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ANTONY d'Alexandre Dumas (fiche de lecture)

Publié le 15/10/2018

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dumas
 
ANTONY. Drame en cinq actes et en prose d'Alexandre Dumas (1802-1870), créé à Paris au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 3 mai 1831, et publié à Paris chez Auffray la même année.
 
Avec Antony s'ouvrit une des années les plus fastes du drame romantique : Vigny donna la Maréchale d'Ancre en juin, Hugo Marion Delorme en août, Dumas, quant à lui, fit encore représenter Charles VII en octobre et Richard Darlington en décembre. Dumas semble avoir puisé le sujet de ce drame dans un des épisodes agités de sa vie amoureuse. Profondément épris de Mélanie Waldor, il a enduré les tribulations morales qu'il prête à Antony, auquel il paraît s'identifier : « Antony n'est point une pièce de théâtre. Antony est une scène d'amour, de jalousie, de colère en cinq actes. Antony, c'est moi, moins l'assassinat ; Adèle, c'était elle, moins la fuite » (Mes Mémoires, 1852-1854, CC).
 
La pièce devait d'abord être donnée à la Comédie-Française et, comme Henri III et sa cour (1829), être jouée par Firmin et Mlle Mars ; mais les tracasseries de toutes sortes s'étant multipliées, Dumas préféra la confier à la Porte-Saint-Martin qui s'affirma encore un peu plus comme la scène de prédilection du romantisme. Les rôles principaux furent confiés à Bocage et à Marie Dorval. Vigny, que Dorval émerveillait, suivit assidûment les répétitions et conseilla à Dumas d'atténuer la tonalité athéiste d'un drame qui apparut d'emblée comme une des expressions les plus ferventes du romantisme et la parfaite traduction de la déréliction de ses héros. La première fut un triomphe aussi bien pour les acteurs que pour
Adèle, il y a trois ans de cela, était courtisée par Antony, jeune homme au regard sombre et à la passion douloureuse. Pourtant lorsque Adèle est demandée en mariage par le respectable colonel d’Hervey, Antony, parti pour quinze jours, ne reparaît plus, et Adèle finit par lier sa vie à celle du colonel, dont elle a eu une petite fille. Un matin, après tout ce temps, elle reçoit une lettre d’Antony lui demandant un entretien. Se sentant peut-être prête à l'aimer, Adèle laisse le soin à sa sœur Clara de le recevoir et saute dans sa calèche pour s'enfuir.


dumas

« devra supporter sa fille .

Quand elle se décide.

il est trop taret On frappe à la porte.

On monte l'escalier : c'est le colonel Adèle.

poursawerson amour et sa ~t!On.

demande à Arncxry de la tue r.

Avec le stylet qu·~ porte toujours sur lui, ilia frappe à mort dans un baiser.

Et quand le colonel enb'lce la porte.

Antony jette l'arme à ses pieds en lançant : « Elle me ~s1start..

je l'ai assass i­ née 1-» (Acte V).

Toutes les écoles litt éraires s'étan t successivement réclamées de la vérité, le mot est d'u n emploi difficile .

C'est cependant l'Idée sur laquell e insistent le s spec tateurs et les critiques de 18 31 : cos tume s d'époque , intrigu e d'é poqu e, langage • presque • de tous les jours, l' Impre ssi on étant e n co re accrue par le jeu de Marle Dorval , que certain es fem­ mes du monde trouvaient vulgaire ou • nature •.

D'où, bien sûr, le reproche d'imm oralit é qui to mbe tout de suite su r la pièce : ce qui passe chez Molière est Inacceptable chez un auteur c ontemp orain; comme le remarq ue Dumas lut-même dans ses Mémoires , le cocu age fait rire, on s'ins urge con tre l 'adultère .

Ce qui choque davantage encore , c'est peut-être le personnage d 'Antony, figwe type du révolté et dont l'auteur ava H fait à l'origine un athée : ce • bâ tard " -Dumas était lu i au ssi un enfan t illégitime - s 'élève co ntr e l'Ins tituti on, subvertit les r ègles de la sodété, exactement comme l' arti ste ro mantique veut subvertir les règ les de l'art.

A .

Ube rsf eld m on tre bien, ce pen ­ dant , à quel point cette révolte est, d'une certain e mani è re, anod ine ; en fait, la dernière r ép lique de la pièce : c Elle me résistait , je l'ai assassin ée "• enlève toute son efficacité à la contes­ tatio n d'Antony.

Sa r évo lte a échoué , et les valeurs co ntr e lesquelles il se dressait (la morale bourg eoise du mariag e et de la famille ) finissent par tri omphe r.

Dans ces cond itions, co mme le dit en co re A.

Ube rs feld , la pièce devient • une fête que la société se donne à elle-même en glorifiant l e h éros révolté (et sa • dignité parfaite •), dans le mo ment même où, s'agenouil ­ lant devant elle, il proclame la légiti­ mit é de sa prop re cond amnation "· San s ê tre révoluti onnaire , Antony est vrai men t une pièc e n ouvelle .

Avec ses si tuations audacieuses et ses répliques percutantes, avec un nouveau type de héros à la fois bâtard et très noble, excess if et pa ssio nn é, Dumas ma rqu e en effet un grand coup ; U tue certaines hab itudes, un certa in • bon goût" aussi, qui n 'es t plus à l 'ordre du jour .

Avec Antony, il installe définitivement à la scène le nouveau théâtre qu 'on voya it app araître dans Henry m: Saint­ Mégrln prés ag eait Antony, qui n 'est pas loln d'Edmond Dantès (voir l e •co mte de Monte Cristo).. »

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