ANTIGONE de Jean Anouilh (fiche de lecture)
Publié le 15/10/2018
Extrait du document
«
turner aux compromis.
Ainsi dans
l'Hermine (1932) et surtout dans la Sau
vage (1934) où l'héroïne, devant l'exi
gence de pureté
et d'absolu qui est la
sienne, est incapable de tricher
et de se
mentir à elle-même.
L'intransigeance
la porte ainsi à choisir lucidement la
solitude
et le malheur puisqu''' il y aura
toujours un chien perdu quelque part
qui [!]'empêchera d'être heureuse».
Le fait que chacun d'entre nous se
retrouve être l'exécuteur d'un destin
déjà tracé inspira encore à Anouilh
Y'avait un prisonnier (1935), le Voyageur
sans bagage (1936), où l'amnésie prive
précisément le héros de
tout ancrage
dans le passé,
Eurydice (1941) où la
mort,
en purifiant les amants, leur
donne l'absolu.
Autant de thèmes, de
personnages, de réflexions qui préfi
gurent Antigone.
Une pièce que l'ambi
guïté des réponses proposées
par
Anouilh plaça d'emblée, malgré le suc
cès remporté,
au cœur d'une polémi
que, la censure des occupants alle
mands ayant autorisé la représentation
après avoir lu, semble-t-il, la victoire
finale de Créon comme
une justifica
tion de l'ordre.
Au lever du rideau, le Prologue présente au public les personnages qui vont interpréter la pièce en décrivant à grands traits leur caractère ; ils sont onze en tout qui s'éclipsent au fur et à mesure pour laisser la scène vide.
La tragédie
peut commencer.
La nourrice, scandalisée, surprend Antigone
qui au petit matin rentre subrepticement au palais.
La jeune fille rassure la vieille femme et inquiète sa sœur Ismène par sa détermination
d'aller enterrer leur frère Polynice mort dans un combat fratricide contre Étéocle, et cela, malgré
l'interdiction de Créon qui promet la mort à celui qui enfreindrait ses ordres.
Après s'être réconfor
tée auprès de la nourrice, Antigone reçoit son fiancé Hémon, ftls de Créon et d'Eurydice, et lui annonce, après lui avoir fait jurer de ne pas la questionner, qu'elle ne pourra pas l'épouser.
À Ismène revenue, Antigone avoue alors qu'elle est allée, pendant la nuit, enterrer son frère.
Les deux jeunes filles une fois sorties, arrivent Créon
et un garde.
Ce dernier annonce à Créon que
quelqu'un a recouvert le cadavre de terre.
Dans un premier mouvement, Créon, en voulant gar
der la chose secrète, tente d'éviter le scandale.
Arrive alors le chœur qui entame des réflexions
sur la tragédie, puis Antigone, menottes aux poi gnets, qui vient de se faire surprendre par les gardes en train de terminer son travail de la nuit Créon, de retour, découvre, stupéfait, une Anti
gone dans les fers et qui avoue son crime.
Suit
une longue entrevue pendant laquelle Créon va tout tenter pour sauver Antigone : successive ment, il cherchera à étouffer l'affaire, mais Anti
gone affirme vouloir recommencer; à minimiser ce qu'il considère comme une étourderie
d'enfant, mais Antigone lui oppose qu'elle a agi en toute connaissance et en toute lucidité ; à lui prouver que les rites imposés par les dieux ne signifient plus grand-chose, mais Antigone lui
rétorque qu'elle ne l'a fait que pour elle, affirmant ainsi sa propre liberté ; à lui expliquer comment
on gouverne un État et les raisons qui président
aux choix, mais alors Antigone fait la sourde oreille ; à lui montrer enfin, en lui dévoilant toute
l'histoire, l'indignité des deux frères.
Cette fois
Antigone est prête à céder quand Créon, voulant
parfaire sa victoire a un mot de trop, un mot malheureux, celui de « bonheur».
Antigone alors se rebiffe et ne sortira plus de sa logique butée,
même devant sa sœur Ismène revenue et qui
demande aussi la palme du martyre.
Créon,
excédé par les provocations et les insolences
d'Antigone, finit par appeler ses gardes.
Le chœur
fait alors des reproches à Créon qui doit aussi faire face à la révolte désespérée d'Hémon.
On verra encore Antigone dicter à un garde une let
tre pour Hémon, dans laquelle elle avoue ne plus savoir pourquoi elle meurt.
On vient la chercher pour l'exécution de la sentence.
C'est le messa ger qui racontera sa mort.
Enterrée vivante dans un tombeau, Antigone, au lieu d'attendre la mort,
a choisi de se pendre et Hémon, qui l'avait
accompagnée, s'est jeté sur son épée.
À l'annonce de la mort de son fils, Eurydice, en silence, s'est aussi tranquillement coupé la gorge.
Créon, resté seul avec son petit page, se rend au Conseil pendant que les gardes continuent à jouer aux cartes.
La liberté de construction de la pièce
sert
en fait le propos général.
On
enferme mal une interrogation sur le
destin de l'homme dans un carcan trop.
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