delà de la satire d'une littérature style N. R. F. qui se prend à sa propre glu — est sérieux et, même, désespéré : l'Automne à Pékin est aussi un grand roman sur l'usure, le non-sens et la mort, dont l'amour est impuissant à triompher.