ASSOMMOIR (L') d'Émile Zola (fiche de lecture)
Publié le 15/10/2018
Extrait du document
«
dans la boutique tout en refaisant la cour à Ger vaise que, de son côté, Goujet aime d'un amour
chaste (8-9).
Coupeau s'installe
dans la paresse, Gervaise aussi se laisse aller; elle grossit, ne travaille plus aussi bien, perd son argent et sa réputation, se trouve finalement obligée de déménager ( 1 0) ;
tandis que Virginie et Poisson son mari repren
nent la boutique, Nana grandit.
Tout se dégrade: Lalie, enfant martyr des Bijard, se fait battre vio
lemment.
Coupeau, malade d'ivrognerie, est
obligé d'entrer à Sainte-Anne.
Gervaise
elle même sombre dans l'alcoolisme ( 1 1 ).
Nana aussi toume mal : devenue fleuriste, elle se laisse cour
tiser et entretenir par un «vieux», fugue à plu
sieurs reprises, court les bastringues, devient une
femme entretenue, tandis que Coupeau multiplie
les séjours à l'asile.
Il y a de moins en moins
d'argent.
C'est l'hiver, tout part au Mont-de-Piété, la faim arrive, tandis que Lalie, l'enfant martyr,
disparaît.
Gervaise, totalement démunie, en vient à se prostituer, se proposant même à Goujet, qu'elle n'a pas reconnu ( 12).
Coupeau va mourir, au milieu des hallucinations du delirium tremens.
Gervaise poursuit sa déchéance sociale avant de
mourir, elle aussi.
Elle sera enterrée par le cro
que-mort Bazouge déjà plusieurs fois rencontré ( 13).
L'Assommoir est le cabaret séducteur
où Coupeau, puis Gervaise iront boire
le poison (le «vitriol») distillé par
l'alambic.
C'est à lui
qu'on doit la
dégradation physique, la folie, la
déchéance sociale dans son ensemble,
d'autant plus dramatiques qu'elles se
cachent derrière l'apparence de la joie,
de la convivialité.
Mais
il s'agit d'une
euphorie diabolique,
d'une énergie
négative et illusoire qui
n'a rien d'un
travail : cette gaieté se transforme faci
lement en paresse, en violence et en
forces de mort.
Le phénomène de
l'alcoolisme n'est donc pas simple
ment le résultat de certains facteurs
psychosociaux :
il est montré comme
une sorte de maléfice symbolique et
contagieux.
Il trahit d'abord la fêlure
familiale qui court à travers l'édifice
des Rougon et des Macquart :
quand
Gervaise imite les convulsions de son mari
à Sainte-Anne, elle retrouve sans
doute la
«tante Dide », de Plassans.
Mais, l'alcoolisme est plus qu'un révé
lateur, comme
le sont ailleurs une ten
sion politique, une situation financière
ou amoureuse.
Au-delà de l'enjeu fami
lial,
il faut y voir l'aspect social et col
lectif
d'un peuple tout entier menacé
(dont l'emblème est Gervaise) :
on
conçoit que certains socialistes aient
été choqués par
une vision finalement
aussi pessimiste du prolétariat urbain,
aliéné et passif.
Le reproche cependant n'est guère
fondé.
D'abord parce
qu'à côté des
fous, des alcooliques, des pères bour
reaux, des parasites, des coureuses, il y
a
le peuple digne : ce ne sont certes pas
les Lorilleux, avares et jaloux, mais par
exemple Goujet,
le forgeron athlète et
économe qui vit avec sa mère et aime
Gervaise
en secret, ou Lalie, la petite
victime qui meurt à quatorze ans.
Ensuite, parce que Zola propose
un
véritable tableau, non seulement
concret mais cruel, de la condition
ouvrière.
Car le livre possède aussi
cette audace, cette nouveauté de
ne pas
fuir
le défi du tabou: on nous montre
le travail du zingueur sur les toits, celui
des artisans chaînistes
en chambre, du
forgeron virtuose qui fabrique ses clous
et ses boulons, des blanchisseuses, des
fleuristes.
On nous montre aussi leur
vie dans
un décor triste et angoissant,
le quotidien sale d'un quartier popu
laire :
un passage, en particulier, décrit
la maison de la Goutte-d'Or, sa promis
cuité,
ses odeurs rances, ses bruits per
pétuels.
Ces conditions de travail expli
quent ou accompagnent l'alcoolisme,
la misère morale et ses angoisses
(l'accident
du mari qui entraîne le
manque d'argent, les enfants à nourrir,
le terme à payer ...
).
Le peuple n'est
pas coupable.
À la condition ouvrière correspond
aussi
une authentique culture popu
laire : elle
se définit d'abord en oppo-.
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