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analyse robert merle la mort est mon metier

Publié le 24/02/2022

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« La mort est mon métier – Robert Merle Une découverte poignante et glaçante. Tout au long du roman, nous suivons la vie de Rudolf Lang (inspiré du véritable Rudolf Höss et de sa biographie) de 1913 à 1945 et nous la voyons prendre petit à petit un tournant effroyable.

C’est un livre très sombre qui nous fait glisser dans les coulisses de l’horreur en nous présentant la création et toute l’organisation que nécessite l’installation des chambres à gaz et fours crématoires dans le camp d’Auschwitz.

Rudolf va passer d’enfant tyrannisé par son père à fermier sous la coupe d’un riche membre du parti national-socialiste puis monter les échelons jusqu’à être chargé de la mise en place de la solution finale dans le camp d’Auschwitz-Birkenau.

On se retrouve face à un personnage déroutant, à la fois froid, sans cœur mais aussi désespéré et détruit dès sa plus tendre enfance.

La narration à la première personne du singulier nous fait entrer dans la logique d’une pensée monstrueuse et inhumaine.

Mais la véritable question est : estil vraiment monstrueux et inhumain ? Ce que veut démontrer Robert Merle à travers le roman me fait fortement penser à la réflexion de….

En effet, tout l’enjeu de La mort est mon métier est de montrer comment une personne, qui pourrait être n’importe qui, est capable de participer plus ou moins activement à un système meurtrier.

Rudolf se tourne vers le nazisme dans un élan de désespoir et se retrouve pris dans un engrenage sans issu.

Le lecteur perd, au fil de la lecture, la distance qu’il avait au début avec ce personnage et l’on découvre avec effroi que, pendant un court instant, nous avons peur que le personnage n’arrive pas à mettre en place les camps en temps et en heure, tant il risque sa vie et tant la pression qui pèse sur ses épaules est insupportable. Toutes les actions du personnage principal sont guidées par un seul et unique principe : obéir aux ordres.

Ayant été élevé par un père autoritaire et menaçant, Rudolf recherche toute sa vie une autorité pour le remplacer et lui donner des ordres : ce sera l’armée puis Hitler par l’intermédiaire d’Himmler.

Mais n’y a-t-il pas une limite morale à partir de laquelle il devient nécessaire de désobéir aux ordres ? Pour lui, cela est impensable, même lorsque les ordres exigent de mettre en place des chambres à gaz devant être de plus en plus efficaces.

Tel un bon ouvrier, il rentre dans une logique d’optimisation des camps dont il s’occupe, avec pour objectif de faire toujours plus de rendement.

Tout comme Eichmann le clame lors de son procès, le personnage principal déclare qu’il n’a fait qu’obéir aux règles et que la responsabilité de toutes ces morts innocentes revient seulement à la personne qui donne les ordres. Il finit par agir froidement et mécaniquement en mettant sa conscience de côté.

Le véritable Rudolf Höss déclarera d’ailleurs lors de son procès : « Au début, j’éprouvais une impression pénible.

Puis, peu à peu, j’ai perdu toute sensibilité.

Je crois que c’était nécessaire : sans cela, je n’aurai pas pu continuer.

Vous comprenez, je pensais aux Juifs en termes d’unités, jamais en termes d’êtres humains.

Je me concentrais sur le côté technique de ma tâche ».

C’est tout ce mécanisme psychique que Robert Merle tente de déconstruire et de présenter dans sa totalité à travers la vie de son personnage.

Rudolf est pris dans un effet de groupe qui ne lui permet pas d’avoir du recul sur ce. »

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