ATYS. Tragédie en cinq actes et en vers de Philippe Quinault (fiche de lecture)
Publié le 15/10/2018
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ATYS. Tragédie en cinq actes et en vers de Philippe Quinault (1635-1688), mise en musique par Jean-Baptiste Lully, créée à Saint-Germain en 1676, et publiée à Paris chez Ballard la même année.
Avec cette quatrième tragédie en musique inspirée des Métamorphoses d'Ovide, Lully et Quinault atteignent le sommet du genre. Atys, qui ne plut guère à la cour à cause d'une complexité inattendue, notamment dans le domaine psychologique, enthousiasma le roi qui ne voyait pas dans cette évolution de l'opéra de contradiction majeure avec des effets plus proprement spectaculaires, d'ailleurs présents dans cette oeuvre.
«
demande de Cybèle, doit renouveler à la cour le souvenir d'Atys (Prologue).
On prépare la fête de la déesse Cybèle.
Atys,
réputé être indifférent à l'amour, et sa cousine
Sangaride promise au roi de Phrygie, Célénus, y participent.
Pourtant elle aime Atys, le lui avoue et découvre un amour partagé.
Mais l'arrivée de Cybèle les interrompt (Acte 1).
Célénus, dont Atys est le favori, le recommande à Cybèle qui en fait son sacrificateur.
Elle avoue l'aimer aussi (Acte Il).
Sangaride ne veut pas se marier et menace de déclarer à tous sa passion.
Atys veut l'en empêcher mais s'endort brusquement.
En rêve, il apprend l'amour de Cybèle et son exi
gence de fidélité.
Réveillé, il feint donc de l'aimer.
Sangaride se croit délaissée.
Cybèle soupçonne leur amour (Acte Ill).
Pour se venger, Sangaride décide d'épouser Célénus.
Atys la détrompe et tandis qu'on chante le futur mariage, il prétend
que Cybèle refuse cet hymen (Acte IV).
Célénus vient se plaindre à la déesse qui a découvert l'amour des cousins et veut les punir malgré leur
appel à la clémence.
Elle rend Atys fou et celui ci, pensant voir Cybèle, tue Sangaride.
Revenu à lui, il se suicide.
Cybèle, qui l'aime encore, le transforme en pin pour qu'il soit révéré de toute la nature (Acte V).
Contrairement aux autres tragédies
en musique, Atys offre une belle unité
d'action: l'action principale, épurée de
toute intrigue secondaire, progresse
selon
un rythme lent et régulier, digne
de la tragédie qui se joue.
Elle est soute
nue par une unité de ton.
Aucun pas
sage comique
ou tragi-comique ne
vient la troubler,
et les divertissements
de chaque acte
sont particulièrement
bien intégrés
à l'action : la fête de
Cybèle est annoncée dès les deux pre
miers vers de l'acte
I; les honneurs ren
dus
au nouveau sacrificateur forment
le prolongement logique de la fête de
l'acte
I; le sommeil d'Atys noue
l'action en déterminant les exigences
de la déesse (III); les réjouissances
patronnées par le dieu
du fleuve San
gar, père de Sangaride, trouvent leur
justification dans la joie
du père qui
marie sa fille
(IV) et les derniers chœurs
célèbrent la métamorphose d'Atys
tout
en déplorant « l'horreur d'un si cruel
trépas» (V, 7), laissant au spectateur
l'impression
d'une tragédie qui tente
désespérément d'endiguer la cruauté
des scènes précédentes
par le berce
ment d'un thrène infini.
L'originalité
même
du Prologue souligne l'unité de
l'ensemble : pas de célébration
d'un
événement particulier, mais une
annonce claire du sujet.
On avance
ainsi vers le dénouement tragique sans
renoncer
à l'atmosphère de fête.
Cette
atmosphère forme le cadre dans lequel
évoluent les personnages, qui semblent
plus
ou moins bien s'y intégrer : une
tension s'installe et croît au fur et à
mesure que les éléments perturbateurs
apparaissent.
Ainsi à l'acte
1, les aveux
qui
« posent la situation » (E.
Gros)
interviennent toutes les deux scènes :
Atys aime Sangaride
(1, 2) et récipro
quement
(1, 4); ils s'avouent cet amour
(1, 6).
Lully souligne cette progression
en opposant tonalités majeure et
mineure, la seconde l'emportant dès
l'acte
I, indiquant l'orientation que
prend l'action
en même temps que le
ton bien spécifique qui réapparaîtra au
dénouement.
Dans la dernière scène,
en ut mineur puis majeur, la tension
produit un « élan ultime qui ne débou
che sur
rien» O.
Duron),les sursauts de
joie que provoque la métamorphose
d'Atys
ne parvenant pas à effacer le
caractère tragique de sa mort.
La complexité des personnages ren
force la tension de la pièce.
Atys est une
tragédie de la dissimulation : Atys joue
d'abord l'indifférent, feint d'aimer
Cybèle, s'explique à la place de Sanga
ride,
ment pour empêcher son mariage
avec Célénus.
Cybèle prétend renoncer
à
ses pouvoirs divins par amour pour
Atys mais en use pour se venger de lui.
Revirements passionnels
dont la méta
morphose finale est
une apothéose.
Cette richesse psychologique se double
d'effets scéniques qui,
pour être plus
discrets que dans les opéras précédents,.
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