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Andromaque de Jean Racine (fiche de lecture)

Publié le 15/10/2018

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andromaque
Andromaque. Tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine (1639-1699), créée à Paris au théâtre de l'hôtel de Bourgogne en 1667, et publiée à Paris chez Girard en 1668.
 
Troisième pièce de Racine, cette tragédie marque le véritable point de départ de sa carrière. Il s'y inspire essentiellement de l'Énéide, de l'Andromaque d'Euripide, de la Troade de Sénèque, probablement aussi du sixième livre de l‘Iliade et de certaines pages de Darès. Le succès fut immense mais les critiques fusèrent et, dès mal 1668, Molière joua la Folle Querelle de Subligny qui prétendait pointer les défauts de la pièce. Andromaque surmonta ces attaques et reste, aujourd'hui encore, la pièce la plus appréciée de Racine. Les recherches des metteurs en scène contemporains témoignent de cette vitalité : notamment celle de D. Mesguich (1975) ou celle de J.-P. Roussillon (1974) qui mettaient à mal les représentations traditionnelles de la pièce, ou encore celle Pierre Dux qui, en 1964, proposait une mise en scène plus respectueuse de la tradition dans laquelle tout accentuait les aspects conventionnels pour mieux souligner la fameuse « chaîne des amours ». L'actualité d'Andromaque provient sans doute de la nouvelle manière de traiter la tragédie que

andromaque

« Racine y faisait voir, à laquelle s'ajou­ tent des thèmes- exclusivité de la pas­ sion et de la folie -souvent privilégiés par le spectateur du xxe siècle.

Oreste, le fils d'Agamemnon, est envoyé par les Grecs à Buthrote pour demander à Pyrrhus, roi d'Épire, qu'il lui livre Astyanax, le fils de sa captive troyenne Andromaque.

Or Pyrrhus aime Andromaque et délaisse sa fiancée Hermione, fille d'Hélène.

Pour Oreste, qui n'a cessé d'aimer en vain Hermione, l'espoir renaît.

Pyrrhus s'est opposé à la demande d'Oreste, mais exige d'Andromaque, pour prix de la sécurité de son fils, qu'elle l'épouse (Acte 1).

Hermione, à qui Oreste est venu déclarer la constance de son amour, le repousse, et, piquée du refus de Pyr­ rhus, demande à Oreste de renouveler sa requête.

Pyrrhus a réfléchi et accepte de livrer Astyanax (Acte Il).

Oreste, voyant son espoir s'évanouir avec cette décision qui semble éloi­ gner Pyrrhus d'Andromaque, projette d'enlever Hermione.

Son ami Pylade l'y aidera.

Hermione triomphe et éconduit Andromaque venue lui demander de sauver son fils.

Celle-ci supplie alors Pyrrhus, qui renouvelle son ultimatum.

Elle va se recueillir sur le tombeau de son époux Hector (Acte !Il).

Elle se décide à épouser Pyr­ rhus mais se tuera juste après la cérémonie : Astyanax sera alors sauvé.

Hermione, bafouée par Pyrrhus, exige d'Oreste comme preuve d'amour qu'il le tue (Acte IV).

Oreste vient annoncer la mort de Pyrrhus à Hermione.

Loin de lui accorder sa main, furieuse, elle le chasse et se suicide.

L'apprenant, Oreste devient fou, lais­ sant Andromaque prendre le royaume en main (Acte V).

Avec Andromaque, Racine donne la mesure d'un talent original que ses piè­ ces précédentes n'avaient pas pleine­ ment révélé.

En effet, cette pièce cor­ respond à une rupture dans la conception du tragique jusqu'alors dominante, essentiellement illustrée par Corneille.

On reprocha à Racine la brutalité de Pyrrhus, dont l'attitude à l'égard d'Hermione n'est pas celle d'un honnête homme (il ne tient pas sa pro­ messe de l'épouser).

Ces critiques eurent un écho réel auprès du public de l'époque comme en témoigne le succès de la parodie par Subligny.

Racine a beau se défendre dans sa Pré­ face, les doctes avaient senti combien sa pièce s'éloignait de la tradition che­ valeresque dont elle détruisait les valeurs.

On peut considérer que le tra­ gique s'y déplace selon deux grands axes.

Le premier se nourrit encore d'éléments traditionnels : fidélité à toute épreuve d'Oreste envers Her­ mione, qui peut aller jusqu'à l'abaisse­ ment de soi par le meurtre ; mise en balance de l'intérêt des Grecs et de l'amour voué par Pyrrhus à Androma­ que.

Mais un déplacement s'opère dans la mesure où ces éléments sont enta­ chés d'impureté : Oreste ne tuera pas Pyrrhus dans un combat singulier et ne fera qu'ajouter son coup meurtrier à ceux des autres.

Son geste est sans gloire.

Et si sa folie qui éclate lors du dénouement peut le rendre tragique, ce tragique le dégage de toute référence à un ordre social que la folie ne lui per­ met plus d'appréhender.

Elle le libère d'une représentation du monde à laquelle il n'a pu s'intégrer (ses vains efforts pour oublier Hermione par le sacrifice de soi en témoignent, 1, 1 et Il, 2).

La folie est un dénouement par la fuite.

Un lecteur du xxe siècle y est particulièrement sensible, peut-être parce qu'elle est devenue à ses yeux la seule réponse possible à l'inadéquation au monde quand les valeurs s'effritent.

Oreste fou, c'est la tradition chevale­ resque qui s'achève en refusant au moi la tragédie d'un déchirement entre des valeurs de poids égal.

Le personnage d'Oreste constitue la figure emblémati­ que de la fin d'un monde héroïque qui emporte avec elle une certaine forme du tragique.

Parallèlement, et il s'agit du second axe selon lequel s'opère le déplace­ ment du tragique, on remarque la nais­ sance d'une force transcendante au monde des hommes, figurée par le tombeau d'Hector.

Le. »

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