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APRÈS-MIDI D’UN FAUNE (L’) MALlarmé

Publié le 22/09/2018

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Monologue composé de cent dix alexandrins, ce poème, dans sa version finale, retrace la méditation d’un être aux prises avec le rêve et la réalité. Réalité d’un espace mythique, celui d’un après-midi brûlant dans une vague Sicile antique, peuplée de nymphes évanescentes un instant sur-gies ou conçues par le désir du faune qui les convoite. Il s’endort alors et rêve d’une possession plus intime et plus assurée, dans le creux du vide et de l’absence. Lui qui déclarait, au premier vers: « Ces nymphes, je les veux perpétuer», se prépare à «voir l’ombre» qu’elles sont devenues. Or il n’est peut-être pas, pour le poète, d’autre continuité que celle de l’objet poétique, ni d’autre réalité que spirituelle.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Après-midi d'un faune, l' [Stéphane Mallarmé] - fiche de lecture. 1 PRÉSENTATION Après-midi d'un faune, l' [Stéphane Mallarmé] , églogue de Stéphane Mallarmé, publiée une première fois en 1876, dans une édition de luxe illustrée par Manet, puis sous sa forme définitive en 1887 dans la Revue indépendante. 2 UNE GENÈSE COMPLIQUÉE Avant d’être inclus dans les Poésies en 1887, ce poème a connu une gestation agitée, inséparable de celle d’ Hérodiade, cette « scène » à laquelle il succède immédiatement et fait donc pendant, dans la composition par Mallarmé du recueil de ses vers. Comme l’été par rapport à l’hiver, le Faune, « intermède héroïque », est l’alternative au « cher supplice stérilisant » d’ Hérodiade, dans les années 1865-1875.

Des différentes pièces qui le composent à l’origine (« Monologue d’un faune », « Dialogue des nymphes », « Réveil du faune »), seule demeure, après le refus opposé par Théodore de Banville et Coquelin au comité du Théâtre-Français, la première qui, remaniée en 1875 sous le titre Improvisation d’un faune, ne trouva pas meilleur accueil auprès de François Coppée, Anatole France et à nouveau Banville, au Parnasse contemporain. 3 L'HEURE FAUVE Un faune, se réveillant, s’interroge sur le souvenir qu’il conserve de deux nymphes.

Il se demande si elles n’ont été qu’un rêve, émanation des roses, ou une projection de ses sens.

Par compensation de son désir frustré, le Faune chante cette aventure pleine d’ombre et de faute, commente, à la fois exalté et apaisé, les visions fragmentaires qui lui restent des deux corps évanouis. 4 « UNE FÊTE S'EXALTE EN LA FEUILLÉE ÉTEINTE » À Hérodiade, la vierge inhumaine, incompréhensible à sa Nourrice, qui préfère aux pauvres destinées coutumières de la beauté la solitude de sa « splendeur fatale » dans l’attente d’« une chose inconnue », le Faune oppose l’amour vibrant des « dormeuses », l’ivresse de leurs chairs humides, la souplesse de la « blancheur animale » et l’éveil de leurs émois.

Chant érotique, sans pudeur ni innocence, voué à la passion « pourpre » éclatant telle une grenade, et hymne solaire dont se souviendra Paul Valéry, après que le célèbre Prélude de 1894 de Claude Debussy lui aura donné sa somptueuse traduction musicale. 5 L'ART COMME RÉMINISCENCE Il n’y a poésie qu’à partir du moment où la logique programmée de la réalité n’a pas lieu : Hérodiade et le Faune, de ce point de vue, partagent le même statut de figures qui font paraboles de l’acte poétique, même si l’une représente le défi farouche du refus opposé au réel, et l’autre l’ivresse alourdie de sa dérobade.

Face à Hérodiade, dont le combat laisse Mallarmé déchiré et près de se rendre à la tentation de la vie à force d’être creusé et affamé par l’effort poétique, le Faune figure en revanche la possibilité épanouie de jouir d’une « fête », en dépit de la fuite des corps désirés.

On peut donc lire allégoriquement le trajet du Faune, de la faute au triomphe : si la poésie est coupable de défaire, en voulant la saisir, l’unité charnelle du monde (comme il commet le crime de diviser les corps enlacés des deux nymphes, la timide et la brûlante), et si elle doit renoncer à sa présence radieuse (comme lui aux splendeurs convoitées), elle compense cette perte dans la célébration ivre de ses traces mémorables (comme lui dans le conte musical qu’il demande à sa flûte).

On comprend pourquoi cette poésie rêve du théâtre, ce lieu par excellence, selon Mallarmé, des apparitions fictives et des commémorations éphémères, dont le satyre fait et chante ici la découverte.. »

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