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Analyse Linéaire - Primo Levi: Si c'est un homme

Publié le 10/09/2018

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primo levi

Par ailleurs, l'auteur raconte son écriture comme une douleur : par mot \"violence\" mais aussi par l'homophonie \"impulsion\" \"immédiate\" \"impérieuse\" et, plus qu'à une douleur cela fait penser à une vague qui submerge, à un sursaut d'énergie que l'auteur n'aurait pu retenir et il met son écriture au même titre que les \"autres besoins élémentaires\". Elle est donc vitale, et le sauve donc car grâce à elle il accède à une \"liberation intérieure\". Après avoir vécu deux ans enfermé dans la misère, le froid, la boue, il lui devient nécessaire de se purger de ses souvenir, de ce qu'il sait, de ce qu'il a vu. Il a besoin de témoigner et d'essayer de sauver les autres de ce danger qui plane sur nous avant tout pour se sauver lui même. Il évoque alors la composition de ses chapitres, rédigés \"par ordre d'urgence\". L'écriture est alors encore donnée à voir comme un flot qui aurait nécessairement besoin de sortir pour le soulager et le sauver, le libérer pour lui donner la possibilité de recommencer une vie après la guerre. S'il se précipite pour écrire c'est sûrement aussi pour sortir de se labyrinthe de la souffrance dans lequel il se trouve. Ainsi, après seulement cette étpae de catharsis, il peut construire son autobiographie, mais, et il conclu ce paragraphe là dessus cela \"n'est intervenu qu'après\".  La conclusion de cette préface tombe alors lourdement. Ce n'est qu'une phrase, c'est un paragraphe à elle seule. Elle est posée comme une évidence, selon l'auteur cela \"semble inutile\" et pourtant il le précise quand même. Pourquoi ? Il clot ainsi d'une certaine façon le pacte d'autobiographie qu'il avait commencé à établir avec l'utilisation du \"je\" en début de préface et achève même en signant de son nom pour plus d'authenticité. Bien sûr qu'\"aucun des faits n'y est inventé\". Il y a derrière la démarche de cette oeuvre le besoin de la vérité et de témoigner pour sauver les autres et se sauver et cela ne peut se passer qu'au travers de souvenirs réels, de son vécu, de ce qui lui suivra tout le reste de sa vie.

 

        Afin de conclure, nous parlerons ici simplement du fait qu'après une expérience aussi traumatisante que celle des camps d'extérmination il est naturel de faire face à un blocage, une nécessité. Certains ont évacu l'horreur de ce qu'ils ont vécu par le silence, refusant de parler ou d'évoquer le moindre souvenir, d'autres tels que Primo Lévi se sont tournés vers l'écriture. L'auteur a tout d'abord la chance de pouvoir se confier car il fait parti des survivants : au camp de Belzec, pour 500 000 morts il y a eu deux survivants seulement. Ainsi, après nous avoir démontré sa chance de par des statistiques déshumanisantes il nous alarme sur les conséquences qu'ont eu l'idée simpliste : \"l'étranger c'est l'ennemi\" avant de nous montrer son ambition de donner à voir ce qu'étaient les camps d'extermination d'un point de vue presque scientifique, dépourvu de sentiments. Finalement nous pouvons entrevoir la fonction salvatrice de son roman, qui, de part l'écriture lui offre la possibilité de délivrer un message, de ce qui était devenu obsédant pour lui alors qu'il n'était alors pas encore sûr de pouvoir sortir de l'enfer. Il en va de même pour Pelagia Lewinska, femme résistante polonaise qui a ressenti également se besoin de témoigner de son expérience à elle au sein d'Auschwitz.

primo levi

« montrer cette question et en faire le tableau que l'auteur a témoigné. En effet, Primo Levi l'annonce "je ne l'ai pas écrit dans le but d'annoncer de nouveaux chefs d'accusation".

Son récit a donc une finalité, un point visé, une cible, celle de "fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine".

