A.O. BARNABOOTH de Valery Larbaud (fiche de lecture)
Publié le 15/10/2018
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A.O. BARNABOOTH. Ses oeuvrcs complètes, c'est-à-dire un conte, ses poésies et son journal intime.
Ouvrage de Valery Larbaud (1881-1957), publié dans sa forme définitive à Paris chez Gallimard en 1913.
Larbaud avait remanié, puis renié, l'édition de 1908 intitulée Poèmes par un riche amateur ou Œuvres françaises de M. Bamabooth précédées d'une introduction biographique (Paris, Messein), présentée par un éditeur fictif, X. M. Tour-nier de Zambie, et sans nom d'auteur : si le conte, qui commence cette fois le volume, a été peu modifié, quinze pièces ont été ôtées des « Poésies » et la biographie a fait place au «Journal intime », paru en feuilleton dans la Nouvelle Revue française de février à juin 1913 sous le titre « A.O. Barnabooth : journal d'un milliardaire ».
Cet ouvrage, qui occupe une place singulière dans les courants littéraires
de l'époque, est aussi celui qui a révélé Larbaud au public par la création du personnage de Barnabooth : « double » fortuné et voyageur, longtemps mûri, qui est d'abord pour l'auteur un défi à son milieu et un acte d'émancipation.
«
refus d'une danseuse.
Florrie Bailey, alors qu'il
voulait, en l'épousant, « se réconcilier avec les pauvres », est cause enfin d'une crise sentimen
tale dont il se remet aussi vite que dans le conte
du « Pauvre ChemisieD>.
« Deuxième cahier : Florence, Saint-Marin,
Venise ».
Plongé dans « l'inertie du cœur» et devenu kleptomane, Bamabooth est sauvé par
l'arrivée du marquis de Putouarey.
qui l'entraîne dans la République de Saint-Marin, puis à Ravenne et à Venise ; il se met alors à l'école de
ce gentilhomme français qui collectionne tant les timbres que les « souvenirs féminins».
«Troisième cahier : Trieste, Moscou, Ser ghiévo ».Il quitte le marquis à Trieste, après avoir
découvert « l'âme religieuse» de celui-ci, et y
rencontre Gertrude Hansker.
une Américaine
«si belle, si libre et si terrible qu'elle pourrait se passer d'être riche» avec laquelle il envisage un temps le mariage, avant de s'enfuir vers «la Rus sie et son adolescence » où il retrouve le prince Stéphane, son ami, auquel il fait lire son journal.
Ayant trouvé sa raison de vivre depuis son expé
dition au Kharzan, et faisant l'apologie de la réa lité, qu'incarnent selon lui tant la guerre que la femme, Stéphane quitte cependant Bamabooth en lui certifiant qu'« il n'y a pas de formule, et
que son expérience est incommunicable ».
« Quatrième cahier : Saint-Pétersbourg,
Copenhague, Londres ».
Bamabooth se « re
prend » alors tout à fait, découvre sa propre for
mule : «je ne ferai bien que ce que j'aurai plaisir à faire », et promène à Copenhague son « petit
désespoir usuel et domestique» lorsqu'il
retrouve Claremoris, alourdi « de tristesse et d'amertume», qui lui confie ses doutes sur sa vocation, mais retourne finalement en Toscane,
tandis que Barnabooth, décidé à renouer avec ses origines, rejoint à Londres Concha et Socorro, des compatriotes recueillies autrefois dans les bas-fonds de la ville.
La rencontre de
Putouarey, occupé désormais exclusivement par
ses recherches scientifiques et son épouse légi time, fortifie ses résolutions : il se marie avec Concha, embarque pour son pays natal et renonce à son journal.
« Il s'achève, et je
commence.
»
L'Avertissement de l'auteur, affir
mant que « le journal du jeune milliar
daire
et même ses poésies contiennent
assez de détails sur sa personne, son
éducation,
ses amis, etc.
pour [qu'il se]
sente dispensé de placer en tête de ce
livre, tout subjectif et pour ainsi dire
égocentrique, une notice
biographi
que»,
semble assigner une unité des
criptive à cette œuvre plus décentrée
que disparate.
Les trois genres qui la
composent permettent
en effet de mul
tiplier les points de vue sur le person
nage, « le Pauvre Chemisier » inscri
vant d'ailleurs ironiquement cette
distanciation par le choix
du « il » nar
ratif : «je préfère parler de moi à la
troisième personne, c'est plus
conve
nable.
» Ces trois images se réfractent
en outre dans le «Journal intime »1 miroir d'une vie autant que d'une
œuvre puisqu'il s'y montre écrivant ses
«déjections »1 poésies françaises en
vers libres qui ne seront pas publiées, y
fait état de l'accueil des
« Borboryg
mes » et en indique une nouvelle édi
tion dans ce que ses amis >.
Celles-ci
sont pourtant
présentées comme « le dernier ca
price » d'un auteur qui a renoncé à
l'écriture le jour de leur publication :
«Ne m'y cherchez pas; je suis ailleurs ;
je suis à Campamento (Amérique du
Sud).
» Plus que des portraits, ces trois
ouvrages
dont l'ordre fait sens repré
sentent en effet les étapes d'une forma
tion qui donne au livre sa véritable
cohésion.
Le conte, composé à bord de
son yacht
le Parvenu et donc avant qu'il
se soit dépossédé, comme les > La forme.
»
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