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Au nom de la loi, Alain Minc (Gallimard, 1998) - Fiche de lecture

Publié le 15/02/2012

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Ancien élève de l'ENA (et major de sa promotion), inspecteur des finances, homme d'affaires (il a créé une entreprise de conseil aux entreprises), directeur du conseil de sur­veillance du quotidien Le Monde, Alain Mine est également un essayiste à succès. Il a ana­lysé dans une quinzaine d'ouvrages les grands problèmes de notre époque, notamment le triomphe de l'argent (L'Argent fou, 1990), le retour du nationalisme (La Vengeance des nations, 1991), l'influence et la crise des médias (Le Média choc, 1993) ou la mondialisation (La Mondialisation heureuse, 1997).

Dans Au nom de la loi, Alain Minc décrit l'évolution récente de l'institution qui, en France, a pris une importance exceptionnelle en quelques années. L'auteur reconnaît qu'il n'a aucun titre particulier pour parler de ce sujet, n'étant ni mis en examen, ni plaideur, ni juriste, ni magistrat. Se considérant comme un candide, il estime cependant, comme tout citoyen éclairé, avoir besoin de se pencher sur un sujet où il est important de ne pas se contenter d'un discours politiquement correct. 

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« pénale, ce qui signifie que les moyens de la justice pénale sont mis à la disposition de tout citoyen qu i s'estime lésé, ce qui aboutit, selon l'auteur, à « privatiser » le pénal.

Cette toute-puissance de la justice pénale a été illustrée dans les année s 1970 par le « petit juge » (le juge d'instruction, qui s'opposait aux abus des puissants) et, depuis quel ques années, par « des juges triomphants, libres de tout enracinement idéologique ou politique et ne poursuivant d'autre finalité que l'accomplissement de leur missi on ».

Ces « juges justiciers » ont, jusqu'à maintenant, bénéficié de la sympathie de l'opin ion mais celle-ci peut se retourner contre eux, comme c'est le cas actuellement en Italie.

Aujourd'hui, le rituel pénal est devenu | la cérémonie expiatoire des sociétés modernes, avec sa « liturgie », précise l'auteur : « rumeurs de presse, inculpations par anticipation médiatique, photographies, mises en examen, fuites journalistiques, témoignages, excitation, marque au fer rouge, enlisement, oubli et indifférence à la décision finale ».

Cette toute-puissance de la justice et du droit est également illus trée en France par le rôle croissant du Conseil constitutionnel, qui est devenu, en quarante ans, une véritable Cour suprême, et par le développement d'un droit supranational (Convention européenne des droits de l'homme, règles de droit communautaire) qui marque le triomphe du droit sur la célèbre trinité État-nation-souveraineté qui a longtemps caractérisé la France.

Dans un monde régi par le droit, l'État se banalise.

Il est « plaignant, accusé, condamné, pris dans la nasse des relations égalitaires avec les associations, les lobbies, les victimes, prisonnier de procédures sur lesquelles il n'a plus prise ».

« C'est un nouvel imaginaire qui s'installe, incarné par d'autres allégories : le marché, l'opinion, le juge.

Ces trois mots formeraient, selon Alain Mine, la « sainte trinité » contemporaine.

La société de marché et la démocratie d'opinion semblent en effet devenues des « horizons indépassables », c'est -à-dire que personne n'ose les remettre en cause.

Mais le marché sans le droit, c'est la jungle, précise A.

Minc .

Il prend l'exemple de l'actuelle Russie où le droit n'impose plus les règles qui sont indispensables (et que des juges doivent faire respecter).

À l'opposé, le droit sans le marché, c'est le règne de la bureaucratie et de l'immobilisme.

Le dév eloppement actuel du droit aux États- Unis, régulateur des rapports économiques et sociaux, préfigure probable ment la situation de la France dans quelques années.

Mais, selon l'auteur, le danger du développement de la puissance des juges en France est l'a lliance qu'ils passent avec l'opinion grâce aux médias.

Les liens entre les médias et les juges sont anciens mais comme les uns et les autres se sont émancipés de l'État récemment, leur puissance est devenue considérable.

Les juges. »

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