Tout d'abord, l'auteur parle de "documents" : il fait oeuvre d'écrivain mais pas dans un soucis d'esthétique.

Il veut montrer, il veut comprendre et essayer de se rapprocher d'un point de vue objectif comme le montre le mot "dépassionnée".

Il avait d'ailleurs déjà rédigé un rapport sur les camps pour les alliés à la libération.

Il relate ainsi l'histoire qu'il a vécu en taisant les ressentiments et la haine. Par ailleurs, l'auteur dit bien vouloir étudier "l'âme humaine" : ce sont des hommes qui ont commis ces actes, ce sont des hommes qui ont pensé et mis à exécution ce massacre.

Primo Levi nous englobe alors tous - et lui même également - avec le sujet "beaucoup d'entre nous".

Ainsi il nous implique dans ce qu'il va dire et nous oblige à nous sentir concerné en élargissant encore "individus ou peuples" qu'il soumet tous, ils "sont à la merci de cette idée".

Cette affirmation donne l'impression d'une difficulté de se sortir de cet idée qui est alors vue comme un axiome, un conditionnement.

Et quelle idée ? Celle que "l'étranger c'est l'ennemi".

La phrase est brève, incisive.

Il juge par ailleurs cette pensée, il la voit comme une "conviction" qui "sommeille dans les esprits", mais surtout comme une "infection".

Cela renvoie immédiatement à quelque chose qui se propage, à bien entendu une pensée négative comme une mauvaise herbe qu'il faudrait arracher.

La phrase utilisée encore une fois est longue mais entrecoupée, hachée, ce qui donne un rythme à ses propos qui sont alors plus marqués et impactent le lecteur. Pourtant les résultats de cette infection ne sont rien :"actes isolés", "sans liens entre eux" jusqu'à ce que.

Le "dogme" désigne quelque chose de considéré d'inconstestable et c'est bien ce sur quoi s'est appuyée la doctrine nazie : une donnée promue comme certaine, intangible et alors imposée comme indiscutable.

Ici, Primo Levi juge et n'accuse pas mais propose la décomposition d'un système.

"au bout de la chaîne logique, il y a le Lager", et le Lager c'est aussi la mort : à la fin de cette chaine se trouvait donc l'extermination de masses.

A nouveau, un champ lexical nous permet d'identifier l'horreur que l'auteur veut passer dans ses propos : "chaine", "Lager", "extrême", "conséquences", "menace".

Nous pouvons même préciser que Lager est devenu pour lui un nom propre alors que c'est un nom commun allemand mais, de part sa nationalité italienne, il ne comprend rien en arrivant au camp, au Lager donc, et doit se débrouiller comme il peut pour saisir ce qu'on lui dit et s'intégrer à la vie commune là-bas.

Ce mot est donc l'un de ceux qui lui est resté. Ensuite, le terme employé "extrême" pourrait par ailleurs être hyperbolique mais, avec autant de millions de morts, le mot devient simplement adéquate.

Cette "cohérence rigoureuse" nous parle ainsi à la fois d'un dogme et de l'entreprise qui s'est alors mise en place, jusqu'à nécessité la création d'architectures de l'exterminations et Primo Levi nous montre ainsi son but : si lui veut parler de cette conception et de ces menaces c'est pour que les autres comprennent aussi.

Il donne à voir ce qu'il a vécu et formule ainsi son souhait avec un subjonctif "puisse" et enchaine avec une mise en garde.

De plus, si le signal d'alarme est "sinistre" c'est aussi qu'il arrive un peu tard.

Les signaux d'alarmes sont supposés retentir avant la catastrophe et non pas sonner la fin de ces camps d'extrermination dont il faisait partie et dont il a besoin de se purger. Primo Levi écrit ainsi comme pour retrouver la parole et se sert de l'écriture pour retrouver le moyen de s'exprimer.

Il s'adresse directement au lecteur qui doit impérativement exister pour que le livre vive.

L'auteur nous montre alors une écriture de l'urgence, quelque chose d'évident et de nécessaire, partie. »

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