ANGELO de Jean Giono (fiche de lecture)
Publié le 15/10/2018
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ANGELO. Roman de Jean Giono (1895-1970), publié à Paris en feuilleton dans la Nouvelle Revue française de juillet à novembre 1953, et en volume chez Gallimard en 1958.
Selon l'ordre chronologique de la composition, Angelo est le premier roman du « cycle du Hussard » - l'expression est de Giono - qui comprend en outre Mort d'un personnage (1948), le Hussard sur le toit, le Bonheur fou (1957) et les Récits de la demi-brigade (1972). Cet ordre ne correspond pas à celui de l'action romanesque, car ce n'est que peu à peu que Giono met au point un système balzacien de retour des personnages et élabore le projet d'une œuvre cyclique qui, si elle avait été menée à terme, aurait comporté dix livres. D'un roman à l'autre, une histoire plus vaste se tisse, discontinue et parfois contradictoire.
D'après la Préface d'Angelo de 1958, « ce texte est [...] un simple rapport de laboratoire » ; « écrit en quatre ou cinq jours », il est une esquisse préliminaire du personnage qui deviendra plus tard le héros du Hussard sur le toit De telles affirmations sont en fait destinées à justifier la parution, postérieure à celle de ce dernier grand roman, d'un texte certes moins abouti. Angelo est cependant conçu comme un roman à part entière lorsque Giono le rédige en 1945 et s'y consacre plus longuement qu'il ne le prétendra ensuite (du printemps à l'automne). Il est vrai que, durant cette période, les conditions de vie de l'écrivain, qui a assisté à la fin de l'expérience humaine et littéraire du Contadour et a été emprisonné en 1939 puis de nouveau en 1945, ne sont guère propices à l'éclosion d'une œuvre maîtresse.
Après avoir tué le baron Schwartz, le jeune et noble carbonaro Angelo se réfugie en France. Il voyage en compagnie de la vieille marquise Céline de Théus qu’il aide à échapper à une
«
puis trop à dr o ite.
Dé taché du carbo na risme, dont il a pourtant par tag é la
l utte, puis proche
du légitimiste Lau
rent de Théus sans pour autant partici
per à son action, Angelo reste à l'éca rt,
t o
ut à la fois heureux de sa liberté et
miné par le désœ uv rement.
No urri de la figure du grand-père de
Gio
no et de ce lle de Fabric e, le héros
d e
la *Chartreu se de Parme, Angelo est en quête d'un bonheur qui ne saurait
rési der que dans
un total d on de soi :
il importe de ne pas être " avar e de so i
m ê me,.
(chap .
9), quel que soit l'objet
de cette dépense passio
nn ée.
Ainsi,
Angelo n'hésite jamais à mettr e sa vie
en pé ril : il a par exemple offe rt un duel au baron Schwa rtz au lieu de
J 'exé cuter comme prévu, ce que se s
ca marades peuvent d'aille urs
diffici
lem ent comprendre, voire admettre.
Le dévouement à un e cause politique
e t l'amour sont autant d'ob jets poss i
b le s d 'une pleine et heureuse réalis a
tion de soi dont les troi s romans du
cycle consa crés à Angelo - Angelo, le Hussard sur le toit et le Bonh e ur fou -
offrent cepen dan t une ima ge précaire
e t proviso ir e.
Les dénouements lai ssent
tou jour s en suspens le destin du per
sonn age, sans cesse voué à la co nquête
et au dépa sse ment de lui- même.
Ainsi,
Angelo et Pauline connaissent
un ins
tant de rée lle et chas te plé nitude :
" Alors, dit Pauline, que voule .z-vous
entreprendre
d'aut re que ce qu e nous
avons déjà réussi ce soir même ?
Si c'est
b ien ce que vous cherclùez?
-Sur mon
âme, dit Angelo, je ne désire rien
d'autre , (chap.
10).
Peu après, toute
fois, le charme est rompu par le retour
d e Laurent de
Th éus et le r oman se ter
mine sur le départ d' An gelo pour une
destination
et une dur ée indétermi
nées, en som me pour une destinée
inconnue.
Le " cycle du Hu ssard " participe
d 'une volonté de " critique des temp s
modernes,.
(carnets de 1945),
c'est-à-
dire se pro pose de « peindre le roma nesque et les pa ssio ns à des hommes
qui n
'ont plus que des passions sans
roma nes que "· Alo rs qu e «les ê tres
d'aujo urd'hui sont devenus impropre s
a ux gran des passions
,., il s'aglt de
montrer,
par l 'exe mple d'Angelo,
"qu' il y a en tout temps un certain
no mbr e d'êtres des tinés aux grands
am our s,.
(ibid.).
Profondément indivi
dualiste, le tex te d 'A ngelo ne parvient
pa s toujours à con férer à son
person nage, tant par les actio ns que par la
p sycho logie, une
ép aiss eur convain
cante et susc eptib le de rache te r un ce r
tai n élitisme superficie l vers le qu e l il
lu i arrive de glisser.
L'imme rsion dans
l 'é pid ém ie de cho léra, idée de gé nie
fondatrice du Hussa rd sur le toit, don
nera au perso nn age une plus grande
enve rgure..
»
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